13h30, ce mercredi, au lycée horticole d’Antibes. Un établissement de 450 élèves, baptisé " Lycée Vert d’Azur ". Un cri retentit et la pause de midi bascule soudain dans l’horreur. Un élève revient au centre de documentation et d’information (CDI), affolé. Il explique qu’une professeure a été poignardée. Quelques instants plus tôt, un ancien élève âgé de 18 ans, habillé en tenue militaire, a réussi à pénétrer dans l’établissement, un couteau de cuisine en main. Il s’en est d’abord pris à un élève de seize ans, le blessant légèrement, avant de se diriger vers la salle des professeurs.
Le proviseur héroïque
Là, il poignarde trois fois une professeure d’anglais de 52 ans, qui se trouvait ce mercredi soir dans un état grave, hospitalisée à Pasteur 2, à Nice. Alors qu’il se dirige vers l’arrière de l’établissement, l’assaillant croise le proviseur qui va être héroïque, parvenant à le calmer. Un équipage de police de la Bac d’Antibes débarque, l’interpelle. Un sac à dos est retrouvé dans la cour, avec un second couteau à l’intérieur.
Durant tout ce temps, les élèves, terrorisés, se sont confinés dans les locaux. "On s’est directement mis dans les vestiaires et on s’est enfermés, fenêtres fermées", témoigne un élève. L’effroi, la sidération, se sont propagés.
L’agresseur d’origine turque, qui vient d’être interpellé, est extrêmement dangereux. Ce fan d’Anders Behring Breivik – l’homme qui avait tué 77 personnes sur l’île d’Utoya, en Norvège, en 2011 – avait déjà été interpellé en février 2024 après un signalement du conseil départemental. Il préparait alors une tuerie de masse au Lycée Vert d’Azur. Il avait été incarcéré jusqu’en décembre 2024.
Le nouveau procureur de la République de Grasse, Eric Camous, s’est immédiatement rendu sur place. Il a confié l’enquête judiciaire au service interdépartemental de police judiciaire (SIPJ) de Nice. L’association d’aide aux victimes habilitée "Harpeges" a été mobilisée.
Dès les révélations de Nice-Matin, la polémique a enflé. Comment un jeune homme qui prévoyait une tuerie de masse un an plus tôt, doté de si lourds antécédents psychiatriques, a-t-il pu se retrouver dehors et poignarder plusieurs personnes? L’établissement, à la lumière des faits de 2024, était-il suffisamment sécurisé?
La ministre de l’Agriculture sur les lieux
"C’est un individu isolé, ancien élève. Il a été maîtrisé grâce au courage du proviseur qui a discuté avec lui alors qu’il était armé", a commenté Jean Leonetti, le maire d’Antibes, qui s’est rendu sur place. Il a aussi, comme le député de la circonscription, Éric Pauget, salué l’action des forces de l’ordre et des secours.
La ministre démissionnaire de l’Agriculture, Annie Genevard, s’est rendue sur place ce mercredi soir – l’établissement dépend de son ministère. Une cellule psychologique a été déployée pour accompagner le personnel enseignant et les élèves. "L’école doit rester un sanctuaire républicain: la violence n’y a aucune place et ne sera jamais tolérée", a commenté la ministre.
Selon le procureur de Grasse, l’assaillant a été placé en garde à vue des chefs "d’introduction armée dans un établissement scolaire et de tentative d’assassinat". Son casier judiciaire ne porte trace d’aucune condamnation. Le procureur a confirmé entre les lignes les informations de Nice-Matin, indiquant que le jeune homme est connu "pour avoir été incarcéré alors qu’il était mineur dans le cadre d’une information judiciaire en cours au tribunal judiciaire de Grasse du chef d’apologie de crimes. Cette procédure met en lumière une dimension psychiatrique."
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