À Cannes, les îles de Lérins regorgent encore de trésors archéologiques: on vous emmène à leur découverte
Durant trois semaines, les huit élèves en première année de master MoMArch d’Aix-Marseille ont effectué des fouilles archéologiques à l’est de Sainte-Marguerite, dans le cadre d’un chantier-école.
Estelle FierlingPublié le 30/05/2025 à 08:30, mis à jour le 30/05/2025 à 08:30
Lionel Roux
Depuis le 12 mai, les îles de Lérins se sont de nouveau transformées en un terrain de fouille archéologique. Pour la deuxième année, et jusqu’à ce vendredi 30 mai, les huit étudiants de première année de master MoMArch (Master of maritime and coastal archaeology) d’Aix-Marseille Université se sont emparés de la partie est de l’île Sainte-Marguerite pour découvrir ses mystères du passé."Ça fait trois ans que nous investiguons cette portion de l’île, dont deux ans en chantier-école", contextualise Anaïs Diméglio, archéologue au Drassm (Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines) et co-directrice scientifique du projet.
Chaque jour, les étudiants effectuent deux plongées d’1h15. "Ils peuvent trouver des céramiques, des éléments organiques comme le bois, des éléments métalliques, il peut y avoir du verre… En réalité, on ramasse tous les objets anthropiques, c’est-à-dire qui ont été fabriqués par l’homme. Ça nous permet de les étudier et de reconstituer l’histoire du site", détaille Anaïs.
L’ensemble des éléments est rapporté sur un navire de recherches, pour la classification. "Chaque objet a un code spécifique qui nous permet de savoir de quoi il s’agit, d’où il vient, etc. Ça correspond à sa carted’identité en quelque sorte. On classe tout ça dans un tableur pour s’y retrouver", partage Laetitia Cavassa, céramologue pour le CNRS (Centre national de la recherche scientifique).
"On est au commencement de nos investigations"
"Sainte-Marguerite est connue dans les écrits anciens, on sait que des établissements romains étaient sur cette île. Nous, on est ici pour essayer d’identifier les structures portuaires de l’île à l’époque romaine. Cette année, nous avons mis au jour un alignement de pieux qui forment un angle. À l’intérieur, des gravats qui pourraient constituer une structure côtière, possiblement une plateforme pour gagner de l’espace sur la mer à l’époque ancienne. On est au commencement de nos investigations donc on a encore besoin de quelques années pour comprendre exactement de quoi il s’agit", précise la co-directrice scientifique des opérations.
Un peu plus loin sur la plage, Margaux et Jade, étudiantes, classifient les différents bouts de bois trouvés pendant leur plongée au cours de la matinée. "Ce sont des prélèvements qui ont été faits sur les 70 pieux qu’on a trouvés depuis le début de nos plongées. Ils serviront à des analyses xylologiques, c’est-à-dire l’étude et la détermination des essences du bois, donc le type de bois, un chêne, un résineux, etc. Ça va nous permettre de savoir lesquelles ont été utilisées à l’époque et de comparer avec ce qu’on a comme végétation aujourd’hui sur l’île. Concrètement, savoir si à l’époque ils ont utilisé des bois qui venaient directement d’ici ou s’ils ont été importés", échafaude Margaux.
Une fois cette étape passée, les morceaux arrivent sur le navire entre les mains d’Alba, spécialiste du bois archéologique, qui effectuera des analyses plus approfondies en laboratoire. "Certains prélèvements seront envoyés pour de la datation au carbone 14. Ça nous permettra d’estimer une date potentielle d’abattage de l’arbre, donc à peu près la date à laquelle le bois a été utilisé", avance l’étudiante.
Lionel Roux.
Le master MoMArch, c’est quoi?
Créé en 2012, le master MoMArch de l’université Aix-Marseille forme chaque année quatre étudiants français et quatre étrangers à l’archéologie sous-marine. "On est des toutes petites promos donc on est très très soudés", atteste Margaux.
Encadrés par des chercheurs du Drassm, du CNRS ou encore de la coopérative d’archéologie sous-marine Ipso Facto, les étudiants y apprennent notamment à adapter les techniques de fouilles terrestres sous l’eau, mais aussi à préparer une opération en amont, et la manière de rédiger un rapport et traiter les mobiliers retrouvés après la plongée.
"On n’est pas sur la même sédimentation ni sur les mêmes structures. Et puis on a beaucoup moins de temps de fouille qu’en terrestre. On est ici trois semaines, avec des plongées relativement courtes. Sur terre, on peut travailler sans difficulté de 8 à 17 heures. Là nos recherches avancent bien plus lentement", reconnaît Anaïs Diméglio.
Fragments d’une vaisselle en sigillé (type de céramique) retrouvée durant une des fouilles des étudiants, qui date de l’époque romaine.
Photo Estelle Fierling.
Apprendre en conditions réelles
L’année universitaire se divise en deux parties: un semestre théorique avec des cours donnés par des enseignants-chercheurs, et un semestre plutôt axé sur la pratique, avec différents ateliers dont ce chantier-école.
"Notre objectif principal, c’est de donner un vrai chantier archéologique à fouiller aux étudiants. C’est-à-dire que ce n’est pas du factice, ce n’est pas de la mise en scène, souligne Mourad el Amouri, co-directeur de la fouille et gérant de la coopérative Ipso Facto. Il y a des années où c’est très facile, où il y a beaucoup de choses à trouver. Et puis d’autres années, c’est l’inverse. On peut faire des prospections pendant des semaines sans rien trouver, ou alors faire un chantier pendant deux jours et récolter plein d’informations qui nous donnent la réponse à nos questions."
Le site sera de nouveau fouillé l’année prochaine par les nouveaux étudiants du MoMArch, dans l’espoir de percer un maximum de mystères sur les occupations passées de l’île.
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