Projet immobilier contesté à Cagnes-sur-Mer: le maire s'invite à la réunion publique des opposants, le ton monte et la rencontre dégénère

Le maire s’est invité à une réunion publique d’opposants à un projet immobilier au Cros-de-Cagnes. La rencontre a tourné à la foire d’empoigne dans une atmosphère électrique.

Romain Béal Publié le 29/03/2025 à 17:00, mis à jour le 31/03/2025 à 13:24
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La réunion s’annonçait houleuse. Elle a tenu toutes ses promesses. 

D’un côté, l’association Casa du Cros, présidée par Jean-Pierre Woignier, s’oppose à un projet immobilier au Cros-de-Cagnes. Arguant qu’il défigurerait les villas fleuries, de pittoresques demeures bâties en 1926, occupées un temps par des pêcheurs cagnois.

De l’autre, le maire Louis Nègre, qui défend bec et ongles un projet qui valoriserait une "friche urbaine", avec la construction de 9 "villas miroirs" – dont l’architecture respecterait l’esprit des villas fleuries –, 6 logements sociaux et la réhabilitation de 3 HLM. Ainsi qu’un parking de 34 places en sous-sol. "Un projet qui respecte le patrimoine et le valorise."

Ce vendredi 28 mars au soir, la Casa du Cros organisait une réunion publique, salle de la Mer, au port du Cros, pour présenter son projet alternatif, sans logements sociaux, comprenant notamment la création d’une maison de santé, une salle polyvalente, une crèche et un jardin partagé.

Atmosphère électrique

Sauf que le maire s’est invité à la réunion, à la suite d’un échange de courriers avec Jean-Pierre Woignier et à une manifestation tendue devant la mairie-annexe du Cros, début mars.

Le maire voulait un débat public, Pas Jean-Pierre Woignier: "Si vous souhaitez participer [à la réunion], vous serez naturellement le bienvenu, mais dans les mêmes conditions que tous les citoyens présents", lui avait écrit ce dernier. Ambiance.

Vendredi, à l’entrée de la salle, plusieurs policiers municipaux sont postés. L’un d’entre eux tient une bombe lacrymogène, comme pour donner le ton.

À l’étage, la salle déborde, l’atmosphère est électrique. Quelque 200 personnes présentes, dont Bryan Masson, député Rassemblement national et candidat putatif aux élections municipales de 2026. Mais aussi des membres de la majorité municipale. Et le maire, donc, assis sur une chaise en plastique, au premier rang. Un peu sur le côté.

"Dommage que le papier soit épais, je l’aurais bien utilisé pour autre chose"

La réunion commence: présentation du contreprojet de la Casa, avec force diapositives, rappels historiques, intervention d’un ingénieur hydrologue… Jean-Pierre Woignier dézingue les "villas miroirs", préférant parler de "pastiches".

Le public applaudit à plusieurs reprises, des piques sont lancées au maire et à son équipe, qui ont distribué des tracts à l’entrée de la salle pour défendre le projet de la mairie.

"Dommage que le papier soit épais, je l’aurais bien utilisé pour autre chose", ironise Jean-Pierre Woignier. Hilarité générale. Louis Nègre, sur sa chaise, entre en ébullition.

Après 1h30 de présentation, vient le temps tant attendu des questions. Et là, c’est l’explosion. Le maire lève la main, on s’approche de lui avec un micro, mais consigne a été donnée de ne pas le laisser s’en emparer. Qu’à cela ne tienne, il fera sans. Du moins essaiera. Car soudain, la bronca qui couvait surgit.

Une partie du public hurle. Louis Nègre, debout, gesticule, essayant tant bien que mal de se faire entendre. Un "modérateur" tape avec un marteau sur un bout de bois comme dans un tribunal. Plusieurs personnes tentent de s’emparer du micro. Personne ne s’écoute.

Plusieurs personnes dans le public se lèvent, prenant à partie le maire. Qui ne se dégonfle pas. Tous les coups sont permis, on n’est pas loin du pugilat.

La scène dure plus d’une demi-heure. "La question, la question", scandent les opposants au maire, car seules les questions ont été autorisées par la Casa, pas les prises de paroles. "Arrêtez de nous enfumer", crie une personne dans le public, au bord de l’implosion.

L’extrême droite en embuscade

On comprend que Jean-Pierre Woignier réclame un référendum. En guise de réponse, Louis Nègre tend une feuille A4 au public: dessus, une photo de la manifestation des opposants de début mars, avec Bryan Masson, tout sourire, en tête de cortège.

Comprendre: la Casa est sous la coupe de l’extrême droite. "Je ne suis dans un aucun parti politique, je l’ai été à une époque, et j’ai le regret de dire que c’était celui de M. le maire", répond Jean-Pierre Woignier dans la cohue générale.

En fin de réunion, alors que quelques personnes sont parties, le maire arrivera finalement à s’emparer du micro. Pour fustiger certains propriétaires de villas, membres de la Casa. De l’huile sur le feu.

"Sur les villas fleuries, certains ont rajouté des plastiques, des bow-windows, tout une série de choses qui n’ont rien à voir avec l’esprit des villas. Si vous voulez sauver le patrimoine du Cros, on peut être d’accord. Alors commencez par donner l’exemple, et je serai peut-être plus à l’écoute." Nouvelle bronca.

"Tu veux conserver le patrimoine, commence par donner l’exemple", lance-t-il à Jean-Pierre Woignier, dans la mêlée. "Je pensais qu’a votre niveau, avec votre expérience politique, vous auriez un autre type d’argumentation à développer", lui répond ce dernier.

Le maire s’en va, la réunion se termine dans la confusion. En bas de la salle, Louis Nègre tient comme une mini-conférence de presse, dénonçant encore une fois l’extrême droite qui serait derrière l’association: "Là, ce que vous avez vu, c’est la campagne des municipales qui a commencé, rien d’autre. "

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