Son locataire refuse de partir, il tague sa maison et fait la grève de la faim pour récupérer son bien

Son locataire refusant de quitter son studio situé à Mandelieu malgré le non-renouvellement du bail, Fabien, 58 ans, a tagué la façade : « Rendez-moi ma maison » et entamé une grève de la faim jeudi dernier.

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Gaëlle Arama Publié le 17/09/2025 à 04:00, mis à jour le 17/09/2025 à 04:00
Fabien S., 58 ans, a choisi un moyen radical pour trouver une issue à son contentieux avec son locataire : la grève de la faim et un graffiti géant sur sa propre maison à Capitou. Photo G. A

Sur la façade d’un blanc immaculé de cette ravissante petite maison de la rue de la Laiterie, une étonnante inscription à la bombe noire: "Rendez-moi ma maison, grève de la faim".

Un tag qui surprend et qui tranche avec l’ambiance pittoresque du quartier Capitou récemment rénové de Mandelieu-la-Napoule. Sur une pancarte en carton collée à la porte du garage, le même message ahurissant: "Grève de la faim pour récupérer ma maison squattée".

Bail expiré depuis fin mai

Le graffiti géant sur son propre bien et la grève de la faim, ce sont les moyens radicaux et médiatiquement porteurs qu’a choisis Fabien S., 58 ans, pour faire parler de son problème.

De quoi s’agit-il? D’un banal conflit entre propriétaire et locataire sur fond de crise du logement, de précarité sociale et de camaraderie trahie comme il y en a des milliers.

Voilà le sel de l’affaire: depuis une douzaine d’années, Fabien louait le premier étage - un studio de 30m2 - à François P., 58 ans, un copain. Mais en juin 2024, le propriétaire informe le locataire que son bail, qui arrivait à échéance le 30 juin dernier, ne serait pas renouvelé. "Je l’ai informé il y a quinze mois. Je souhaitais récupérer cet appartement pour loger un soignant pour ma mère de 88 ans qui est dépendante et habite à côté de chez moi. Mais il n’est pas parti et il n’a plus payé le loyer de 450 euros depuis".

"Je suis prêt à aller jusqu’à l’hospitalisation"

D’apparence joviale, Fabien qui travaille ponctuellement dans l’événementiel, est aussi du genre têtu. Jusqu’au boutiste. Quand d’autres s’en remettraient à la justice, lui n’encaisse pas. Il a bien pris un avocat pour entamer une procédure d’expulsion et écrit au maire de sa commune. Mais il a aussi décidé de mettre sa vie en jeu: il dit avoir arrêté de s’alimenter depuis le jeudi 11 septembre.

"Je ne bois que de l’eau et du thé. J’ai perdu 3kg. J’ai des coups de mou. Mais je suis prêt à aller jusqu’à l’hospitalisation. C’est un acte politique. Je veux faire pression sur les services sociaux pour qu’ils lui trouvent un logement avant la trêve hivernale. Ce n’est pas un problème financier -je n’ai pas de crédit sur cet appartement- mais une question d’éthique, de morale, de respect. La grève de la faim est un palliatif à la violence. J’ai la haine. Avec cette grève de la faim, j’ai l’impression de reprendre la main sur la situation. ". La police municipale veille

Prévenue de ce jeûne aux allures de coup de projecteur assumé, la police municipale de Mandelieu passe régulièrement chez Fabien s’assurer que sa santé se maintient. Entre les deux hommes qui résident à 200mètres l’un de l’autre, une guerre picrocholine s’est instaurée, émaillée de coups de pression, d’intimidation et de versions contradictoires.

"La situation peut être dangereuse", souligne Guy, un ami proche de Fabien, qui alerte: " Il faut une prise de conscience générale pour qu’une issue soit trouvée rapidement".

A suivre.

"Je ne suis pas un squatteur"

Interrogé, François P., le locataire, admet être dans l’illégalité en demeurant dans le logement. Mais justifie: "Je ne suis pas parti car je ne peux pas partir. Mais je ne suis pas un squatteur. J’ai payé tous mes loyers. En invalidité depuis 2016 avec une discopathie, je ne peux plus travailler. J’ai demandé un logement social. Je cherche une solution".

Outre un désaccord financier sur le paiement des factures d’eau et d’électricité, il rapporte aussi des tentatives d’intimidation de son ex-ami et propriétaire. "Il y a trois semaines, il a bloqué la porte d’entrée de mon logement alors que j’étais à l’intérieur, a arraché ma boîte aux lettres, a mis de la graisse sur ma poignée de porte."

La grève de la faim de son propriétaire? "C’est la grève du Pépito!".

Contactée, la Ville de Mandelieu indique que "son bail prenant fin en juin 2025, François P. a été reçu par le CCAS en janvier dernier, qu’il est suivi par l’assistante sociale du pôle Accompagnement. et que les services municipaux travaillent à une proposition de relogement avec les bailleurs sociaux".

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