Voici ce que nous réserve la rentrée littéraire d’automne

D’Amélie Nothomb à Emmanuel Carrère, les grandes figures du monde des lettres sont au rendez-vous d’une rentrée marquée aussi par de nouvelles plumes et traversée par le thème des liens intra-familiaux.

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Laurence Lucchesi Publié le 28/08/2025 à 10:00, mis à jour le 28/08/2025 à 10:00
Amélie Nothomb, fidèle au rendez-vous de la rentrée littéraire d’automne, présente " Tant mieux ". Photo mondino

À l’heure où beaucoup s’adonnent encore au farniente sur les galets ou sur le sable, où d’autres songent doucement à la rentrée scolaire, une certaine fébrilité s’est emparée du monde des auteurs, des éditeurs et des libraires depuis le 13 août déjà. Avec le démarrage de la rentrée littéraire d’automne.

Décryptage chiffré

Dont voici tout d’abord quelques chiffres-clés: d’ici à la proclamation des grands prix littéraires de l’automne 2025 qui s’échelonneront jusqu’en octobre-novembre (lire par ailleurs), quelque 484 romans paraîtront, selon Livres Hebdo. Un chiffre en légère hausse par rapport à la rentrée 2024: 459 nouveaux titres. Cette augmentation, qui intervient après trois années de baisse, est prégnante du côté du roman français (344 publications), avec une progression de 10,6%. Dans cette catégorie, on relève 73 livres signés par des primo-romanciers. Et côté littérature étrangère, 140 ouvrages seront proposés. Des titres dont le nombre connaît a contrario une légère baisse, passant de 148 parutions en 2024 à 140 en 2025 (-5,4%).

Loin du record de 2010

Une rentrée qui intervient dans un marché englué dans une certaine morosité. Puisque selon Les Echos, l’Observatoire de la librairie a constaté entre janvier et mars une baisse de 4,6% en volume chez les libraires indépendants, par rapport à la même période de 2024. Et l’on est loin du record de livres parus pour la rentrée littéraire en 2010, avec pas moins de 701 titres sortis sur un peu moins de deux mois.

Des noms forts, face à la baisse du lectorat

Face à la baisse du lectorat, qui va paradoxalement de pair avec une surproduction littéraire, force est de constater que les éditeurs déploient l’artillerie lourde. Avec des noms forts, tout d’abord: au sein des ouvrages français, on retrouve le lot habituel d’écrivains phares, toujours très attendus. Tels qu’Amélie Nothomb, Sorj Chalandon, David Diop, Lydie Salvayre, Maria Pourchet, Olivier Adam, Nathacha Appanah ou encore Cédric Sapin-Defour. Mais aussi Frédéric Paulin, Laurent Gaudé, Erik Orsenna (qui sera présent au 38e Festival du livre de Mouans-Sartoux les 3, 4 et 5 octobre prochains), Léonor de Récondo, Catherine Millet ou la franco-canadienne Nancy Huston.

Emmanuel Carrère en figure de proue

Véritable locomotive de cette rentrée: Emmanuel Carrère, dont le livre au titre évocateur Kolkhoze (P.O.L.) sera en librairie dès le 4 septembre. Un succès attendu, dont il se murmure qu’il figurera sur toutes les premières listes des grands prix. Lauréat du Femina en 1995 pour La Classe de neige et du Renaudot en 2011 pour Limonov, Emmanuel Carrère pourrait-il prétendre au Goncourt cette année? Avec cette vibrante fresque qui nous emmène sur les traces de sa famille, entre l’Ukraine et la Russie, sur plusieurs générations, au moment même où cette partie du monde est au cœur des préoccupations géopolitiques.

Parentalité et Seconde Guerre mondiale

La famille et la Seconde Guerre mondiale, deux évidentes sources d’inspiration pour les auteurs de cette rentrée, comme s’il s’agissait de répondre ainsi au climat anxiogène du moment: Amélie Nothomb (qui sera présente le 16 septembre au CUM à Nice dans le cadre des rencontres Un jour un auteur organisées par la Bibliothèque Louis Nucéra Hors les murs) évoque pour la première fois, après son père dans Premier sang (2021) et Psychopompe (2023), sa mère et le lien singulier qui les unissait, dans Tant mieux (Albin Michel).

À l’instar de Catherine Millet, Raphaël Enthoven, Régis Jauffret et Jakuta Alikavazovic. Tandis qu’Anne Berest, Vanessa Schneider, Catherine Girard marchent dans les pas de leur père. Quant à Sorj Chalandon, qui sera en signature ce 29 août à Draguignan, et le 30 à Cagnes-sur-Mer (lire notre édition du 21 août), il revient dans Le Livre de Kells (Grasset) sur ses débuts dans la vie d’adulte en 1970, marqués par la rue, la précarité, et par des rencontres essentielles qui ont initié son engagement politique.

Une sélection étrangère déjà très remarquée

La sélection étrangère n’est pas en reste, avec des plumes de renommée mondiale comme Ken Follett, Joyce Maynard, Jonathan Coe, Jenny Erpenbeck, William Boyle ou Percival Everett, auréolé du prix Pulitzer de la fiction 2025 pour James (éditions de l’Olivier). William Boyd, avec Gabriel’s Moon. Ou encore Sigrid Nunez, l’autrice du magnifique Quel est donc ton tourment?, adapté au cinéma par Pedro Almodóvar l’année dernière (La Chambre d’à côté) qui publie à présent Les Vulnérables (chez Stock). Maggie Nelson sera aussi de la partie avec Pathemata ou L’Histoire de ma bouche (Éditions du sous-sol) le 18 septembre.

D’époustouflantes révélations

Mais c’est du côté des révélations que cette rentrée littéraire 2025 se démarque. Cet automne, on assiste à l’émergence de nouveaux talents, à l’affirmation de gestes plein d’audace. Ainsi Séphora Pondi, qui dresse le portrait avec Avale (Grasset) de deux personnages que tout oppose (l’un est proche de l’autodestruction, l’autre en pleine introspection positive) mais qui se rencontrent. Deux destins croisés narrés avec force par celle qui n’est autre qu’une comédienne au théâtre et pensionnaire de la Comédie-Française. Dans La Collision (Gallimard) de Paul Gasnier, il est aussi question de deux vies liées par le destin. Dans ce roman, l’auteur démontre comment un accident – celui de sa mère, tuée par un motard – peut changer le cours d’une vie.

Avec " Kolkhoze ", Emmanuel Carrère signe l’un des livres les plus attendus de la rentrée. Photo PATRICE LAPOIRIE

Nos coups de cœur régionaux

Mention spéciale aussi pour Le Palmier (Actes Sud), de l’autrice grassoise Valentine Goby, qui serajeudi 2 octobre à la Librairie Expression à Châteauneuf de Grasse, le vendredi 3 octobre à la Librairie La Pléiade à Cagnes sur mer, samedi 4 et dimanche 5 octobre: au festival du livre deMouans Sartoux et le mardi 8 octobre à la librairie Masséna à Nice. Un roman largement autobiographique, qui témoigne à la fois de la beauté de la nature et de la violence des hommes.

Pour Anthony Passeron qui avec Jacky (Grasset) signe un deuxième roman dans lequel il interroge à nouveau son passé familial, dans l’arrière-pays niçois. Rappelons qu’il sera en signature à Cannes ce 29 août à 18h30à la librairie Autour d’un livre. Ainsi qu’à Nice le 26 septembre: librairie Les Parleuses. Le 2 octobre en rencontre Fnac au Château de Crémat à Nice. Et à Cagnes-sur-Mer, le 20 novembre à la librairie La Pléiade.

L’auteur d’origine Belge né à Nice Didier van Cauwelaert (prix Goncourt 1994 pour Un aller simple) interroge dans L’Impasse des rêves (Albin Michel) le pouvoir de la littérature sur nos destins, nous offrant ici son roman le plus intime. Où il est au départ question d’une erreur d’enveloppes, un éditeur ayant renvoyé à une autre romancière et lui le manuscrit de l’autre, ce qui sera à l’origine d’un coup de foudre... interdit.

Le cœur de cochon de Susie

Quant à la plus Niçoise des autrices américaines, Susie Morgenstern, établie dans la capitale azuréenne depuis 1967, elle signe avec Cœur de cochon (Jean-Claude Lattès) un hymne à la vie et à la tolérance. A l’aube de ses 80 ans, son monde est bouleversé. Elle doit subir une opération du cœur, sa valve aortique devant être remplacée par celle d’un porc, cet animal proscrit, auquel elle adressera finalement une lettre de remerciement!

Trois récits intenses qui secouent la rentrée

1. « Toutes les vies » de Rebeka Warrior
Dans Toutes les vies (Stock), la chanteuse Rebeka Warrior raconte le combat contre le cancer du sein de sa femme dans un livre entre histoire d’amour et de mort.
2. « Quatre jours sans ma mère » de Ramsès Kefi
Tel est également le propos de Quatre jours sans ma mère (Philippe Rey) de Ramsès Kefi, dans lequel l’auteur évoque les ressentis intimes et réactions d’un père et de son fils lorsque la mère quitte le foyer familial sans raison et disparaît sans laisser de traces. Vertigineux.
3. « Les Mandragores » de Marius Degardin
Signalons enfin Les Mandragores (Le Panseur) avec lequel Marius Degardin signe, à vingt-deux ans (il est le benjamin de cette rentrée) un premier roman fracassant. Avec une gouaille troublante de sincérité, ce récit nous restitue l’histoire d’une jeunesse en lutte contre l’accablement, l’enfermement et le désespoir, et qui ose faire face à la lumière.

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