Au XIIe siècle, l'empereur Frédéric Ier Barberousse permet d'identifier Monaco pour la première fois de son histoire

En 1162, l’empereur romain germanique permet au Rocher d’être identifié et d’avoir un début d’existence historique.

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André PEYREGNE Publié le 22/01/2024 à 16:20, mis à jour le 22/01/2024 à 16:20
C'est en 1162 que Monaco a pu être identifié pour la première fois grâce à l'empereur Barberousse Photo archives Jean-François Ottonello

Qu’était Monaco à la fin des années mille? Un territoire mal identifié. Une entité géographique floue. Monaco faisait partie de la commune de la Turbie, elle-même appartenant à la région de Provence, laquelle était incluse dans l’empire romain germanique.

En 1155, Frédéric 1er Barberousse prit la tête de cet empire. Son action et la flamboyance de sa barbe ont fait de lui un personnage légendaire - à ne pas confondre avec le corsaire turc qui régna en maître sur la Méditerranée au XVIe siècle.

En 1162, Frédéric Barberousse se rendit célèbre en entrant en conflit avec les communes du Nord de l’Italie, dont Milan, et avec la papauté - lequel l’excommunia. C’est cette année-là qu’il s’intéressa à Monaco.

Sous contrôle de Gênes

Monaco était déjà symbolisé par son Rocher. Frédéric Barberousse décida d’en confier la souveraineté à la République de Gênes. Monaco n’était désormais plus un quartier de la Turbie. C’était peut-être la première fois que le territoire de Monaco était clairement identifié.

Un texte, cité dans l’histoire de Monaco de Thomas Fouilleron authentifie la cession de ce territoire: "Nous accordons et donnons Monaco aux consuls et à la commune de Gênes, afin que chaque fois qu’ils voudront faire une expédition militaire, sous réserve de fidélité à l’Empire, ils aient lors de cette expédition la juridiction militaire sur toute la zone littorale côtière de Porto Venere jusqu’à Monaco." Signé Frédéric 1er Barberousse, 9 juin 1162.

Un point important: cela devait être fait "sous réserve de fidélité à l’Empire."

En 1190, Barberousse mourut à l’âge de 68 ans, noyé dans un fleuve lors de la Troisième croisade qu’il avait entreprise avec Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion.

L’empereur Barberousse. Photo DR.

Un château à Monaco

L’année suivante, le 30 mai 1191, son fils Henri VI qui lui succéda donna aux génois la possibilité de construire un château à Monaco: "Nous permettons aux Génois d’édifier un château au-dessus du port de Monaco pour la gloire de l’empire et la défense des chrétiens contre les sarrasins, de façon à ce qu’ils tiennent ce château à perpétuité, en fief de Sa Majesté impériale, à la condition que ce même château soit destiné et prêt pour le service de l’Empire, quand nous ou l’un de nos successeurs voudra faire la guerre aux Marseillais ou à d’autres de Provence." La construction de ce château de Monaco fut entreprise en juin 1215 par des membres du parti des Gibelins (qui régnaient alors sur Gênes), commandés menés par Fulco de Castello.

Père de quatre reines

À cette époque arriva, à la tête de la Provence, le comte de Provence Raimond Béranger. En 1241, il confirma aux Gênois son renoncement à « exercer tout droit sur le Rocher de Monaco, sur le port et sur sa rive » sous réserve que Gênes n’ait aucune ambition sur le territoire provençal à l’ouest de la Turbie et de Monaco.

Raimond Béranger n’était pas un comte de Provence comme les autres. Fait exceptionnel, ses quatre filles furent toutes les quatre mariées à des rois : Marguerite au roi de France Saint Louis, Eléonore, au roi d’Angleterre Henri III, Sancie au roi des Romains Richard de Cornouailles, Béatrice au roi de Sicile Charles 1er d’Anjou.

Cette dernière, Béatrice, dite "Dame Béatrice", nous intéresse car son mari étant roi de Sicile était également comte de Provence, donc concerné par l’existence de Monaco.

Un délégué nommé Bovarello Grimaldi

En 1262, il signa en présence de dame Béatrice un traité confirmant le contrôle de Monaco par la République de Gênes. La signature eut lieu à Aix-en-Provence où une délégation de gênois se rendit, conduite par Bovarello Grimaldi, membre du parti guelfe qui avait pris le pouvoir à Gênes.

Nous donnons ici des extraits de ce traité, avec toute la saveur du langage de jadis: "Au nom de notre Seigneur Jésus Christ, amen : En l’an de la nativité du Seigneur mille deux cent LXII, le XXe jour de juillet, l’illustre seigneur Charles, fils du roi de France, comte et marquis d’Anjou, de Provence et de Forcalquier, et dame Béatrice, épouse dudit seigneur, comte, comtesse et marquise de Provence, en leur nom et celui de leurs héritiers et successeurs, d’une part, et les nobles seigneurs Bovarello de Grimaldo, Thedisio de Flisco, et Marchisino de Cassino, envoyés, agents et syndics de la commune de Gênes, il est décidé:

- que lesdits seigneurs, comtes et comtesses et leurs successeurs, aient et occupent les lieux et terres qu’eux-mêmes ou les leurs ont dans le comté de Vintimille, et particulièrement Castillon et la Brigue,

- que les Gênois ou la commune de Gênes aient et occupent Vintimille, Monaco, Roquebrune et autre terre qu’ils ont et tiennent maintenant...

- que Menton, que Guillaume Vento tient et possède soit à Guillaume Vento et qu’il le possède ainsi que ses successeurs.

Fait à Aix dans le palais du susdit comte." (Cité par Thomas Fouilleron dans son Histoire de Monaco).

L’existence de Monaco - même sous contrôle génois - était ainsi confirmée. Sa grande histoire pouvait commencer.

Dame Béatrice et Charles Ier., comte de Provence. Photo DR.

Les légendes sur Frédéric Barberousse

Les légendes courent sur Frédéric Barberousse. L’une d’elles raconte son sommeil et la prédiction de son réveil « lorsque les corbeaux cesseront de voler » pour rétablir l’ancienne grandeur de l’Allemagne.

Son personnage est évoqué dans le roman du Domaine des murmures de Carole Martinez, prix Goncourt des lycéens en 2011, et dans le jeu vidéo « Age of empires » qui dira peut-être quelque chose à nos jeunes lecteurs!

Les circonstances de sa mort, en 1190, dans un fleuve, lors de la Troisième croisade sont controversées.

Certains estiment qu’il aurait se serait baigné et n’aurait pas résisté au choc thermique. D’autres racontent que son cheval se serait affolé lors de la traversée du fleuve et que, tombé à l’eau, il se serait noyé sous le poids de son armure (c’est la version que nous avons adoptée dans notre récit). D’autres enfin rapportent qu’il aurait succombé à un infarctus à un âge - 68 ans - qui était avancé pour l’époque.

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