À Monaco, le budget primitif 2025 affiche un déficit de 88,6 M€: les élus réclament une diversification des recettes de l'Etat

Le gouvernement et le Conseil national ont amorcé ce jeudi soir les débats autour du budget primitif 2025, en déficit de 88,6 M€.

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Thibaut Parat Publié le 13/12/2024 à 08:41, mis à jour le 13/12/2024 à 13:46
Photo Frantz Bouton

Dans un climat institutionnel apaisé, tranchant avec des querelles pas si lointaines, le gouvernement princier et le Conseil national ont amorcé, ce jeudi soir dans l’Hémicycle, les débats autour du budget de l’État pour l’année 2025.

A l’image du "primitif" de 2024, celui-ci affiche un déficit évalué à 88,6 millions d’euros. Si les prévisions de recettes sont certes en hausse de +2,6% (2,098 milliards d’euros), les dépenses connaissent une augmentation plus conséquente à +6,1% (2,187 milliards d’euros). "Un des faits marquants est une prévision de stagnation pour la première fois depuis 2013 des recettes fiscales qui représentent 75% des revenus de l’État", a rapporté l’élu Franck Julien.

Une conséquence de la fin du pharaonique (et prolifique) projet immobilier Mareterra, inauguré le 4 décembre par le couple princier. "La situation globale demeure favorable, en témoigne la progression de +46,5% du PIB sur les 10 dernières années (...) Nous pouvons donc envisager avec un certain optimisme les résultats à venir de la clôture 2025", nuance, toutefois, Franck Julien.

Si les élus du Conseil national ne se laissent donc pas gagner par le pessimisme, ils prônent "la prudence" et affichent leurs "préoccupations", notamment sur la politique de diversification des sources de recettes de l’État. "Elle manque d’ambition", juge l’élu, citant l’unique création de la contribution touristique (taxe de séjour).

Parmi les pistes parlementaires: créer des zones franches transfrontalières avec les pays voisins, créer un véhicule juridique permettant à l’État d’acquérir du foncier, de le valoriser et de le gérer ou encore de réformer le droit de préemption et l’étendre aux biens à destination commerciale. "Les élus soulignent aussi l’importance de maîtriser les investissements pour les grands projets structurants tout en considérant une variable financière importante: le coût d’entretien des opérations immobilières", poursuit Franck Julien.

Didier Guillaume, ministre d’État, et Thomas Brezzo, président du Conseil national. Photo C.N..

"Période charnière"

En réponse, le ministre d’État a tenu un discours rassurant, affichant la volonté de son gouvernement de rectifier au plus tôt l’équilibre budgétaire. "Nous avons conscience d’entrer dans une période charnière sur le plan budgétaire (...) Il n’entre absolument pas dans les intentions du gouvernement de présenter des budgets qui seraient déficitaires de manière structurelle. De nouvelles ressources financières sont activement recherchées et les dépenses font plus que jamais l’objet d’une attention particulière", a-t-il insisté après avoir rappelé la "situation budgétaire vertueuse" de la cité-Etat: des bases solides, aucune dette publique, un fonds de réserve constitutionnel conséquent pour parer aux imprévus...

Jean-Louis Grinda, soucieux de ne pas puiser dans ce qu’il surnomme le "bas de laine des Monégasques", prévient: "Il est hors de question que le FRC devienne la béquille d’un budget structurellement déficient".

Quant aux nouvelles sources de revenus, Didier Guillaume a estimé qu’il était trop précoce pour l’évoquer publiquement: "Nous approfondissons des pistes très concrètes, assure-t-il, conscient qu’il "est nécessaire de diversifier le tissu économique, de développer des activités innovantes, génératrices de recettes comme d’emplois, peu consommatrices d’espace et participant au rayonnement international de Monaco, tout en soutenant les secteurs historiques qui ont toujours contribué au dynamisme de notre économie."

"Urgence avérée"

Thomas Brezzo, président du Conseil national, alerte de "l’urgence avérée". "De nouvelles recettes ne peuvent provenir d’un matraquage fiscal. La principale ressource est donc celle du développement économique. Des secteurs entiers sont victimes d’attentisme, je pense à l’immobilier, et sont bloqués ou refusés pour des motifs parfois difficilement compréhensibles. Ce développement économique vient également de porteurs de projets et d’acteurs dynamiques attirés par les atouts privilégiés de la Principauté, qui sont freinés dans leur installation personnelle comme professionnelle."

Didier Guillaume a assuré aux élus que l’exécutif ne bloquait aucun projet immobilier puis a manifesté la volonté gouvernementale de simplifier les processus administratifs pour l’obtention des cartes de séjour et l’autorisation d’exercice d’une activité économique.

Si les deux hommes ont loué une relation "saine", "constructive" et de "confiance", la suite de l’examen budgétaire ne devrait pas échapper aux traditionnelles passes d’armes sur des dossiers majeurs: le Plan national pour le logement des Monégasques, le centre commercial de Fontvieille, la gestion des déchets ou encore la santé. "Les élus sont comme vous, des optimistes invétérés mais ce sont aussi des sentinelles qui observent avec vigilance la distance entre les paroles et les actes", a prévenu Thomas Brezzo.

Savoir+
Poursuite des débats: 16 décembre dès 17h et 18 décembre dès 17h. Le vote aura lieu le 19 décembre dès 18h.

En chiffres

Prévision de recettes

2,098 milliards d’euros, en hausse de +2,6% par rapport au budget primitif 2024 (soit +52,2 millions d’euros).

Prévision de dépenses

2,187 milliards d’euros, en hausse de +6,1% (soit +126,4 millions d’euros).
Les dépenses de fonctionnement s’élèvent à 829 millions d’euros (+6%), celles d’interventions publiques à 507 millions d’euros (+1,1%) et, enfin, celles d’équipement et d’investissements à 850 millions d’euros (+9,5%)

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