On connaît le spécialiste de l’Égypte ancienne, auteur de grands romans. Mais Christian Jacq occupe aussi les étals des librairies avec les aventures de son inspecteur Higgins. Le cinquantième tome, intitulé "La Dame à la Licorne", sort aujourd’hui. 170 pages d’une enquête à l’ancienne, avec un inspecteur qui fonctionne avec un carnet et sans informatique. La marque de fabrique de Christian Jacq.
Comment résumeriez-vous "La Dame à la Licorne" qui sort aujourd’hui?
Nous sommes à Londres, il y a une explosion de gaz dans un immeuble. Un vieux monsieur, en apparence tranquille, trouve la mort. Seul problème, l’immeuble n’est pas relié au gaz. Et on finit par s’apercevoir que la victime est, en fait, un parrain de la mafia. Sur les caméras de surveillance, on voit une très belle femme, une esthète, qui travaille sur les tapisseries de "La Dame à la licorne". Elle est suspecte, car filmée sur les lieux, mais on ne voit pas le meurtre… Et quand l’affaire est sensible, on va chercher l’inspecteur Higgins…
Il s’agit de la cinquantième enquête de l’inspecteur Higgins. Comment ce personnage s’est-il installé dans le temps?
Je n’ai pas vu le temps passer et maintenant que je suis un vieux bonhomme, cela passe encore plus vite. La façon dont est né ce personnage est assez amusante. J’ai toujours beaucoup lu. Sherlock Holmes me plaisait énormément, j’aimais aussi Edgar Allan Poe. Lorsque j’avais beaucoup de travail, ma distraction résidait dans la lecture de romans policiers, plutôt classiques du type Agatha Christie.
Mais avec le temps, ce genre a beaucoup changé. Il est tombé dans la cruauté, la drogue, la violence, le sexe… Ça ne m’attirait pas beaucoup. Alors je me suis dit: "Comme je n’ai plus rien à lire, je vais en écrire."
Avec quatre enquêtes par an, comment tenez-vous le rythme?
J’ai une certaine avance car je n’écris pas dans l’urgence. Les thèmes sont préparés, choisis et c’est un grand bonheur pour moi de faire vivre ce personnage. D’après les échos des lecteurs, ils ont l’air content aussi. Une chose est sûre, il s’arrêtera avec moi. Mozart, que j’écoute en écrivant, disait: "Pour me reposer, je travaille". Alors, pour me détendre entre les grands romans et des travaux d’égyptologie, j’ai décidé d’écrire sur ce personnage qui est mi-fictif mi-réel.
Quand je dis que j’ai rencontré quelqu’un au British Museum, qu’on a discuté et qu’il a inspiré Higgins: c’est vrai. Higgins, c’est mon meilleur ami. Il est plus intelligent que je ne serai jamais. Il incarne des valeurs, une certaine tranquillité, on ne peut pas l’acheter, il n’est pas drogué. Il est décalé, il ne ressemble pas à l’inspecteur que l’on trouve dans les romans d’aujourd’hui, ça explique peut-être sa longévité. Il note tout, n’a pas de téléphone. En cela, nous nous ressemblons, car j’écris tous mes livres à la main, sans ordinateur.
Dans ce tome, Higgins est sorti de sa retraite. Comme vous, il ne semble pas vouloir se retirer…
(Rires) Normalement, je devrais être à la retraite depuis un bon moment, mais je n’ai jamais autant travaillé! Mes gros livres sur l’Égypte ancienne m’ont demandé un temps fou, j’ai aussi les Higgins à écrire, plus un grand roman. J’ai la passion de l’écriture. La nuit, je pense au chapitre que je vais écrire le lendemain matin, les idées viennent. Puis bientôt, ce sera le repos éternel, en attendant, autant travailler. De son côté, Higgins est en retraite anticipée car il a eu un problème avec sa hiérarchie, il n’est pas vieux. Mais c’est l’avantage de la littérature, nos héros ne vieillissent pas.
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