Un dispositif implantable, pas plus grand qu’une pièce de 1 euro, et capable de mesurer la pression dans l’artère pulmonaire (qui relie le cœur au poumon).
Une innovation technologique (système CardioMEMS HF) dont le Pr Athul Pathak, chef du service de cardiologie du Centre hospitalier Princesse-Grace (CHPG) à Monaco, a fait bénéficier un premier patient, un Mentonnais âgé de 66 ans, atteint d’insuffisance cardiaque et en attente de transplantation cardiaque.
"Réalisée sous anesthésie légère, en collaboration avec le Dr Benhenda, l’intervention a duré une heure, commente le spécialiste. Progressivement, ce temps pourrait être réduit à 30 minutes et l’acte (non chirurgical) réalisé en ambulatoire si l’état de santé du patient le permet."
S’il s’agit d’une première dans la région, le système pourrait bénéficier à terme à bien d’autres malades. "L’intérêt de ce capteur, implanté dans l’artère et interrogeable à distance, c’est qu’il est capable de nous alerter précocement et de façon non invasive sur une augmentation de la pression dans l’artère pulmonaire.Or, on sait que ce type d’événement prédit, avant même la prise de poids, la survenue dans les 20 jours qui suivent d’une aggravation de l’insuffisance cardiaque."
Grâce à ce système, les patients implantés peuvent ainsi transmettre quotidiennement, depuis leur domicile, les données du capteur à leurs médecins. Alertés par une valeur inhabituellement élevée, ces derniers sont à même de modifier rapidement les traitements, des diurétiques en première ligne, pour prévenir une aggravation.
Et par voie de conséquence l’hospitalisation en urgence du malade. "Les études conduites ont mis en évidence une réduction de plus de 35% du nombre d’hospitalisations chez les patients porteurs de ce capteur", résume le Pr Pathak.
Patient acteur
Concernant le patient mentonnais, "la pose du dispositif n’évitera pas la greffe cardiaque, mais elle lui permettra d’en bénéficier dans de meilleures conditions, en ayant évité des hospitalisations dont on sait qu’elles sont délétères pour l’état de santé."
Si ce nouveau dispositif incarne la médecine moderne: miniaturisée, digitale et personnalisée, il s’inscrit aussi parfaitement dans le concept de "patient acteur de sa santé". "On peut imaginer qu’à terme, ce soit le malade lui-même qui ajuste son traitement en fonction des informations transmises par le capteur."
Reste un obstacle, et de taille pour ce petit dispositif, le prix: entre 10.000 et 15.000 euros, non pris en charge par l’Assurance-maladie en France.
"Il est probable que cela sera le cas d’ici la fin d’année, informe le Pr Pathak. Pour l’heure, à Monaco, il est financé grâce au budget “innovation”. Et nous ferons prochainement une levée de fonds pour pouvoir implanter une quinzaine de patients souffrant d’insuffisance cardiaque."
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