Vessie hyperactive: un réel handicap à traiter

Envies pressantes, voire incontinence urinaire : en dehors de toute cause pathologique, une prise en charge progressive et hiérarchisée permet de venir à bout de l’hyperactivité vésicale, un trouble qui handicape le quotidien.

La rédaction Publié le 12/05/2025 à 14:00, mis à jour le 12/05/2025 à 14:00

Très handicapante au quotidien, l’hyperactivité de la vessie, se traduit par des envies pressantes, voire une incontinence urinaire. Elle concerne environ 15% de la population mais reste, pour beaucoup, taboue. "Il est pourtant important de consulter, insiste le Dr Olivier Alenda, urologue à la clinique des Fleurs à Ollioules (Var). D’une part pour éliminer une pathologie qui en serait la cause, d’autre part parce qu’il existe des solutions – parfois très simples! – pour en venir à bout."

Un réel handicap

Aussi fréquente chez l’homme que chez la femme, l’hyperactivité vésicale se traduit par une pollakiurie (des mictions fréquentes, au moins huit fois par jour), une urgenturie (envie pressante ou urgente) et une nycturie (un réveil par nuit minimum pour aller aux toilettes). "Ce n’est pas un trouble réservé aux patients âgés, il survient aussi des personnes jeunes, commente le spécialiste. Et il a un impact réel sur la vie sociale."

Le calendrier mictionnel

Pour évaluer le degré d’hyperactivité vésicale, il faut parfois réaliser un calendrier mictionnel permettant d’évaluer la fréquence des mictions, les quantités urinées, mais aussi les quantités et les types de liquides absorbés.

"Parfois, c’est une question d’hygiène de vie. En modifiant certains paramètres comportementaux – alimentaires par exemple – et en travaillant sur la réassurance du patient, tout rentre dans l’ordre!", rassure l’urologue,

Mais il faut d’abord être certain du diagnostic et éliminer toute cause pathologique.

Diagnostic: éliminer d’autres causes

Un syndrome obstructif de la prostate chez l’homme, un prolapsus chez la femme, une cystite (aiguë, interstitielle ou inflammatoire chronique), un trouble ou une maladie neurologique ou encore une tumeur de la vessie peuvent provoquer ce symptôme.

Ces causes potentielles éliminées, l’hyperactivité idiopathique – sans cause identifiée – peut être diagnostiquée. On parle aussi d’hyperactivité vésicale détrusorienne: "C’est en effet le détrusor, soit le muscle qui contrôle la vessie, est irrité pour différentes raisons et se contracte trop fort et trop souvent, provoquant l’envie d’uriner même si la vessie est peu remplie. Cela arrive plutôt chez des gens stressés et anxieux", constate le médecin.

Des traitements progressifs

Dans le cas précis d’une hyperactivité vésicale sans pathologie sous jacente, la prise en charge est très progressive.

"Avant d’envisager un traitement médicamenteux, on peut prendre des mesures d’hygiène de vie – à commencer par l’arrêt du tabac et la diminution de consommation de diurétiques comme le thé et le café – et comportementales: ne pas trop attendre mais ne pas non plus se précipiter aux toilettes. Des exercices de relaxation pour réduire le stress peuvent aider à régler le problème et une rééducation peut être utile. La stimulation électrique du nerf tibial postérieur – situé en dessous et au-dessus de la malléole interne – limite, au niveau du cortex, les messages de stimulation de la vessie. Des séances quotidiennes de 15 à 30 minutes pendant trois mois environ donnent de très bons résultats."

Si ces mesures simples ne suffisent pas, le médecin peut prescrire deux types de médicaments. "Un anticholinergique limite la contraction vésicale inopinée, mais il y a des effets secondaires non négligeables: sécheresse buccale, constipation, rétention urinaire, troubles cognitifs, prévient le spécialiste. Autre option: un bêta 3 agoniste qui agit sur le récepteur du détrusor, relâche la fibre musculaire et augmente la capacité vésicale, avec des effets secondaires limités."

En dernier recours

Si l’hyperactivité vésicale idiopathique résiste aux mesures et traitements médicaux, le bilan urodynamique devient indispensable. "L’examen nécessite la pose d’une sonde très fine, rassure l’urologue, il est complètement indolore."

Il va préciser le diagnostic et orienter vers le choix d’un traitement plusC.M. lourd. Première solution: des injections de botox par voie endoscopique, pour tétaniser le détrusor. "On augmente ainsi la capacité vésicale. L’effet dure environ douze mois, mais plus on recommence, moins ça fonctionne. Il y a par ailleurs, post-injections, un risque de rétention urinaire."

Autre option: la neuromodulation sacrée, possible en l’absence de tout trouble neurologique. "On place d’abord une électrode provisoire au niveau de la racine sacrée S3. Si c’est concluant, on introduit un boîtier qui fonctionne comme un pacemaker. Réglable, il permet de réguler la stimulation en fonction des symptômes."

Le Dr Alenda conclut en insistant sur l’importance de hiérarchiser les traitements. "Il faut avancer étape par étape, en prenant le temps de rassurer le patient."

Cas particulier

L’hydrodystension vésicale, une technique chirurgicale qui distend la vessie – quand sa capacité n’excède pas 150ml au lieu de 600ml environ – n’est pas une option pour les hyperactivités vésicales idiopathiques. "Elle est réservée à des cas très particuliers d’hyperactivité douloureuse comme la cystite interstitielle", précise l’urologue.

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