Festival international de la mode d’Hyères: nos coups de cœur parmi les jeunes créateurs d’accessoires

Louna Clozel change la perception du corps

Une collection intitulée "Mes yeux pensent toujours mal". "Je suis partie du concept de dysmorphophobie, qui est le décalage entre la façon dont une personne voit son corps et la réalité", détaille Louna Clozel. Pour cela, la jeune Bretonne s’est rapprochée de personne souffrant de ce trouble, et a puisé dans les matériaux que l’on trouve dans les salles d’attente ou cabinets médicaux, comme l’aluminium ou l’inox, afin de concevoir ses créations pour "donner une réalité à ces corps imaginaires par des accessoires déformants qui rendent visible la vision des patients". Sacs, bijoux, chaussures, se transforment à coups de chalumeau, la jeune femme donnant ensuite la forme voulue, à la main, à ces objets.

Julianne Courtois et ses bijoux de verre

Pour donner naissance à sa collection de bijoux, Julianne Courtois a choisi le verre. "C’est un matériau qui me fascine. Cela me permettait aussi de mettre en scène une sorte de paradoxe entre cette matière fragile par essence mais en faisant des colliers avec des formes incisives qui rappellent les pointes de ceux des punks", confie la créatrice venue d’Arras. Elle s’est lancée dans ce projet il y a quatre ans, en investissant dans un chalumeau et en apprenant, en autodidacte, la technique du verre filé qui consiste à faire fondre l‘extrémité d’une baguette de verre pour ensuite lui donner la forme souhaitée. "Cela offre plus de liberté que le verre soufflé et c’est surtout plus accessible. C’est souvent utilisé pour créer des perles, mais je préfère conserver la rectitude de la baguette", conclut-elle.

Angèle Carrion ouvre l’appétit

La collection "Les yeux plus gros que le ventre" de la bijoutière Angèle Carrion fait appel à nos papilles. "Je voulais convoquer les images des repas quotidiens, un rendez-vous ordinaire mais que j’attends avec impatience", s’amuse-t-elle. Des sculptures en 3D, faites à la main, où elle représente le poulet, les tartines du matin... "Il y a vingt pièces que l’on peut composer comme on le souhaite, comme une carte de restaurant". Avec au menu des pendentifs mais aussi des gros colliers et bracelets. "C’est aussi une façon de rendre hommage à ma grand-mère qui me préparait ces plats-là", résume-t-elle.

Les "objets spectraux" de Maria Nava

Venue du Mexique, Maria Nava propose les créations parmi les plus originales du concours. On y retrouve "des objets représentants tous le corp", assure-t-elle en détaillant des chaussures, des lunettes, des chapeaux et autres accessoires modifiés avec une part de robotique, "je lie la mode et l’ingénierie", souligne-t-elle en ajoutant que sa collection porte aussi sur l’identité et la façon dont on réagit à l’interaction avec les autres.

Camille Cireddu, légendes sardes

Originaire de Sardaigne, Camille Cireddu a puisé dans la culture de ses grands-parents pour sa série "Is Janas". "Cela évoque les Janas qui sont à la fois des fées et des sorcières. Dans ma version, elles collectent comme des trophées les doigts de ceux qui ont fait de mauvaises choses. Avec une réflexion sur les doigts d’honneur qui ont une vraie sémantique patriarcale sur laquelle je me suis questionnée", analyse-t-elle.