Le Royaume-Uni a annoncé ce jeudi 7 août avoir placé en détention les premiers migrants concernés par le nouvel accord migratoire signé avec la France. Entré en vigueur la veille, ce traité inédit repose sur un principe de réciprocité: pour chaque migrant renvoyé vers la France, une personne en situation régulière et demandeuse d’asile sur le sol français pourra rejoindre le Royaume-Uni. On vous explique comment fonctionne ce dispositif controversé.
Les premières arrestations au Royaume-Uni
"Les personnes arrivées au Royaume-Uni sur un bateau hier midi ont été placées en détention. Elles seront placées dans des centres de rétention administrative en attendant leur expulsion", a déclaré ce jeudi 7 août le Home Office, le ministère britannique de l’Intérieur.
Aucune indication n’a été donnée sur le nombre de migrants concernés, mais selon Londres, les premières expulsions vers la France devraient intervenir "dans les prochaines semaines".
Il s’agit des toutes premières mises en œuvre concrètes du traité franco-britannique entré en vigueur mercredi 6 août, quelques semaines après avoir été signé lors de la visite d’État d’Emmanuel Macron à Londres.
Un principe "un pour un"
Le dispositif repose sur un principe simple: la France accepte de reprendre des migrants arrivés au Royaume-Uni par la Manche sur des "small boats", à condition que leur demande d’asile ne soit pas jugée recevable.
En contrepartie, le Royaume-Uni accueillera un nombre équivalent de migrants se trouvant en France et ayant formulé une demande d’asile via une plateforme en ligne dédiée, avec priorité donnée aux personnes ayant des liens familiaux ou professionnels avec le Royaume-Uni.
La plateforme d'inscription pour les demandeurs d'asile en France est désormais accessible sur le site officiel du gouvernement britannique.
Objectif: dissuader les traversées illégales
Pour Londres comme pour Paris, l'objectif est clair: tarir les flux migratoires clandestins entre les deux rives de la Manche, en particulier ceux orchestrés par des réseaux de passeurs. "Nous envoyons un message clair: si vous venez ici illégalement sur un petit bateau, vous risquez d'être renvoyé en France", a déclaré le Premier ministre britannique Keir Starmer.
La ministre britannique de l’Intérieur, Yvette Cooper, a précisé que les premiers transferts de migrants devraient démarrer avec un nombre réduit de personnes, mais que le programme a vocation à monter en puissance.
Aucune cible chiffrée n’a été officiellement annoncée, même si la presse britannique évoque des retours pouvant aller jusqu’à 50 personnes par semaine.
Un dispositif coûteux et critiqué
Chaque renvoi vers la France devra faire l’objet d’une demande formelle, transmise dans les trois jours suivant l’interpellation. La France disposera alors de 14 jours pour accepter ou refuser, et le Royaume-Uni assumera l’ensemble des frais liés à ces transferts.
Le processus complet pourra s’étaler sur plusieurs semaines, voire trois mois, selon les estimations du Home Office. Les mineurs non accompagnés sont exclus du dispositif.
Mais ce traité suscite de nombreuses critiques: associations d’aide aux migrants, élus du nord de la France ou encore pays du sud de l’Europe s’inquiètent des conséquences de ce retour unilatéral vers la France. Certains dénoncent une "externalisation" du problème migratoire britannique.
Contexte tendu des deux côtés de la Manche
Depuis le début de l’année, plus de 25.400 personnes ont tenté la traversée de la Manche à bord de petites embarcations, selon les chiffres du ministère britannique de l’Intérieur, un bond de 49% par rapport à l’année précédente. Dix-huit migrants ont perdu la vie depuis janvier dans des naufrages ou des incidents en mer.
Ce durcissement de la politique migratoire intervient alors que le gouvernement travailliste britannique est sous pression, avec la montée en puissance du parti anti-immigration de Nigel Farage, Reform UK. En France, le ministre Bruno Retailleau a défendu un "dispositif expérimental dont l’objectif est clair: casser les filières".
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