Accouchement: chaque grossesse mérite sa préparation

Vivre sereinement chaque accouchement, mieux comprendre les enjeux, dissiper les idées reçues, renforcer le rôle du coparent ... la préparation à la naissance, souvent négligée, après une première grossesse reste pourtant essentielle.

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Stéphanie Wiélé Publié le 26/05/2025 à 16:00, mis à jour le 26/05/2025 à 16:21

Vivre une naissance est une expérience unique, intense et profondément transformatrice. Bien plus qu’un simple événement, l’accouchement marque un véritable tournant dans la vie d’une femme et d’un couple, offrant l’opportunité de se (re) découvrir et de tisser de nouveaux liens.

Mais malgré l’importance largement reconnue de la préparation, toutes ne s’y engagent pas systématiquement, comme le met en lumière la sociologue et sage-femme Priscille Sauvegrain dans ses travaux (1). Si beaucoup de femmes attendant leur premier enfant trouvent dans ces séances un espace d’échange et de réassurance, d’autres, notamment celles ayant déjà accouché, considèrent parfois qu’elles n’en ont plus besoin, se sentant plus confiantes que lors de leur première grossesse. Pourtant, cet accompagnement reste précieux pour aborder sereinement la naissance, comme le rappellent Gabrielle Hortala et Alice Noiray, sages-femmes au CHU de Nice.

Quels sont les bénéfices des cours et ateliers de préparation à l’accouchement pour les futurs parents?

Ces séances aident les parents à aborder la naissance avec plus de sérénité, de confiance et d’autonomie dans leurs choix. Elles permettent de mieux comprendre le déroulement de la naissance et de se préparer à de situations imprévues, comme une césarienne plutôt qu’un accouchement par voie basse. Elles sont aussi l’occasion d’explorer les différentes options disponibles. Par exemple, au CHU de Nice, l’accouchement dans l’eau n’est pas proposé : en être informé à l’avance évite toute déception le jour venu.

Un autre atout majeur de ces séances est de lever les idées reçues et de répondre aux inquiétudes fréquentes autour de l’épisiotomie (2) ou l’utilisation des forceps par exemple : dans quels cas sont-elles recommandées, nécessaires? Comment sont-elles réalisées?... Il est également rappelé que la majorité des accouchements se passe sans intervention particulière, et que chaque acte médical est discuté avec les parents dans le souci constant de la sécurité de la mère et de l’enfant.

La préparation à l’accouchement reste-t-elle utile pour une deuxième ou troisième grossesse?

Absolument! Chaque grossesse est différente, même après une première expérience positive. Les circonstances peuvent changer d’une fois à l’autre: la péridurale [technique d’anesthésie qui soulage la douleur des contractions, Ndlr] peut ne pas être possible, une césarienne s’imposer, ou l’allaitement se révéler plus complexe.

De plus, la fatigue, les émotions et les inquiétudes varient selon les grossesses, notamment parce qu’il faut concilier cette nouvelle aventure avec la présence d’autres enfants à la maison. Il est donc essentiel de prendre du temps pour soi, de se préparer à vivre une expérience unique et d’aborder sereinement chaque étape, quel que soit le rang de la grossesse.

Quel rôle joue le coparent dans cette préparation?

Il occupe une place essentielle tout au long de la préparation et le jour de l’accouchement. Grâce aux échanges réguliers avec les sages-femmes, il bénéficie d’outils concrets pour accompagner sa partenaire, l’aider à gérer la douleur, adopter les bonnes postures et la rassurer.

Il apprend aussi à s’adapter aux différentes situations, à mieux comprendre le déroulement de l’accouchement et à participer activement aux décisions. Cette implication permet au coparent de devenir un véritable pilier pour la mère et l’enfant, renforçant ainsi le lien familial dès les premiers instants.

1. Étude "Toutes les femmes ont-elles accès aux séances de préparation à la naissance?"

2. L’épisiotomie est une incision pratiquée au périnée lors de l’accouchement pour faciliter la sortie du bébé. Elle est réalisée uniquement si nécessaire.

Un suivi partagé entre ville et hôpital au CHU de Nice

À la maternité du CHU de Nice (hôpital Archet II), l’accompagnement des futurs parents s’est enrichi, depuis deux ans, d’ateliers thématiques animés par des professionnels spécialisés, en complément de la préparation classique (1) assurée par les sages-femmes libérales en ville. "Cette offre diversifiée, combinant le suivi individualisé en ville et les ateliers spécialisés à l’hôpital, permet aux futurs parents de se préparer de manière globale à l’arrivée de leur enfant", expliquent Gabrielle Hortala et Alice Noiray.

Les thèmes abordés au CHU de Nice incluent les soins du bébé (change, bain, réconfort), le portage (lien d’attachement), la santé environnementale, l’accouchement physiologique (naissance naturelle et respectée), le projet de naissance (définir ses souhaits), l’allaitement (conseils personnalisés) et la gestion de la douleur (relaxation, respiration, massage).

L’hôpital met aussi l’accent sur la prévention de la mort inattendue du nourrisson (MIN), le sevrage tabagique (consultations, groupes de parole) ou encore la prévention des violences faites aux femmes (écoute, dispositifs d’aide). Des groupes de parole (cours pour futurs papas, cafés mamans-bébés) complètent cette offre, favorisant l’échange et le soutien entre parents.

1. Les séances classiques de préparation à l’accouchement sont habituellement réparties en thèmes: la grossesse; l’accouchement; les suites de couches; les soins au bébé; l’allaitement; le séjour à la maternité; le retour au domicile. Certaines sages-femmes libérales dispensent également des méthodes moins traditionnelles comme le yoga prénatal, la sophrologie ou encore le chant prénatal.

L’impact positif d’une consultation autour du projet de naissance

Une étude de 2025, menée au CHU de Nice par Jasmine-Soraya Hemadou, étudiante sage-femme, met en lumière l’impact positif d’une consultation spécifique autour du projet de naissance (1) sur l’expérience des patientes.

Lors de cette consultation de 45 minutes, proposée au CHU de Nice, le couple échange avec une sage-femme sur ses souhaits et s’assure que ses attentes sont compatibles avec les pratiques de la maternité. "Cette démarche vise à clarifier les possibilités réelles, éviter les déceptions et guider l’équipe médicale pour un accompagnement personnalisé", souligne Gabrielle Hortala.

Les résultats de l’étude montrent que les femmes ayant bénéficié de cet entretien vivent leur accouchement de façon nettement plus positive, avec un score moyen de satisfaction supérieur à celles qui n’avaient rédigé qu’un projet de naissance ou qui n’avaient eu aucune démarche particulière. "L’étude souligne que la simple rédaction d’un projet ne suffit pas: l’entretien permet d’aligner attentes et réalité, d’accroître le sentiment de contrôle, de réduire la peur de l’accouchement et de limiter les symptômes dépressifs ou de stress post-traumatique après la naissance."

1. Le projet de naissance décrit, par exemple, l’ambiance dans laquelle la maman souhaite accoucher (musique, lumière tamisée, etc.); la gestion de votre douleur (péridurale, techniques de respiration, etc.); le premier contact avec votre enfant (peau à peau, tétée de bienvenue, la personne qui va couper le cordon ombilical, etc.)

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