La série d’attaques qui a plongé 160.000 foyers dans le noir samedi entre les Alpes-Maritimes et le Var a révélé une faiblesse inquiétante du réseau électrique français...
En réaction, RTE, le gestionnaire du transport d’électricité, a renforcé la protection de ses infrastructures les plus sensibles.
Une nouvelle mesure de gardiennage a été déployée sur certains sites jugés à risque. Des renforts humains qui viennent compléter un dispositif de sécurité déjà existant incluant clôtures, vidéosurveillance et d’autres moyens de détection confidentiels "qu’on ne peut pas détailler pour des raisons évidentes", indique RTE.
Ce basculement vers une sécurisation active intervient après trois attaques en deux jours: un poste électrique incendié à Saint-Cassien, dans l’enceinte de l’usine de Tanneron dans la nuit de vendredi à samedi, un pylône scié à Villeneuve-Loubet dans le secteur escarpé de la Vanade, ayant entraîné une coupure massive samedi matin, et un transformateur réduit en cendres à l’Ouest de Nice, dans la nuit de samedi à dimanche. Des actions potentiellement coordonnées, qui ont ciblé des points névralgiques du réseau, provoquant des perturbations significatives malgré une remise en service rapide.
Une surveillance permanente des pylônes impossible
Le réseau que gère RTE s’étend sur 106.000 kilomètres de lignes à très haute tension, soutenues par un maillage de pylônes disséminés à travers tout le pays, souvent en pleine nature.
Ce modèle étendu rend la surveillance permanente impossible. Et si les postes électriques — environ 2.800 en France, dont plusieurs dizaines, voire centaines, dans les Alpes Maritimes et le Var — sont plus faciles à contrôler, tous ne peuvent bénéficier du même niveau de protection.
La priorité est donc donnée aux plus stratégiques, identifiés en lien avec les autorités locales et les forces de l’ordre.
Des individus qui connaissaient les failles de sécurité?
"Les outils existants, comme les capteurs installés sur les lignes, permettent de détecter des anomalies, mais sans en préciser l’origine", explique la RTE. Lors d’un incident, des équipes doivent donc se déplacer pour constater les dégâts, ce qui peut s’avérer compliqué lorsque l’accès est difficile, comme ce fut le cas à Villeneuve-Loubet.
Le choix de ce pylône isolé suggère d’ailleurs une action minutieusement préparée, menée par des individus connaissant bien le terrain et les failles du réseau.
Face à ces limites, RTE ajuste sa stratégie. Outre le renforcement de la présence humaine, des discussions sont en cours avec les pouvoirs publics pour améliorer la prévention et la réponse en cas d’intrusion ou de sabotage.
Mais protéger un réseau conçu pour transporter de l’électricité, et non pour résister à des attaques ciblées, reste un véritable casse-tête... Sa structure, par définition ouverte et répartie sur tout le territoire, ne se sécurise malheureusement pas comme un bâtiment clos.
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