Cette période pré-Noël devrait être propice et prospère pour les commerçants cannois, qu’ils soient de la Croisette comme de La Bocca.
Mais voilà qu’en guide de cadeau, une série de faits divers vient encore ternir la réputation du quartier, et assombrir l’humeur de Christophe Chaussé, président de l’association Abecco (Association bocassienne des entreprises et commerces de Cannes ouest).
En effet, un mineur de La Bocca est impliqué dans l’affaire des coups de couteau portés à un père de famille qui avait défendu sa fille contre des importuns au marché de Noël.
Et ce sont deux frères de La Bocca qui ont été pris pour cible (l’un a été blessé à la cuisse par une balle) par des hommes armés ce mercredi soir sur le parking du restaurant Le Siècle d’or aux Tourrades (sur le secteur de Mandelieu). Dans ce qui a tout l’air d’un règlement de comptes.
"Jusqu’où ça va aller?"
"J’ai eu le gérant ce jeudi matin au téléphone, il était encore très choqué par l’intrusion d’un homme armé dans le restaurant, alors que la salle était pleine de clients. S’il y avait eu fusillade à l’intérieur, vous vous rendez compte?"
"Le même soir, des ivrognes avaient voulu entrer de force dans un magasin de l’avenue Francis-Tonner, et la police municipale a encore dû intervenir, relate Christophe Chaussé, qui s’interroge: Mais jusqu’où ça va aller? Ça devient vraiment invivable et inacceptable. Il va falloir que les forces de l’ordre se bougent, parce que les opérations place nette ne suffisent plus."
Hélas, Laïd Bouzetit, président du SID (Syndicat d’initiative et de défense de La Bocca) s’associe à ce constat: "Quoi qu’on en dise, et malgré les efforts de la police, la sécurité n’est toujours pas maîtrisée à La Bocca."
Pour Christophe Chaussé, il faut donc des mesures "choc" vis-à-vis des délinquants du quartier.
"Il faut que le maire prenne ses responsabilités"
"D’abord, il faut des sanctions plus sévères en justice (NDLR: les deux mineurs impliqués dans les coups de couteau au père de famille ont été remis en liberté surveillée sous contrôle judiciaire avec diverses interdictions en attendant leur jugement). Ensuite, il faut que le maire prenne ses responsabilités, et nettoie une bonne fois le quartier."
Un "nettoyage", c’est-à-dire? "À présent que Françoise Bruneteaux, deuxième adjointe au maire, est devenue présidente de l’OPH (Office public habitat), il faut faire comme à Dijon, et virer tous les délinquants de nos résidences, parce qu’il y en a marre de mettre à mal l’image de La Bocca!"
Une vision que David Lisnard, en tant que président de l’AMF (Association des maires de France), a déjà exprimée récemment sur le plan national, en réclamant le pouvoir d’expulser les dealers des logements sociaux.
"Nous, on verbalise même les guetteurs, qui crient quand la police arrive!"
Interrogé sur le sujet, Thierry Migoule, directeur de cabinet du maire David Lisnard, prêche évidemment pour sa paroisse.
"Nous, on est très présents sur le terrain à La Bocca, à la Frayère, à Ranguin, et au Centre, notamment sur Cannes Beach, où notre vigilance est accrue."
Et pour corroborer ces dires, Yves Daros, directeur de la Police Municipale, rappelle qu’il y a des postes de PM avec des îlotiers au Centre, à la Frayère, à Ranguin, avec un poste mobile dédié au quartier.
"La Bocca n’est pas une zone de non droit"
« Pour nous, La Bocca n’est pas une zone de non droit, souligne Yves Daros. On y fait même quelque chose de sans doute unique en France : on verbalise même les guetteurs, qui crient pour alerter les dealers lorsqu’arrive la police. »
Un délit sanctionné de 68 e d’amende si elle est payée sous 45 jours. « Une quarantaine de PV ont été dressés dans l’année. Malheureusement, la loi nous empêche de lier ces cris au trafic de stups, pour les sanctionner plus durement. Mais on a aussi réalisé plus de 230 saisies de drogue depuis le début de l’année. »
Les expulsions ? C’est plus compliqué...
Et les expulsions alors ? C’est plus compliqué. "Aujourd’hui, un bailleur social peut déjà demander l’expulsion d’un résident qui se comporte mal et nuit au voisinage, mais ça nécessite l’assentiment du tribunal au terme d’une longue procédure. David Lisnard souhaite que tout cela soit simplifié par la loi, afin que le maire en obtienne l’autorité."
"En cas de délinquance, il faut faciliter la perte d’un logement, précise Thierry Migoule. Il faut aussi que les gens qui bénéficient d’un logement social prennent conscience que c’est un avantage procuré par la société, dont il faut se montrer respectueux."
"On sait bien que les opérations place nette ne suffisent pas"
Il y a du boulot. Mais Thierry Migoule se veut optimiste, car "le quartier ne dégénère pas comme dans certaines cités à l’est du département. On travaille en bonne entente avec la police nationale, et la Préfecture a bien compris les enjeux, même s’il manque des policiers. On sait bien que les opérations place nette ne suffisent pas. À la Bocca, la sécurité doit être permanente."
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