Lorsqu’il est question de protection solaire, la plupart des consommateurs se fient au SPF (Sun Protection Factor), un indice bien connu qui mesure le niveau de protection contre les coups de soleil. "Il concerne les UVB, mais ne reflète en rien la capacité d’un produit à protéger des UVA. Or, ce sont surtout les UVA, et en particulier les UVA longs, qui posent problème à long terme. Moins connus du grand public, ils jouent pourtant un rôle central dans de nombreuses affections cutanées, allant du vieillissement prématuré aux cancers de la peau les plus graves", alerte le Pr Thierry Passeron, chef du service de dermatologie du CHU de Nice.
Un impact profond et sous-estimé
Les rayons UVA, contrairement aux UVB, pénètrent en effet plus profondément dans la peau. "Là où les UVB s’arrêtent à plus de 90% à la surface, provoquant notamment les coups de soleil, les UVA, eux, traversent les couches de l’épiderme jusqu’au derme, impactant durablement les cellules cutanées. Leur rôle clef dans le développement des mélanomes est aujourd’hui bien connu."
Mais leur effet ne s’arrête pas là: ils sont également en cause dans 80% des cas de photosensibilisation médicamenteuse, dans plusieurs maladies dermatologiques comme le lupus ou certaines photodermatoses (affections de la peau survenant dans les suites d’une exposition solaire), mais aussi dans les troubles de la pigmentation, et dans le vieillissement prématuré de la peau, causant rides, perte de fermeté et taches brunes.
Présents même par temps couvert
"Même s’ils varient aussi dans l’année et la journée, les UVA sont présents de façon beaucoup plus constante que les UVB. Ils sont présents même par temps couvert, et passent à travers les nuages, les fenêtres, les pare-brise… met en garde le dermatologue. On y est exposé en permanence, souvent sans s’en rendre compte."
Depuis quelques années, la réglementation européenne impose la présence d’un logo UVA (un cercle avec les lettres "UVA") sur les crèmes vendues sur le marché. "Mais ce logo ne garantit qu’un minimum de protection UVA, équivalant à un tiers de la protection UVB. Une crème affichant un SPF 50 peut donc n’avoir qu’un facteur de protection UVA de 16 ou 17, ce qui est souvent insuffisant, selon les problèmes de peau que l’on a. Il est donc essentiel de se tourner vers des crèmes indiquant clairement leur indice UVA-PF (UVA Protection Factor), même si celui-ci est rarement mis en avant."
Faut-il dès lors une crème solaire pour tout le monde, toute l’année?
Oui… mais à adapter, selon le spécialiste. "En hiver, ou lorsque l’on reste principalement à l’intérieur, une protection UVB élevée n’est pas nécessaire. En revanche, il est fortement conseillé de choisir une crème de jour avec une bonne protection UVA, y compris en l’absence d’exposition directe, surtout si l’on veut se prévenir du vieillissement cutané, ou si on présente des troubles de la pigmentation, des dermatoses ou encore si on est traité avec des médicaments qui sensibilisent la peau aux UVA."
Quelle est leur source?
Les UVA longs proviennent du rayonnement solaire.
Environ 95% des UV qui atteignent la surface terrestre sont des UVA, dont une majorité d’UVA longs. Contrairement aux UVB, les UVA longs ne sont pas filtrés par l’atmosphère, les nuages ou le verre.
Ils sont également très présents dans certaines lampes artificielles (cabines de bronzage, certaines lumières LED ou halogènes) et dans des expositions professionnelles.
Sensibilité universelle
Une idée reçue largement répandue est que les personnes à peau noire ou très foncée n’ont pas (autant) besoin de crème solaire. "Certes, leur peau est naturellement plus résistante aux UVB et donc aux coups de soleil. En revanche, face aux UVA, nous sommes tous égaux. Le photovieillissement, les effets sur l’ADN et les dommages cellulaires causés par les UVA touchent tous les types de peau, y compris les plus foncés. C’est un fait encore méconnu, même parmi les professionnels de santé."
Quant aux populations asiatiques, elles présentent naturellement un risque plus faible de cancer cutané, notamment grâce à une meilleure capacité de réparation de l’ADN et un type de mélanine plus protecteur. "Néanmoins, elles sont particulièrement sensibles à l’hyperpigmentation, ce qui explique leur rigueur en matière de photoprotection contre les UVA."
commentaires