"Nous sommes venus personnaliser la guerre": qui sont ces musiciens militaires ukrainiens mis à l’honneur au Festival de Cannes?

Artistes professionnels et blessés de guerre, des membres des "Cultural forces" sont venus à Cannes et Nice porter un message de résistance. Ils appellent les Européens à défendre de concert leur identité culturelle.

Christophe Cirone Publié le 17/05/2025 à 13:00, mis à jour le 17/05/2025 à 15:26
Les membres des "Cultural forces" dans les locaux de l’Afuca, à Nice, devant les oeuvres de l’artiste Daria Alyoshkina. Photo Christophe CIRONE/Nice Matin

La musique adoucit les mœurs, mais elle est aussi une force en temps de guerre. "Cultural forces": c’est le nom d’une unité militaire ukrainienne créée en mars 2022, peu après le début de l’invasion russe. Depuis, huit groupes mobiles de musiciens en treillis montent au front au quotidien, pour soutenir le moral des troupes et offrir un autre visage de la résistance ukrainienne. Et ce, jusqu’à Nice et Cannes.

Ce vendredi soir, un groupe de musiciens militaires a posé sur le tapis rouge cannois aux côtés de Sean Penn, Bono et The Edge. Ce samedi à 19h, il clôture le festival Kobzart organisé à Nice par l’association franco-ukrainienne de la Côte d’Azur (Afuca). C’est dans ses locaux que nous le rencontrons. Yurii Ivaskevych et Serhii Ivachuk sont chanteurs d’opéra, Olha Rukavishnikova est violoniste, Taras Stoliar joue de la bandoura, cet instrument ancestral "que tous les ennemis de l’Ukraine ont tenté d’éradiquer". Mykolai Sierga, le fondateur des "Cultural forces", est aussi du voyage.

"Avant la guerre, tous étaient des musiciens professionnels. Aucun n’avait fait de carrière militaire", explique dans un français impeccable leur attaché de presse Valéry Shyrokov, épaulé par le vidéaste Artem Poznanskyi - deux soldats eux aussi. "Tous se sont portés volontaires dès le premier jour de guerre. Peu à peu, ils ont appris à manipuler les armes plutôt que les instruments."

Des musiciens militaires ukrainiens invités sur la Côte d'Azur Christophe CIRONE / Nice Matin.

"Préserver notre culture"

Depuis, la musique les a rappelés à elle. Car tous sont des blessés de guerre. Yurii a vu sa jambe gauche arrachée par une mine près de sa ville de Zaporijia. Olha a perdu son œil gauche lors de combats près de Kiev. Serhii a reçu cinq balles lors d’opérations d’évacuation près de Kharkiv. Certaines ont perforé ses poumons. Pour lui, chanter à nouveau, "c’est une forme de miracle".

Pourquoi jouer dans le fracas des bombes? "Pour montrer aux soldats qu’ils sont là pour une cause: préserver notre culture, explique Valéry. À travers la musique, on se bat pour le droit d’exister." Une arme de communication massive? "Oui", répond le groupe à l’unisson. "C’est aussi un message à la diaspora ukrainienne. Nous sommes venus personnaliser la guerre. Et le Festival de Cannes permet de toucher des personnalités du monde entier."

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Gratitude envers la France

Face à l’inconstance Trump, l’Ukraine recherche des alliés. Ces soldats saluent "le soutien des pays européens pour faire en sorte que la guerre finisse le plus vite possible". Ils sont "très reconnaissants envers la France et le Président Macron, qui est en train de prendre le leadership en Europe dans la résolution de la guerre. Nous voulons montrer que l’Ukraine appartient au paysage culturel européen."

En déployant toute la palette des émotions, à la force d’un archet ou de leurs poumons, ces musiciens portent un message: "Plus jamais ça! Il faut donner la leçon au pays agresseur. Montrer que l’Europe reste unie pour stopper l’avancée de la Russie. Car Poutine ne s’arrêtera pas là." Leur but: "La reprise de tous les territoires occupés. On ne recherche pas la paix à tout prix."

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