Un "fléau" auquel l'exécutif a promis de s'attaquer et qui a suscité un émoi national. Ce mardi matin, aux alentours de 8h30, un élève du collège Françoise-Dolto de Nogent en Haute-Marne a poignardé une surveillante, au cours du contrôle de son sac par les gendarmes.
L'auteur des coups de couteau, un élève de 14 ans, a été aussitôt interpellé et placé en garde à vue. La victime est décédée des suites de ses blessures, elle avait 31 ans. Dans cette attaque, un militaire a également été légèrement blessé en tentant de maîtriser l'adolescent.
Un collégien "ambassadeur harcèlement"
A l'annonce de ce drame, Elisabeth Borne, ministre de l'Education a s'est rendue sur place. Elle a dressé un portrait détaillé de l'adolescent placé en garde à vue. L'adolescent, "un collégien de 14 ans qui n'avait pas d'antécédents judiciaires", a été immédiatement maîtrisé par les gendarmes présents, a rapporté le procureur de Chaumont Denis Devallois
"C'est un jeune d'une famille dont les deux parents travaillent, qui ne présente pas de difficultés particulières, qui était ambassadeur harcèlement", a déclaré sur place la ministre de l'Éducation Elisabeth Borne, soulignant que "ses professeurs sont totalement sidérés de ce qui a pu se produire". L'adolescent avait simplement été "l'objet en début d'année de deux exclusions temporaires pour perturbation de la classe", a-t-elle précisé après avoir rencontré des enseignants et élèves. Aucune difficulté particulière n'a été constaté depuis son retour en classe en novembre dernier.
L'académie de Reims a déployé une équipe mobile de sécurité et mis en place une cellule de soutien psychologique. Les cours ont été suspendus mardi et mercredi.
La surveillante poignardée était une ancienne coiffeuse qui travaillait au collège depuis septembre. Elle était maman d'un petit garçon, selon Aurore, l'une de ses cousines. "C'était quelqu'un de très souriant, très gentil, la douceur incarnée, Mélanie", a-t-elle témoigné, déposant une rose. Nora, une voisine de l'établissement qui connaissait la victime, a confié à l'AFP être "très peinée". "Aujourd'hui, ça arrive à Nogent, mais ça peut arriver n'importe où".
Vers une expérimentation des portiques de sécurité?
Sur place, Elisabeth Borne a indiqué que le Premier Ministre devrait faire des annonces "dans les prochaines heures", "notamment sur une meilleure régulation de la vente de ces armes blanches". Devant les députés qui ont observé une minute de silence ce mardi après-midi, François Bayrou a indiqué vouloir "expérimenter" des portiques de détection d'armes à l'entrée des établissements scolaires, dénonçant "une dérive de la société".
Le Premier ministre a aussi dit sa volonté de "durcir la réglementation" en vue d'une interdiction "effective" de certains couteaux qui ne sont pas considérés comme des armes, en réponse à une question de la cheffe de file des députés du Rassemblement national Marine Le Pen qui lui demandait quelle serait la "réponse politique" du gouvernement à ce drame.
Fin mai, la vice-présidente de l'Assemblée Naïma Moutchou, qui a remis à M. Bayrou un rapport sur la détention d'armes blanches par des mineurs, estimait qu'elle est devenue "un phénomène" concernant "n'importe quel territoire" et des profils variés. Elle évoquait notamment des élèves souhaitant "se défendre" lorsqu'ils sont harcelés, mais aussi ceux qui sont "dans une logique de rixes, de bandes" ou ceux qui ont "des terrains psychologiques fragiles".
6.000 contrôles ont entraîné la saisie de 186 couteaux entre mai et mars
Emmanuel Macron a déploré "un déferlement de violence insensé" après le meurtre d'une surveillante poignardée mardi matin à l'entrée d'un collège à Nogent, en Haute-Marne. "Alors qu'elle veillait sur nos enfants à Nogent, une assistante d'éducation a perdu la vie, victime d'un déferlement de violence insensé. Tous, nous sommes aux côtés de sa famille, de ses proches, de ses collègues et de l'ensemble de la communauté éducative. La Nation est en deuil et le gouvernement mobilisé pour faire reculer le crime", a écrit le chef de l'Etat sur X.
Marine Le Pen a déploré sur X la "banalisation de l'ultraviolence, encouragée par l'apathie des pouvoirs publics à y mettre fin". A gauche, entre autres réactions, le député François Ruffin a fait part de son émotion et estimé que "le fléau des armes blanches entre à l'école, il y a urgence". Jean-Luc Mélenchon a, de son côté, appelé à "veiller à la santé mentale" des jeunes.
L'agression a également choqué au sein de la communauté éducative. Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat des collèges et lycées, a exprimé son émotion mais aussi sa "colère de penser qu'une AED (assistante d'éducation, NDLR) était ainsi exposée, alors même que les AED ont une mission éducative et non pas de vigiles devant les établissements".
"Notre collègue (...) faisait simplement son métier en accueillant les élèves à l'entrée de l'établissement", a souligné Elisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du syndicat SE-Unsa, estimant que "tout ne sera jamais sécurisable et c'est bien sur la prévention que la réflexion doit être menée".
Le ministère de l'Education nationale a indiqué mardi qu'entre le 26 mars et le 23 mai, 6.000 contrôles ont entraîné la saisie de 186 couteaux, et 587 conseils de discipline ont eu lieu au total pour détention de couteaux.
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