"Biereth offre une solution que Monaco n’avait pas": passé par les deux clubs, José Pierre-Fanfan analyse le match PSG-Monaco de ce vendredi soir

Passé par l’ASM et le PSG dans les années 2000, José Pierre-Fanfan sera au Parc des Princes ce soir. L’ex-défenseur place les Parisiens comme favoris, mais juge Monaco mieux armé avec le Danois.

Article réservé aux abonnés
par Vivien Seiller Publié le 07/02/2025 à 12:00, mis à jour le 07/02/2025 à 12:00
José Pierre-Fanfan a porté le maillot de l’ASM de 2001 à 2003, avant de filer à Paris entre 2003 et 2005. Il est aujourd’hui consultant pour Canal +(photo ci-dessous). (Photos archives NM et Max PPP)

C’est un nom qui fleure bon la Ligue 1 des années 2000. Ou plutôt la Division 1 comme on l’appelait encore au début du siècle. Solide défenseur du championnat de France, José Pierre-Fanfan a connu trois clubs historiques de l’elite. Champion en 1998 avec Lens, le natif du Nord a ensuite porté les couleurs de l’AS Monaco (2001-2003) puis du PSG (2003-2005). Avec un tel CV, l’affiche du soir lui parle forcément même si les années ont filé et le football bien changé. Pour Nice-Matin, l’ancien joueur de 49 ans a analysé les atouts des deux équipes et glissé quelques souvenirs.

José, à quoi ressemble votre quotidien?

Je suis consultant pour le groupe Canal + et installé sur Paris. Ça occupe 70% de mon temps. J’ai encore quelques joueurs en centre de formation avec mon activité d'agent. Je régénère mon portefeuille.

L'après-carrière, c'est difficile à gérer?

Ça se prépare, mais ce n'est jamais simple. Tu as eu une vie de gamin jusqu'à la trentaine et tu bascules dans la vie d'adulte, dans la réalité. Quand tu arrêtes, tu ne retrouveras ton quotidien nulle part. La rupture est brutale. Mais les joueurs l'abordent de mieux en mieux, ils sont plus dans l'anticipation.

Vous connaissez le PSG et Monaco. Avantage Paris?

Je dirais avantage Paris malgré tout, oui. Ils sont leaders, invaincus et sur les confrontations récentes ils étaient supérieurs. Mais Monaco a des arguments, Biereth commence à s'installer. Ils avaient des soucis sur le front de l'attaque et il apporte une solution pour l'instant. Est-ce que ce sera suffisant face au PSG? On ne peut pas le dire. C'est une équipe qui se crée des situations mais qui dépendait trop d'Akliouche voire de Ben Seghir. Embolo n'arrivait pas à endosser ce costume de buteur. Biereth apporte cette solution, donc ça soulage un peu.

Monaco a réglé un souci si Biereth enchaîne?

Disons que le souci était clairement identifié: ils avaient un joueur qui tournait à 20 buts chaque saison avec Ben Yedder et son départ n'a pas été compensé. Embolo n'a jamais été un buteur, même en Bundesliga, qui est un championnat très ouvert… (1) Je ne dis pas que Biereth est d'un niveau top 3 européen, mais il offre une solution que Monaco n'avait pas. Est-ce que c’est suffisant pour se frotter à Marquinhos et Pacho? Je ne suis pas convaincu.

On imaginait les deux équipes plus proches…

On peut parler de déception pour Monaco, notamment en voyant le groupe et les ambitions affichées par le club. Monaco apparaissait comme un vrai challenger et, au fil des matchs, on a été plutôt déçu. Ce n'est pas une équipe qui est montée en puissance au niveau de la production du jeu. Golovin ou Minamino n'ont pas su prendre la place qu'ils devaient prendre dans cette période.

À Monaco, Kehrer et Singo semblent être les plus complémentaires derrière.

Oui. Salisu est un peu une déception, j'en attends plus de lui, par rapport à ce qu'il dégage. Dans les duels, dans l'engagement et dans ce qu'il doit produire, ce n'est pas suffisant. Tactiquement aussi. Il y a beaucoup d'erreurs dans la lecture, le placement ou la prise d'information. Il coûte des buts ou des situations, alors que c'est l'un des joueurs qui aurait dû s'imposer. Kehrer a trouvé un contexte qui lui convient. On sent qu'il est épanoui, qu'il affiche une forme de leadership. Singo est très intéressant par sa qualité athlétique. Les deux forment la meilleure charnière à mes yeux.

Le 8e de finale de Ligue des champions qui arrive?

Je les vois, et je l'espère, battre le Benfica. Ils avaient le match en main au Louis II et ils l'ont donné (défaite 3-2 fin novembre). Il y a eu ces 10 minutes folles où ils ont totalement déraillé. Je pense qu'ils ont perdu pas mal de choses avec cette défaite, derrière ils ont été méconnaissables. Ça leur a fait mal. Ils leur avaient donné ce match, ou en tout cas les arguments pour y croire. Il y a une vraie revanche à prendre. Je pense qu'ils ont les ressources pour le faire.

La jeune génération se souvient des anciens, comme vous?

Il y a une forme d'identification naturelle, on reconnaît toujours un ancien même sans le nom. Mais on est dans un football de consommation: les jeunes sont vite mis très haut et peuvent redescendre aussi vite. Il se passe des choses pas toujours compréhensibles. Dans notre génération, il fallait s'installer pour pouvoir affirmer quelque chose. Aujourd'hui, Khusanov fait une poignée de matchs avec Lens et il part pour 50 millions (à Manchester City). Il y a 20 ans, ça aurait été impossible.

Et les clubs se ferment…

On a connu des centres d'entraînement qui étaient déjà de très haut niveau, mais avec un accès pour les supporters. Aujourd'hui tout est verrouillé, il n'y a plus d'accès pour personne. Même pour les anciens, il faut prévenir, montrer patte blanche… C'est devenu très fermé. L'échange avec les supporters se fait sur les réseaux.

Une fausse proximité?

C'est une proximité artificielle. On le voit pour les présentations ou les départs de joueurs. Ça manque souvent de sincérité, de spontanéité.

Votre meilleur souvenir?

Je dirais un souvenir hyper excitant: un match Marseille-Monaco. C'était toujours très particulier de se déplacer au Vélodrome. Il y avait beaucoup de tension, d'animosité avec l'affaire Gallardo (2). L'année suivante, ‘‘Marce’’ était encore là et on sentait que c'était spécial. Faire un résultat là-bas, ça avait une saveur particulière.

Le plus douloureux?

Avant d'arriver à Monaco, je n'avais pas connu de blessures hormis une fracture tibia péroné et là, j'ai enchaîné les pépins physiques. J'ai eu des soucis musculaires. J'allais me faire soigner à Lyon, on avait hésité à m'opérer… J'ai galéré pendant plusieurs mois, ça m'a privé des terrains et d'une dynamique.

L’entraîneur qui vous a le plus marqué?

Didier (Deschamps) était un jeune entraîneur mais on sentait déjà les prémices, sur le plan tactique notamment. Il était très pointu, dans le détail. L'année où on est champion avec Lens (1998), Daniel Leclercq était impressionnant. Rude, certes, mais il n'y a jamais eu deux séances identiques.

Le joueur qui vous a le plus impressionné?

Je dirais que (Dennis) Bergkamp m'a surpris. Techniquement et niveau vitesse avec le ballon. Sinon, il y a des joueurs contre lesquels je n'aimais pas jouer. Trezeguet par exemple: tu pensais maîtriser tout le match et tu retournais aux vestiaires en ayant perdu 1-0, c'est lui qui avait marqué alors qu'il n'avait pas touché un ballon du match…

1. 11 buts marqués lors de sa saison la plus prolifique en Allemagne.

2. En avril 2000, une bagarre avait éclaté

dans le tunnel du stade Vélodrome à la mi-temps d’une rencontre entre Marseille et Monaco (4-2).

“Rhôooooooooo!”

Vous utilisez un AdBlock?! :)

Vous pouvez le désactiver pour soutenir la rédaction du groupe Nice-Matin qui travaille tous les jours pour vous délivrer une information de qualité et vous raconter l'actualité de la Côte d'Azur

Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.

Si vous souhaitez conserver votre Adblock vous pouvez regarder une seule publicité vidéo afin de débloquer l'accès au site lors de votre session

Monaco-Matin

Un cookie pour nous soutenir

Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.

Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.

Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.