Un individu inconnu des lieux, une attitude inadaptée et un contexte anxiogène. Tels sont les ingrédients du cocktail qui a conduit, selon toute vraisemblance, à une vaste méprise. L’homme qui avait été filmé lundi soir dans une mosquée à Nice, téléphone portable à la main, s’y est présenté ce jeudi. Il assure ne pas avoir eu les intentions que lui prêtait l’Union des musulmans des Alpes-Maritimes (UMAM).
Le procureur de la République de Nice, Damien Martinelli, a annoncé cette issue rassurante, ce jeudi soir. "Prenant connaissance des articles concernant les faits, un individu, inconnu des services de police, s’est présentée ce jour à la mosquée pour indiquer avoir simplement pris des photos au regard de la beauté des lieux. Après audition par les services de police et vérifications, l’intéressé a été laissé libre. La procédure sera classée sans suite en l’absence d’infraction."
Le parquet avait ouvert une enquête, à la suite de la plainte déposée mardi par l’UMAM. L’union musulmane dénonçait une "inquiétante intrusion" dans la mosquée en-Nour de la Madeleine, et appelait à renforcer la sécurité autour des lieux de culte. Le procureur avait pris cet incident au sérieux, "tout en étant très prudent à ce stade sur l’analyse des faits".
Contexte anxiogène
Le service local de police judiciaire (SLPJ) de Nice a été saisi d’une enquête pour "association de malfaiteurs en vue de la commission de faits de violences aggravées". Pour l’UMAM, l’intrusion d’un inconnu filmant les lieux et foulant les tapis de prière avec ses chaussures laissait à penser "qu’il s’agissait d’un repérage en vue d’une action ultérieure". Au vu de la tournure de l’enquête, il n’en est manifestement rien.
La communauté musulmane reste néanmoins sur le qui-vive, à la veille de la grande fête de l’Aïd el-Kébir (ce vendredi) et à la lueur de l’actualité. Ce week-end a été marqué par le meurtre raciste, et potentiellement antimusulman, d’un coiffeur tunisien par son voisin à Roquebrune-sur-Argens. À Villeurbanne (Rhône), un individu a mis le feu à un Coran dans une mosquée. Le 25 avril, un jeune Malien avait été poignardé à mort dans une mosquée du Gard.
Sollicité ce jeudi soir, Me Sefen Guez Guez, l’avocat de l’UMAM, "salue la réactivité des autorités. Nous sommes évidemment satisfait de ce dénouement. La vigilance est importante au vu du contexte national."
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