Infections à méningocoque: le vaccin en première ligne

Face à une flambée inédite des infections à méningocoques, les autorités sanitaires tirent la sonnette d’alarme et renforcent la prévention dès le plus jeune âge.

Stéphanie Wiélé Publié le 26/05/2025 à 15:00, mis à jour le 26/05/2025 à 15:22
"La vaccination est la seule prévention efficace contre ces infections imprévisibles et graves", explique le Dr Hervé Haas (en médaillon). Photos istock et C. D.

Chaque année, environ 500 personnes sont victimes d’infections invasives à méningocoque (IIM) dans l’Hexagone. Cette maladie, provoquée par la bactérie Neisseria meningitidis, peut entraîner une méningite – inflammation des membranes entourant le cerveau et la moelle épinière – ou encore une septicémie, infection grave du sang.

Redoutée pour sa brutalité, elle tue 1 patient sur 10 et laisse de lourdes séquelles chez 1/4 des patients. Après une nette diminution pendant la pandémie de Covid-19, principalement grâce aux mesures barrières, les infections sont reparties à la hausse dès 2022. En 2024, 616 cas d’infection ont été déclarés (+10% par rapport à 2023), soit le nombre annuel de cas le plus élevé depuis 2010, et la tendance s’est confirmée en début d’année 2025 avec un nouveau pic. Le Dr Hervé Haas, pédiatre infectiologue au CHU de Nice et président du Groupe de Pathologie Infectieuse Pédiatrique (GPIP), nous aide à mieux comprendre la situation.

Pourquoi une telle augmentation des IIM?

Tout d’abord, la reprise des interactions sociales a favorisé la circulation des bactéries. Mais l’un des éléments majeurs reste l’épidémie de grippe exceptionnelle qui a frappé la France cet hiver. Contrairement aux années précédentes, trois virus grippaux – deux souches du virus A et le virus B – ont circulé simultanément. Cette situation a fragilisé les muqueuses respiratoires de nombreuses personnes, les rendant plus vulnérables aux infections à méningocoques. De plus, la couverture vaccinale contre la grippe a été particulièrement faible.

Quelles sont les souches concernées?

En France, il y en a quatre: B, C, W et Y. La vaccination contre le sérogroupe C a permis de quasi éliminer ce dernier chez les nourrissons. Le sérogroupe B reste majoritaire (environ 50% des cas), tandis que les sérogroupes W et Y, autrefois rares, représentent désormais presque l’autre moitié des infections, conséquence directe de l’augmentation des échanges internationaux.

Quelles sont les populations les plus exposées?

Les nourrissons de moins d’un an, les jeunes enfants, et les 15- 24 ans sont particulièrement touchés. Cette vulnérabilité s’explique, chez les plus petits, par un système immunitaire encore immature, qui ne leur permet pas de se défendre efficacement contre certaines bactéries comme le méningocoque.

Chez les adolescents et les jeunes adultes, c’est surtout leur mode de vie, en collectivité (écoles, internats, soirées, festivals), qui les expose davantage. Ils jouent un rôle clé dans la transmission de la bactérie: ils peuvent en être porteurs sains, c’est-à-dire l’héberger dans leur gorge sans développer de symptômes, et la transmettre à leur entourage, notamment aux personnes les plus fragiles.

Aussi la vaccination est-elle essentielle…?

Absolument. Elle est la seule prévention efficace contre ces infections imprévisibles et graves, c’est pourquoi elle a été renforcée et étendue depuis janvier 2025 (lire encadré). Les antibiotiques, bien qu’indispensables, ne suffisent malheureusement pas toujours : la bactérie peut déclencher une réaction inflammatoire fulgurante, orchestrée par la libération de cytokines (de petites protéines qui coordonnent la réponse immunitaire).

Cette réaction peut devenir incontrôlable et provoquer des complications graves, voire entraîner le décès, parfois avant même que les antibiotiques aient eu le temps d’agir. De plus, la méningite à méningocoque est difficile à diagnostiquer rapidement, car ses premiers symptômes – fièvre, maux de tête – ressemblent à ceux d’une simple grippe ou d’une gastro-entérite. Cela retarde souvent la prise en charge.

La vaccination contre la souche B, forme la plus courante d’IIM, est fortement recommandée chez les ados et les jeunes adultes, sachant qu’ils sont les principaux porteurs (et vecteurs) de cette bactérie. Mais elle n’est pas obligatoire. Pourquoi ?

D’une part, ce vaccin ne remplit pas les critères d’une obligation vaccinale, qui exige une protection à la fois individuelle et collective en limitant la transmission; la vaccination contre le méningocoque B protège uniquement la personne vaccinée sans empêcher la propagation de la bactérie.

D’autre part, instaurer une telle obligation chez les adolescents reste compliqué. Contrairement aux jeunes enfants, pour lesquels le suivi est facilité lors de l’entrée en collectivité (école, crèche), il est plus difficile de vérifier la couverture chez les plus âgés. Enfin, la tradition française d’hésitation face aux obligations vaccinales incite les autorités à avancer avec prudence. C’est pourquoi, la stratégie actuelle privilégie l’information, afin que les jeunes et leurs familles puissent faire un choix éclairé.

Qu’en est-il des personnes âgées?

La vaccination contre le méningocoque n’est pas remboursée pour les plus de 65 ans, mais cela pourrait évoluer si l’on confirme qu’ils constituent un groupe à risque, comme plusieurs signaux le laissent penser. Les dernières données montrent qu’elles sont autant touchées que les jeunes adultes, avec un taux d’incidence similaire.

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