"Trop de monde reste convaincu qu’un mégot de cigarette ne peut pas déclencher d’incendie", estime ce spécialiste
Les mégots jetés par les automobilistes sont identifiés comme une cause majeure du risque d’incendies. Pourtant, certains persistent à croire que ce geste, si inconséquent, serait sans danger…
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Philippe ZamariPublié le 20/07/2025 à 06:00, mis à jour le 20/07/2025 à 06:00
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En août 2021, le terrible incendie de Gonfaron (deux morts et 7.000 hectares détruits) était parti d’un mégot jeté sur l’aire d’autoroute des Sigues, sur l’A57.
Photo doc J.F.O.
Malgré les campagnes de prévention et les messages de sensibilisation portés depuis des décennies, par les soldats du feu et tous les acteurs de la prévention et de la lutte contre les feux de forêt, "il y a encore trop de monde qui reste convaincu qu’un mégot de cigarette ne peut pas déclencher d’incendie…"
Le constat est porté par Luc Langeron, directeur du département "Information et prévention" de l’entente Valabre (1). Cette année encore, elle va mener de nombreuses actions de prévention et de sensibilisation, en ciblant les fumeurs…
"Selon les études menées par la fondation Vinci, qui figure parmi nos partenaires, un fumeur sur cinq avoue jeter encore régulièrement ses mégots par la fenêtre", regrette Luc Langeron. "Et encore, un sur cinq qui l’avoue, c’est probablement bien plus dans les faits".
Le cadre de Valabre veut tout de même y voir une évolution positive: "Cela démontre que les efforts paient, car c’est un chiffre qui a tendance à diminuer. Mais c’est encore beaucoup trop! On fait face à une sorte de noyau dur de personnes qui pensent que leurs mégots ne peuvent pas mettre le feu…"
Aussi, au-delà de la menace d’une amende de 135 euros, il s’agit de les convaincre de la dangerosité réelle de leurs gestes.
Pour y parvenir, les responsables de Valabre misent sur la science, les faits, et la pédagogie. "Nos tests, en laboratoire, mettent en lumière un mécanisme très simple à expliquer. Jeté par la fenêtre d’une voiture, un mégot roule jusqu’au bord de la route. Sa fraise, le bout incandescent, est à 400 degrés environ, les herbes sont très sèches à cet endroit, avec moins de 5% d’eau, et même s’il n’y a pas de vent naturel à ce moment, la seule circulation provoque un souffle continue d’environ 5km/h…La braise du mégot, par conduction, entre en pyrolyse avec un premier végétal, et génère des premières fumées. Ces fumées, ces gaz, s’enflamment, et le feu est parti. Tout cela prend moins d’une minute".
Luc Langeron, directeur du département " Information et prévention" de l’entente Valabre, basée à Gardanne.DR.
Plus de 2.500 mégots sur 100 mètres de route
Et lorsque les conditions deviennent moins favorables (températures et vent en hausse, hygrométrie des végétaux en baisse), les risques augmentent considérablement…
Cette démonstration est par ailleurs expliquée par le docteur en sciences et ingénieur en énergétique Téo Polimann, du Centre de recherche et d’essais de Valabre dans une vidéo (1).
Tous les mégots jetés par les fenêtres des voitures ne provoquent pas d’incendie, fort heureusement, "mais sur la quantité jetée, les risques sont énormes!"
L’entente Valabre avance ainsi le chiffre de "2.541mégots retrouvés sur les bords d’une portion de 100mètres de route départementale".
Chargé de mission études et prospectives, retour d’expérience au Service départemental d’incendie et de secours du Var (Sdis 83), le lieutenant-colonel Michel Persoglio fait également face "régulièrement, à des fumeurs qui maintiennent que leurs mégots ne peuvent pas provoquer d’incendies… Mais alors, d’où partiraient les très nombreux départs de feux que l’on constate sur les terre-pleins centraux des autoroutes?"
Outre les mégots, "première imprudence en cause lors des feux de forêt et de végétation", l’entente Valabre "sensibilise aussi sur les autres imprudences susceptibles de provoquer des feux: barbecues sauvages, cigarette en forêt, travaux chez les particuliers… Tout cela est très réglementé, notamment par arrêtés préfectoraux, et ce n’est pas pour rien!", conclut Luc Langeron.
1. Basée à Gardanne, dans les Bouches-du-Rhône, l’entente Valabre est un établissement public spécialisé dans la gestion des risques naturels majeurs. Sa mission est de prévenir les risques naturels en particulier les incendies. Son action est structurée autour de quatre axes: l’information et la prévention, la formation à la Sécurité civile (chaque année, près de 5.000 acteurs de sécurité civile – sapeurs-pompiers professionnels et volontaires, militaires, etc. – y sont formés), des essais et recherche, et enfin le développement des technologies et de l’innovation. L’entente regroupe aujourd’hui 31 collectivités, incluant 15 départements et 15 services départementaux d’incendie ainsi que la collectivité territoriale de Corse.
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