"Ce ne sera jamais assez pour nous" réagissent les victimes après le verdict du procès en appel de l'attentat du 14-Juillet à Nice

À Nice, une petite centaine de victimes a écouté le verdict ce jeudi soir, dans une salle de retransmission bondée comme jamais. À la sortie, elles expriment un soulagement mesuré.

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Christophe CIRONE Publié le 14/06/2024 à 12:40, mis à jour le 14/06/2024 à 14:06
Alexandra Oppikofer avec son bébé et les enfants d’une amie, à l’issue de la retransmission à Nice. Photo Christophe Cirone

Enfin, elles vont savoir. L’attente devenait suffocante. Voilà dix heures que la cour s’est retirée pour délibérer. Dix-huit mois qu’une première condamnation est tombée. Huit ans que leur vie a basculé.

19h34 hier: la sonnerie retentit. La cour revient. À Nice, dans une salle de retransmission bondée comme jamais, les victimes de l’attentat du 14 juillet 2016 retiennent leur souffle.

"C’est long, ça ne sent pas bon", s’inquiète Alain Dariste, avant de rentrer dans la salle. Il y est venu tous les jours. Comme bien d’autres, ce grand-père endeuillé redoute une peine allégée. Voire pire. Les gilets blancs de la cellule d’urgence médico-psychologique (CUMP) veillent au grain, avec les gilets bleus de l’association Montjoye et les roses de la cour d’appel.

 

Gilets blancs, bleus et roses ont veillé au grain, en cas de décision décevante pour les parties civiles. Photo Christophe Cirone.

"Coupables." "18 ans." "Peine de sûreté." Le président Christophe Petiteau a parlé, en direct sur trois grands écrans. Un "ouf" silencieux parcourt la salle. Quelques applaudissements s’échappent. Mais pas d’effusion.

"On a eu très peur"

"C’est satisfaisant, réagit Alain Dariste. On espérait peut-être 20 [ans, la peine maximale, ndlr]. Mais on est soulagé que ce ne soit pas moins de 18. On a eu très peur de l’acquittement. Les avocats ont été très forts, on s’est fait du souci."

L’ancien coprésident de Promenade des Anges peste contre les conditions d’accueil à l’Arénas, dans une salle de 93 places "surchauffée, dans des conditions déplorables, à la limite de l’inadmissible." Mais l’essentiel est ailleurs. "C’était important que justice passe. Et je crois qu’elle est bien passée."

 

Alain Dariste, grand-père endeuillé, a eu "très peur d’un acquittement". Photo Christophe Cirone.

Près de lui, Didier Matra souffle aussi. "S’ils n’avaient pas été condamnés, ç’aurait été une catastrophe! Je crois que personne ne s’en serait remis", frémit le secrétaire de Life for Nice. "À présent, on attend le procès sur la sécurité. Je pense qu’il aura lieu, même si on ne sait pas quand [à ce stade, pas de mise en examen, ndlr]. Les deux procès sont importants."

"Se battre pour les enfants"

À la sortie, des victimes affichent un sourire rassuré. À l’image de Stéphanie, installée dans le Var depuis cet attentat qui a fait exploser sa famille. Elle a suivi le procès pour ses proches, aussi. À ses yeux, ce verdict clôt un chapitre.

Me Stéphanie Abier-Rougeron, avocate de plusieurs parties civiles, partage leurs premières impressions. Mitigées. "Certaines pensaient que les réquisitions seraient suivies..." "18 ans, ce ne sera jamais assez pour nous", confirme Alexandra Oppikofer, 35 ans, avec son nourrisson en porte-bébé. "Elle a 2 mois. Cela signifie qu’elle pourra les croiser dans la rue quand elle aura 10 ans..."

La foule se disperse. La tension se relâche. Ces locaux impersonnels en ont fini avec l’infinie souffrance du 14-Juillet. "Les blessures sont toujours là. Ce n’est pas une page qui se tourne. La page, elle est toujours ouverte", soupire Alain Dariste.

Alexandra Oppikofer, quant à elle, veut "reprendre vie. Parce que les enfants sont là, et qu’il faut se battre pour eux! On va essayer de les protéger, de leur permettre d’être heureux, d’avoir des projets et des rêves qui ne soient pas écrasés par un camion."

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