Comme dans "Le Château ambulant" ou "Le Voyage de Chihiro": un homme défie les ordres de démolition en construisant une maison digne de l'univers fantastique de Miyazaki

Au milieu des décombres de maisons démolies, la tour instable de Chen Tianming en Chine, faite de planches de contreplaqué et de poutres tordues, symbolise l'obstination d'un seul homme.

La rédaction avec AFP Publié le 13/06/2025 à 20:30, mis à jour le 13/06/2025 à 20:30
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Dans les médias chinois, l'édifice est comparé à ceux de l'univers fantastique du réalisateur japonais de films d'animation Hayao Miyazaki. Photo PEDRO PARDO/AFP

Les autorités ont rasé la majeure partie du village de M. Chen, situé dans la province du Guizhou (sud-ouest) de la Chine, en 2018, pour construire un projet touristique dans cette région connue pour ses rizières spectaculaires et ses paysages montagneux.

Mais M. Chen, 42 ans, a refusé de partir. Après l'échec du projet, il a défié une série d'avis de démolition pour bâtir, étage par étage, sa demeure excentrique.

Aujourd'hui, il règne sur cette tour de dix niveaux, faite d'escaliers vacillants, de balcons et d'extensions farfelues.

Dans les médias chinois, l'édifice est comparé à ceux de l'univers fantastique du réalisateur japonais de films d'animation Hayao Miyazaki.

"J'ai commencé à construire par nécessité, en essayant de rénover et agrandir notre maison", explique M. Chen à l'AFP, un après-midi de mai, grimpant une échelle de son domicile pyramidal.

"Mais c'est ensuite devenu une passion, un passe-temps que j'apprécie", ajoute-t-il.

L'absence de permis de construire suscite toutefois la colère des autorités locales.

Les étages supérieurs, où il dort, tanguent au gré du vent, et des dizaines de cordes et de câbles maintiennent la maison ancrée au sol, donnant le sentiment que l'ensemble peut s'envoler à tout moment.

"Quand je suis là-haut (...) j'ai l'impression d'être un nomade", raconte M. Chen, regardant au loin les immeubles, l'aéroport et les montagnes.

"Les gens disent souvent que c'est dangereux, et qu'il faudrait démolir (...) mais je ne laisserai jamais personne la détruire".

La maison digne de l'univers de Miyazaki. Photo PEDRO PARDO/AFP.

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Province endettée

Les autorités locales avaient le projet de construire une station touristique de plus de 300 hectares, dont un théâtre et un lac artificiel, en lieu et place du village de M. Chen.

Mais ses parents ont alors refusé l'indemnisation proposée, et il a juré de les aider à protéger la maison que son grand-père a bâtie dans les années 1980.

Même lorsque les voisins ont déménagé et que leurs habitations ont été détruites, il est resté sur place, allant jusqu'à dormir seul dans sa maison pendant deux mois "au cas où les promoteurs viendraient la démolir pendant la nuit".

Six mois plus tard, comme beaucoup de projets de développement mal pensés dans cette province surendettée, le plan de station touristique a été abandonné.

Seul ou presque dans le village en ruines, M. Chen loge dans cette "maison clou" – un terme désignant en chinois les habitations dont les propriétaires refusent de déménager malgré les ordres de démolition.

Conséquence de l'urbanisation rapide du pays et de lois incomplètes sur la propriété privée, les "maisons clous" font régulièrement la Une lorsqu'elles parviennent à retarder ou faire modifier d'importants projets immobiliers.

Ces dernières années, alors qu'il construisait patiemment les étages de son chez-lui, M. Chen a continué de recevoir des menaces de démolition.

En août dernier, sa maison a été classée comme construction illégale, et M. Chen reçut l'ordre de détruire l'ensemble sous cinq jours, à l'exception du bungalow d'origine.

Il dit avoir dépensé des dizaines de milliers de yuans (soit plusieurs milliers d'euros) pour contester ces avis en justice, malgré plusieurs défaites lors des premières audiences.

La prochaine a toutefois été reportée.

"Je ne suis pas inquiet. Maintenant qu'il n'y a plus de projet de développement, ils n'ont plus de raison de démolir", affirme-t-il.

Dans les médias chinois, l'édifice est comparé à ceux de l'univers fantastique du réalisateur japonais de films d'animation Hayao Miyazaki. Photo PEDRO PARDO/AFP.

Attraction touristique

Ironie du sort, la demeure insolite de M. Chen a commencé à attirer régulièrement les curieux ces dernières années.

Sur les réseaux sociaux chinois, des internautes la qualifient de "maison clou la plus étrange de Chine", la comparant aux constructions fantastiques des films d'animation du studio japonais Ghibli, comme "Le Château ambulant" ou "Le Voyage de Chihiro".

À la tombée de la nuit, la tour est illuminée par des lanternes, offrant un spectacle unique aux promeneurs.

"C'est magnifique", confie He Diezhen, une habitante de la région, en prenant des photos.

"S'il n'y a pas de problème de sécurité, ça pourrait devenir un véritable site emblématique de la région", ajoute-t-elle.

M. Chen raconte que sa maison réveille chez de nombreux visiteurs des souvenirs de leurs rêves d'enfant les plus extravagants.

"Les gens rêvent de construire eux-mêmes leur propre maison (...) mais rares sont ceux qui y parviennent", dit-il.

"Moi, je ne l'ai pas seulement rêvé. Je l'ai fait."

Dans les médias chinois, l'édifice est comparé à ceux de l'univers fantastique du réalisateur japonais de films d'animation Hayao Miyazaki. Photo PEDRO PARDO/AFP.

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