Le procès s'est ouvert lundi après-midi devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône. Vêtu d'un polo blanc, bras croisés, Dominique Costa a indiqué dès ses premiers mots être "retraité", précisant "payer ses impôts".
Le 13 mai 2019 à 6H00 du matin, le corps sans vie d'Antoine Francisci, 22 ans, tué de plusieurs coups de fusil de chasse, est découvert sur une petite route, aux côtés d'un buggy volé, retrouvé renversé, à Pietralba, en Haute-Corse, à quelques kilomètres du fief des Costa, Moltifao.
Les enquêteurs ne tardent pas à découvrir que la cible des assassins était en réalité un proche de la victime, Laurent Emmanuelli, figure montante du banditisme corse, qui suivait Antoine Francisci ce soir-là, en "convoi" dans une voiture. Dominique Costa est d'ailleurs aussi jugé pour "tentative de meurtre en bande organisée" sur ce dernier.
Laurent Emmanuelli cherchait activement à s'implanter en Balagne, région de Haute-Corse comprenant Calvi, et était de ce fait en concurrence avec le clan Costa, notent les enquêteurs.
Le meurtre d'un de ses proches, Antoine Francisci, s'inscrit donc selon eux "de manière pérenne, par la violence, dans une gestion des rapports entre les clans et des rapports de force en présence".
Accusé d'avoir modifié la scène de crime, notamment en faisant disparaître le casque qui cachait le visage de Francisci à ses assassins, et de ne pas avoir dénoncé le crime, Laurent Emmanuelli sera jugé pour ces faits ultérieurement devant le tribunal correctionnel et sera entendu comme témoin dans ce procès.
"Le donneur d’ordre"?
Autre indice menant à la "piste Costa": une récente tentative d'extorsion d'Emmanuelli et sa bande au préjudice de François Santelli, qui s'était réfugié chez les Costa et sollicitait sa protection.
Les enquêteurs découvrent, grâce aux écoutes et au traçage des véhicules des suspects notamment, que le jour de l'assassinat, "Mimi" Costa avait ordonné à deux de ses proches, Pierre-Louis Vignali et Mathieu Fondacci, de le rejoindre pour "descendre voir ce con-là".
Les deux hommes sont jugés aux côtés de Dominique Costa, également pour meurtre en bande organisée et tentative de meurtre. Deux autres membres présumés du clan, le commerçant François Santelli et Nicolas Vinciguerra, comparaissent également pour vol, recel et participation à une association de malfaiteurs.
Officiellement éleveur, "Mimi" Costa, déjà condamné en 2015 pour blanchiment et extorsion, est considéré par les enquêteurs comme "le donneur d’ordre de par son âge, son ancrage passé dans la délinquance et son autorité". Il est le frère de Maurice Costa, présenté comme un baron de la Brise de mer, et abattu en 2012 dans une boucherie.
Jusqu'à présent, ils ont tous nié les faits reprochés.
Selon une note de renseignement datant de 2025 du service d'information, de renseignement et d’analyse stratégique sur la criminalité organisée (Sirasco), le clan Costa est inscrit "dans une vendetta historique avec la famille Mattei, pourtant elle aussi issue de la Brise de mer".
La famille Costa serait "actuellement affaiblie" en raison d'incarcérations et de quatre assassinats ayant visé ses membres depuis octobre 2024, selon la même source.
Ce procès est prévu pour durer jusqu'au 2 octobre.
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