Quel bel exemple de tolérance réfléchie pour la Principauté. D’un côté, une justice à la fois intègre et clémente face à un homme du rang poursuivi pour un comportement déplacé au cours d’une soirée alcoolisée. De l’autre, une hiérarchie de la compagnie des carabiniers du
Prince compréhensive à l’issue de la faible sanction prononcée pour cet incident de parcours.
Grandeur et générosité peuvent qualifier l’affaire évoquée devant le tribunal correctionnel en se référant à la peine de 600 euros d’amende. Selon nos informations, ce militaire, dont la mission est d’assurer la garde du palais, comme de veiller à la sécurité du souverain et de la famille princière, ne devrait pas être éconduit de son corps d’élite.
« Je crains pour mon emploi »
Les faits se sont produits le 11 mars dernier, vers 3 heures, au sortir de l’établissement de nuit La Rascasse. Une dispute éclate avec une personne connue et concerne une relation conflictuelle au sujet d’une ex-compagne. Impossible de s’accommoder de leur différend. Alors, les esprits s’échauffent et la colère fait son apparition. Les deux rivaux se font rapidement expulser du débit de boissons par les vigiles et l’échange d’invectives se poursuit jusqu’au parking Antoine-Ier.
Dans le sous-sol, la situation dégénère, sacrifiée au plus terrible des courroux : les coups ! Qu’importent les conséquences, il faut en découdre ! Dès lors, la victime, apeurée, cherche protection en faisant appel à la Sûreté publique. Puis, il dépose plainte.
À l’audience, les images de la vidéosurveillance font état d’une scène violente où pieds et poings s’abattent sur la victime. Le président Florestan Bellinzona (*) demande au carabinier les raisons de ce comportement insensé. « Je le reconnais, ce n’est pas la bonne attitude. Mais je me suis senti en danger face à une attitude menaçante, estime-t-il dans un maintien d’immobilité respectueuse.
- On a plutôt du mal à vous suivre en visionnant la vidéo, relève le magistrat.
- C’est ma considération…
- C’est plutôt inquiétant avec un état passablement alcoolisé de 0,70 mg/l sur la voie publique ! Vous avez pris neuf jours d’arrêt par votre hiérarchie et vous pourriez être plus encore sanctionné en supplément.
- Je n’ai jamais comparu devant un tribunal auparavant. Je vous l’assure, cela n’arrivera jamais plus. Je crains pour mon emploi… »
Un moment d’égarement ?
Le plaignant ne demande aucune somme d’argent : « Je veux juste des excuses », insiste-t-il. Sans transition, s’il ne s’agit pas de deux chevaliers courtois, le premier substitut Valérie Sagné constate « des vidéos à charge pour le prévenu qui recherche la bagarre. Les images sont peu reluisantes pour un carabinier : ivre, expulsé, bagarreur… L’alcool ce n’est pas une excuse ! C’est une circonstance aggravante pour la loi quand il y a une infraction. Certes, c’est préjudiciable. Toutefois, je n’ai pas l’intention de lui faire perdre son emploi. Je requiers trois mois assortis du sursis. »
Alors, la défense va tout tenter afin de sortir son client d’un parcours propice aux sanctions inéluctables. « C’est un incident de parcours de vie, manifeste à voix haute Me Christophe Ballerio. Pensez aux conséquences professionnelles ! Ces réquisitions doivent avoir un écho favorable auprès des représentants des carabiniers qui sont dans la salle. Il s’agissait ce soir-là de régler un litige latent qui ne date pas d’aujourd’hui. L’attitude provocante de mon client ne justifie surtout pas une réaction violente. C’est un moment d’égarement vis-à-vis d’un parcours exemplaire. Aucun jour d’ITT, pas une seule blessure : donc des conséquences inexistantes. Accordez votre clémence à un militaire qui risque gros à la suite de votre décision… »
Le tribunal, après en avoir délibéré, a montré sa magnanimité avec une peine d’amende à hauteur de 600 euros. Le carabinier ne sortira pas des rangs et peut poursuivre ses missions auprès de la famille princière.
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