Une cinquantaine d'adolescents français de confession juive qui rentraient de vacances en Espagne ont été brutalement débarqués d'un avion, amenant l'association organisatrice du séjour à annoncer jeudi 24 juillet, son intention de déposer une plainte pour "discrimination" contre la compagnie aérienne espagnole Vueling.
Dans un long communiqué publié jeudi matin sur le réseau social X, cette compagnie à bas coût a imputé cet incident aux adolescents, les accusant d'avoir eu un "comportement inapproprié" et "une attitude fortement conflictuelle, mettant en péril le bon déroulement du vol".
Mais l'association Club Kineret, organisatrice de cette colonie de vacances, a répliqué dans l'après-midi par un communiqué dans lequel elle dément "formellement et catégoriquement" la version de Vueling.
"Nous allons déposer une plainte pour violence physique, psychologique et discrimination sur le fondement de la religion", a déclaré à l'AFP l'avocate de Club Kineret, Julie Jacob, évoquant des "circonstances aggravantes" étant donné qu'il s'agit - au moins pour certains - de "mineurs de moins de 15 ans". L'association précise dans son communiqué que le groupe comportait "44 enfants (...) encadrés par sept adultes".
L'incident s'est produit mercredi après-midi, lorsque ces adolescents, qui se trouvaient en Espagne depuis deux semaines, s'apprêtaient à décoller de l'aéroport de Valence (sud-est) à bord d'un vol de la compagnie Vueling à destination de Paris-Orly. Deux versions s'opposent sur ce qu'il s'est passé à ce moment-là.
A en croire Vueling, les adolescents auraient "manipulé de manière inappropriée du matériel de sécurité et interrompu activement la démonstration obligatoire des consignes".
"Malgré de nombreux avertissements, ce comportement inapproprié a persisté", amenant l'équipage à demander "l'intervention de la Garde civile" (équivalent de la Gendarmerie), qui a alors "procédé au débarquement du groupe afin de garantir la sécurité du reste des passagers", selon la compagnie.
Vueling assure encore que "le comportement agressif du groupe s'est poursuivi" à la sortie de l'avion et qu'une des adultes encadrant le groupe a été arrêtée.
Une vidéo présentée comme celle de cette interpellation a circulé sur les réseaux sociaux, montrant une jeune femme plaquée au sol sans ménagement et menottée par des agents de la Garde civile.
Contactée par l'AFP, une porte-parole de la Garde civile a confirmé le récit de Vueling, assurant que les membres du groupe n'avaient pas écouté les consignes répétées de l'équipage.
La monitrice a été interpellée "parce qu'elle refusait de descendre de l'avion et d'obéir aux agents", a complété cette porte-parole, précisant qu'elle avait été rapidement remise en liberté.
Mais cette version est battue en brèche par l'association Club Kineret, qui parle d'une "scène d'une brutalité rare, injustifiée, et manifestement empreinte de partialité".
"Aucun incident, aucune menace, aucun comportement inapproprié (de la part des adolescents, NDLR) n'a été signalé", poursuit l'association dans son communiqué.
"Débarqués comme des chiens"
Club Kineret affirme encore que "plusieurs passagers indépendants présents dans l'avion ont rédigé des attestations écrites confirmant que les enfants ne représentaient aucun trouble à l'ordre public ni à la sécurité du vol".
Avant cela, les parents de certains enfants s'étaient déjà élevés dans les médias contre la version de Vueling.
Les enfants étaient "tranquilles" quand la Garde civile est arrivée, a ainsi assuré la mère de l'un de ces adolescents, Karine Lamy, sur la chaîne israélienne i24News, dénonçant "un acte antisémite".
Contactée par l'AFP, la mère d'un autre adolescent a affirmé sous le couvert de l'anonymat que la monitrice interpellée, âgée de 21 ans, avait été "plaquée au sol et emmenée manu militari" par la Garde civile pour avoir voulu empêcher la saisie des téléphones des jeunes, afin d'empêcher les agents d'effacer les vidéos qu'ils avaient tournées.
Dans l'avion, "ils n'étaient pas 50 à chanter", a-t-elle ajouté, contestant "l'image d'Epinal du retour de colo avec 50 gosses déchaînés".
"Je n'aime pas dire que c'est de l'antisémitisme de prime abord", mais "là, en l'occurrence, je ne vois pas trop ce qui a pu justifier tout ça", a-t-elle encore dit à l'AFP.
"Ils ont été débarqués comme des chiens", a-t-elle lancé, précisant que les plus jeunes étaient "des gosses de 12-13 ans".
commentaires