"Un pansement sur une jambe de bois", se lamente Maurice. "Vous en neutralisez un, il y en a dix qui arrivent", enchaîne-t-il, alors qu’une voiture de police passe, à faible allure, avenue Martin Luther King.
Ce grand-père connaît les Moulins comme sa poche. Il y vit depuis 38 ans. Et il a fini de croire à toutes les mesures qui sont prises pour ramener le calme dans son quartier. "Plus la police, vient plus il y a de trafics et plus on se sent en insécurité", glisse-t-il en rentrant à La Poste. " Depuis une dizaine d’années, c’est de pire en pire. Ce n’était pas comme ça ici avant, on vivait bien mieux", lâche-t-il en agitant la main.
Nice, Cannes et Grasse
Ce lundi matin, le préfet des Alpes-Maritimes a révélé que pour la première fois, il avait activé "l’interdiction de paraître". Dix-sept individus, à Nice, Cannes et Grasse sont concernés par cette première vague. D’autres vont suivre, annonce Laurent Hottiaux.
Cette nouvelle arme administrative vise à interdire à une personne impliquée dans un trafic de drogue de se rendre sur le point de deal (1) où elle opère, indépendamment des poursuites judiciaires. Qu’il s’agisse d’un vendeur, d’un guetteur, d’un rabatteur ou d’un approvisionneur. "En cas de non-respect, l’individu risque jusqu’à six mois d’emprisonnement et 3.750 euros d’amende", rappelle le représentant de l’État.
"C’est pas ça qui va empêcher le deal"
Assis sur un bloc de pierre, devant la place des Amaryllis, le cœur battant des Moulins, Sofiane et un "collègue" scrollent sur leur téléphone. Pas loin d’eux, deux lieux de trafic. À la vue de tous. "C’est jamais les mêmes qui les tiennent", rigolent-ils, en montrant les chaises installées sur la chaussée. Les deux habitants des Moulins n’ont jamais entendu parler de cette nouvelle mesure. Loin d’être convaincus. "C’est pas ça qui va empêcher le deal", rigole Sofiane.
"L’interdiction de paraître" est une disposition de la loi contre le narcotrafic, promulguée en juin 2025, qui vise à renforcer la lutte contre le business de la drogue et qui permet " une action administrative plus efficace pour éloigner les individus liés au trafic des points de deal, véritable fléau de notre société", décrypte Laurent Hottiaux. Qui n’en a pas terminé dans sa bataille pour juguler le deal: "Les autres mesures de police administrative introduites par la loi telles que l’expulsion locative, la fermeture de commerce ou le déréférencement de contenus en ligne seront prochainement mises en œuvre", prévient le préfet.
1. L’interdiction de paraître doit concerner une portion de la voie publique, un équipement collectif ou des parties communes d’un immeuble à usage d’habitation en lien avec des activités de trafic de stupéfiants. L’interdiction ne peut donc pas comprendre le domicile de l’intéressé
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