La mort d'un enfant de la rougeole relance la désinformation sur les vaccins au Royaume-Uni

Le ministre britannique de la Santé, Wes Streeting, a confirmé le 14 juillet la mort d'un enfant atteint de la rougeole à l'hôpital Alder Hey à Liverpool, dans le nord-ouest du pays, tandis qu'une vague de désinformation frappe le Royaume-Unis.

La rédaction avec AFP Publié le 21/07/2025 à 06:42, mis à jour le 21/07/2025 à 06:43

Le décès d'un enfant des suites de la rougeole a ravivé les appels des autorités sanitaires britanniques à faire vacciner les plus jeunes, au moment où le Royaume-Uni fait face à une vague de désinformation sur les vaccins provenant largement des Etats-Unis.

Maladie hautement contagieuse, la rougeole peut entraîner de graves complications. Elle est pourtant évitable grâce au vaccin ROR (rougeole, oreillons, rubéole) administré dès la petite enfance.

Fausses informations partagées par des influenceuses

Le ministre britannique de la Santé, Wes Streeting, a confirmé le 14 juillet la mort d'un enfant atteint de la rougeole à l'hôpital Alder Hey à Liverpool, dans le nord-ouest du pays.

Les autorités n'ont donné aucun détail sur les circonstances du décès. Toutefois, selon The Sunday Times, l'enfant souffrait d'une forme grave de la maladie, associée à d'autres problèmes de santé sérieux.

Peu après l'annonce, plusieurs figures du mouvement anti-vaccin ont diffusé sur les réseaux sociaux des affirmations non vérifiées au sujet du décès de l'enfant.

Parmi elles, Ellie Grey, une influenceuse britannique se présentant comme experte dans la santé, suivie par plus de 200.000 personnes sur Instagram. "La rougeole n'est pas cette maladie mortelle. (...) Ce n'est pas dangereux", a-t-elle affirmé dans une vidéo. Elle accuse l'hôpital Alder Hey de "manipuler les parents" et de les "pousser" à opter pour la vaccination.

Sa vidéo a été partagée par Kate Shemirani, une autre influenceuse britannique, ancienne infirmière qui a été radiée de l'ordre de cette profession. "Il n'y a pas de preuve que les vaccins sont sûrs et efficaces", a-t-elle affirmé à tort.

Les autorités locales tirent la sonnette d'alarme. Le directeur de la santé publique de Liverpool, Matthew Ashton, s'en est vivement pris à ceux qui "propagent de la désinformation".

Dans une vidéo s'adressant aux habitants de Liverpool, il a rappelé que "la rougeole est un virus très dangereux" et que la vaccination reste le meilleur moyen de "se protéger soi-même ainsi que ses proches". L'hôpital Alder Hey a indiqué avoir soigné 17 enfants atteints de la rougeole depuis juin.

La célèbre légende du vaccin déclenchant l'autisme

Dans une vidéo diffusée en ligne, le Dr Andrew McArdle, spécialiste des maladies infectieuses pédiatriques, s'attaque à plusieurs "légendes" autour de la rougeole, notamment celle selon laquelle le vaccin déclencherait l'autisme.

Cette affirmation infondée provient d'une étude publiée en 1998 par le médecin britannique Andrew Wakefield, depuis largement discréditée. Il a été radié de l'ordre des médecins. Mais cette étude a provoqué une chute importante des taux de vaccination à l'échelle internationale.

Pour Benjamin Kasstan-Dabush, anthropologue spécialisé dans la santé à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, l'influence d'Andrew Wakefield se fait encore sentir aujourd'hui.

En s'entretenant avec des parents à Manchester et dans d'autres régions d'Angleterre, il a constaté que les retards dans la vaccination des enfants s'expliquaient par plusieurs facteurs, dont la difficulté à obtenir des rendez-vous mais aussi la désinformation.

"Nous avons affaire aujourd'hui à une autre génération de parents, qui sont exposés à l'héritage de Wakefield via les réseaux sociaux, et bien sûr à travers la figure de Kennedy", a-t-il expliqué à l'AFP.

L'influence néfaste des Etats-Unis

Le président américain Donald Trump a nommé ministre de la Santé Robert Kennedy Jr, malgré son soutien à de théories complotistes anti-vaccins.

Aux Etats-Unis, "la désinformation est produite au plus haut niveau de l'administration Trump", accuse Benjamin Kasstan-Dabush. "Elle circule ensuite à travers internet".

Face à la vague de désinformation, l'Agence britannique de sécurité sanitaire (UKHSA) a renforcé sa communication sur les vaccins sur les réseaux sociaux ces dernières semaines, a indiqué un porte-parole.

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le taux de vaccination contre la rougeole doit atteindre 95% pour assurer une immunité collective.

À Liverpool, le taux de couverture pour les deux doses est d'environ 74%, selon Matthew Ashton, tandis que la moyenne nationale s'élève à 84%.

L'OMS a prévenu que la désinformation représente une menace après des décennies de progrès en matière de santé publique. L'Europe a enregistré l'année dernière le plus grand nombre de cas de rougeole depuis plus de 25 ans.

Les États-Unis traversent leur pire épidémie en plus de 30 ans. Le Canada, qui avait officiellement éradiqué la rougeole en 1998, a déjà recensé plus de 3.500 cas cette année.

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