Continuer à regarder ses films après le verdict, un choix éthique
Avant que cette affaire n'éclabousse sa carrière, Gérard Depardieu incarnait pour beaucoup l'excellence du cinéma français, une figure presque intouchable. Y compris au Festival de Cannes.
Certains sur la Croisette le décrivent encore comme un "grand acteur", tout en reconnaissant qu'il avait l'air d'être un "excellent bon vivant, un jouisseur". Sépareront-ils l'homme de l'artiste?
Pour certains, la réponse est tout de même oui... mais pas sans "arrière-pensées". Son image est désormais fissurée. Des spectateurs continueront à regarder ses vieux films, mais "avec un peu de retenu quand même", voyant l'acteur "d'un œil différent".
Richard, qui le suivait "depuis toujours", avoue avoir eu "beaucoup d'admiration pour l'individu" par le passé. Il compare sa réflexion du moment à celle concernant les films de Woody Allen, qu'il évite maintenant.
À l'opposé, Laurence, qui déclare "adorer cet acteur", continue "d'adorer ses films". Mais elle avoue aussitôt qu'elle le considérait déjà, avant les affaires de violences sexuelles, comme "un mec gras qui parle mal (sic)".
Pour Nadine, qui confie ne "jamais l'avoir trop aimé" et "zapper depuis toujours" ses films lorsqu'ils passent à la télé, la question ne se pose pas.
Quant au jeune Enzo, il est catégorique: "On ne peut pas séparer l'homme de l'artiste quand on sait qu'il a commis de tels méfaits."
Quid des victimes?
Laurence insiste sur la nécessité "d'avoir de la compassion" et "du respect pour des victimes". Nadine imagine qu'elles "ne doivent pas être très heureuses du résultat du procès".
L'affaire Depardieu ouvre aussi sur des réflexions sociétales plus larges. Richard, particulièrement sensible à la "protection des femmes" en tant que médecin, juge la situation "inacceptable" et espère qu'on passera à une "autre étape de l'humanité".
Il s'inquiète d'une "dérive" chez les hommes, et de l'arrivée dans notre quotidien de "masculinistes", trouvant cet aspect sociétal "problématique à l'heure actuelle".
Pour Laurence, ce qui est reproché à Gérard Depardieu n'est pas isolé: "Tellement d'artistes sont concernés."
La commission d'enquête sur les violences dans le milieu culturel, présidée par la députée Sandrine Rousseau, qui a rendu ses conclusions finales le 7 mai et formulé 86 recommandations, ne dit pas le contraire.
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