Passée la porte vitrée, c’est son sourire qui accueille la clientèle midi et soir. Entre les tables étoilées et les restaurants concept de Monte-Carlo, "Chez Pierre" joue la carte brasserie française traditionnelle, voulu par son propriétaire, Pierre Baldelli. "Enfin, pour l’instant ce sont les banques qui sont propriétaires", plaisante-t-il avant de raconter l’histoire de cette affaire. La première à son nom pour ce professionnel qui œuvre depuis quarante ans dans la restauration. Son patronyme sonne italien, son accent français mais son passeport est britannique. Sujet de sa Majesté par sa mère qui, jeune fille au pair, a rencontré son père en Principauté.
"J’ai toujours voulu porter des assiettes"
La suite, c’est une enfance en région parisienne et la bougeotte très rapidement. Des tables les plus chics de la capitale française jusqu’aux adresses réputées de Londres. "J’ai toujours voulu porter des assiettes", plaide cet expert d’une salle de restaurant. Pendant une décennie il a pratiqué celle très courue du Cipriani dans la capitale britannique. En 2012, Flavio Briatore, propriétaire de la marque, lui demande de venir encadrer l’ouverture de son Cipriani à Monaco. "Je devais rester trois mois, j’y ai passé neuf ans", raconte le restaurateur, suivi par sa famille en Principauté.
Le confinement a déclenché l’envie de travailler différemment. "Depuis l’âge de 18 ans, j’ai toujours voulu avoir mon restaurant. Et quand l’opportunité s’est présenté mes fils m’ont dit si tu te lances, on te suit". Voilà comment Marco et Luca ont embarqué dans l’aventure d’une brasserie familiale. Le troisième fils, Emilio, après des études d’ostéopathie, a bifurqué vers la pâtisserie – atavisme paternel – et exerce pour l’heure à Londres.
La vie d’entreprise en famille peut rebuter certains. Elle n’est pas toujours radieuse, mais elle est heureuse de l’avis des principaux intéressés qui collaborent au quotidien depuis une année dans la salle. "Mes fils travaillent comme deux avions de chasse", souligne le père, heureux qu’ils l’aient ouvert par exemple, aux réseaux sociaux pour faire connaître leur adresse.
Une cuisine généreuse
Car sans vitrine, ni accès depuis la rue, "Chez Pierre" se classe parmi les tables discrètes du pays. Pas facile d’exploiter l’ancien Fuji, un local fermé pendant sept ans, à l’entrée dérobée derrière un escalator du centre commercial du Métropole, avenue de la Madone.
Compliqué à trouver. Mais quand on connaît, on sait revenir par gourmandise dans cette tanière qui propose une cuisine généreuse et sans chichi. Les portions sont rassasiantes, comme chez mémé. La qualité d’un chef – Franck Laut – passé dans les cuisines d’Anne-Sophie Pic et Christophe Cussac, en plus.
"Ce côté bistrot parisien, cosy, comme un club, c’est ce que nous voulions apporter", confie le patron, dont les clients plébiscitent les escargots, le tartare, les plats canailles, et la large carte de vins. Le tout à déguster sur des banquettes de velours rouge, où la clientèle de connaisseurs profite de cette ambiance sobre et chic. Pari réussi pour Monsieur Pierre qui le répète: "Ce que je veux, avant tout, c’est que les gens se sentent bien ici".
commentaires