Des clichés inédits de Michael Jackson par le photographe varois Arno Bani révélés dans un musée de Saint-Tropez

Talentueux photographe aux attaches varoises (ses parents vivent à La Valette) et azuréennes (il a été scolarisé à Berre-les-Alpes), Arno Bani est désormais quadragénaire et parisien.

Il a 23 ans lorsque Michael Jackson, en séjour londonien, tombe sur la couverture du Sunday Times avec sa photo iconique-onirique d’une mannequin vêtue d’une cape d’or...

"Bambi" décrète alors qu’il lui faut ce photographe frenchie! Le début d’une folle aventure pour Arno Bani. Aventure qu’il nous a racontée en marge de son exposition à la galerie Do You Tropez Art Legacy, siège en forme de mini-musée de la Jackson Family Foundation Europe.

1- Le réveil brutal en forme de blague

"Début 1999, il est 3h du matin. Mon agent me téléphone d’une boîte de nuit en me disant qu’il faut faire mes bagages car Michael Jackson veut me voir pour un shooting. Je raccroche en pensant qu’il est éméché... Le lendemain soir, je me retrouve effectivement dans un avion en première classe, direction New York, où m’attend une limousine."

2- L’étrange première rencontre avec Michael...

"Je suis logé au Waldorf-Astoria, où Michael louait un étage à l’année. Je le retrouve dans un salon en peignoir. Il me fait une sorte de hug sans me toucher et me souhaite la bienvenue avec sa petite voix. Là, je le vois brut. Avec son cuir chevelu brûlé, son nez raboté sans prothèse et son visage inexpressif. C’était hors du commun! Mais ses grands yeux de biche soulignés d’un khôl tatoué me fascinent..."

3- L’envie de changements de la star

"Michael me confie alors qu’il voudrait un portrait sur le modèle de la cape d’or pour la pochette de son prochain album Invicible, tout en cherchant un nouveau look. Je rentre et contacte les plus grands couturiers de la place de Paris. J’imagine même pour lui une coupe au bol à la Mireille Mathieu que je trouve très graphique!"

4- L’arrivée à Paris pour le shooting

"Après plusieurs allers-retours et des semaines de pourparlers, il arrive à Paris. J’ai loué un hangar à Malakoff que j’ai divisé en sept studios. Je le rejoins au George V pour les derniers essayages et c’est là que je le vois en caleçon. Il a vraiment la peau blanc fluo! Lui est toujours aussi sympa et rieur, mais son entourage imbuvable..."

5- La session photos et le nouveau look

"Il ne se présente pas à la première session... ‘‘Pas en forme’’, nous dit-on. Le lendemain, il est en retard mais bien là avec ses enfants Paris et Prince. Malgré les réticences de sa ‘‘cour’’ ou le clash avec sa maquilleuse car soit disant on ne doit pas lui toucher le visage avec les mains, on arrive à le relooker et lui couper les cheveux de 40 centimètres! Il se prête au jeu, veut essayer plein de choses... Au final, j’ai des centaines de clichés dont une série dans le style de son idole Fred Astaire."

6- Michael valide et appelle dans les Alpes-Maritimes

"Après mes propositions, il sélectionne quatre images dans les différents styles dont la cape d’or et l’œil bleu. Il me demande de les photoshoper à outrance, notamment le grain de peau. Pour moi, ça devient de l’illustration, comme des photos revues par l’IA aujourd’hui, mais comme c’est son vœu, je respecte... Cocasse, un jour de juillet, il rappelle alors que je suis à Berre-les-Alpes, et tombe sur ma mère! Il me dit que tout lui plaît donc, pour moi, l’affaire est pliée. Je peux souffler..."

7- La douche froide en découvrant la pochette!

"Plus de nouvelles. J’attends la sortie de l’album. Et un beau jour j’hallucine en voyant dans les bacs l’album avec une photo blanche de lui en gros plan qui ne raconte rien et surtout n’est pas de moi! C’est la douche froide! Au final, sa maison de disques Sony, avec qui il était en conflit, a choisi sans qu’il ait son mot à dire!"

8- La cape d’or finalement "coffrée"

"Pendant dix ans, je n’avais rien le droit de raconter sur ce shooting ni de dévoiler des photos. En 2009, alors que je suis dans le TGV de retour de Nice, j’apprends qu’il est mort. Jour pour jour à la période où je récupère mes droits! Les offres des magazines people ont alors défilé pour acheter ma série mais j’ai pensé plus loin. Michael avait porté du Yves Saint-Laurent durant la session, ça a plu à Pierre Bergé qui a fait fabriquer un coffret d’art collector tiré à 2009 exemplaires et j’ai monté des expositions de mes photos. Aujourd’hui, je travaille pour des grandes marques tout en réalisant pochettes ou clips d’artistes comme David Guetta, Marc Lavoine, Florent Pagny, Superbus ou Air... Oui j’ai été bien payé pour l’aventure Jackson, mais ce qui comptait c’est que la pochette sorte... La notoriété qui en aurait découlé valait tous les ponts d’or!"

>> Do You Tropez Art Legacy. 10, rue Joseph-Quaranta, Saint-Tropez.