Sevrés d’informations officielles, abreuvés de on-dit et, au mieux, destinataires d’éléments parcellaires, les Monégasques se sont couchés vendredi soir sans savoir exactement pourquoi les enquêteurs de la Sûreté publique cuisinent leur maire, Georges Marsan, depuis jeudi matin.
Vendredi soir, le Parquet général de Monaco s’est contenté d’informer Monaco-Matin que des gardes à vue et investigations étant "toujours en cours", aucune mise au point ne serait effectuée avant ce samedi. Date à laquelle des gardes à vue, prolongées de 24 heures ce jeudi soir, pourraient prendre fin.
Georges Gambarini libre
Une garde à vue a d’ores et déjà été levée, puisque Georges Gambarini, adjoint au maire en charge des services numériques et délégué au service de l’Affichage et de la Publicité, était présent vendredi midi lors du dernier conseil communal de l’année.
Sollicité par Nice-Matin dans l’après-midi, ce dernier n’a pas souhaité faire de commentaire. "J’ai simplement répondu à des questions, comme d’autres, dans le cadre d’une enquête en cours. Je n’ai pas d’avocat."
Georges Marsan, lui, est assisté d’un avocat, Me Thomas Brezzo, et il serait étonnant que l’un d’eux ne communique pas ce samedi.
Quant aux trois autres personnes entendues dans les locaux de la Sûreté publique, on ne sait rien ou presque d’elles. Si ce n’est que ce sont des proches de Georges Marsan et qu’ils ne travaillent pas tous pour la mairie. Impossible de savoir pour autant si cette (ou ces) affaire(s) dépasse(nt) les frontières de la Principauté.
Malgré le manque d’informations, la situation ne manque pas déjà d’enseignements. Tout d’abord sur l’indépendance de la Justice à Monaco.
Décriée pour la porosité de son système judiciaire ces dernières années au fil d’affaires médiatiques telles que Rybolovlev Vs Bouvier et, plus récemment, "Les Dossiers du Rocher", la Principauté est cette fois pendue au premier débrief qui viendra du Parquet général tant le secret de la garde à vue est bien cadenassé.
Personne ne se mouille
Certainement pas anodin alors qu’une équipe de juges d’instruction a été recomposée ces derniers mois et qu’un nouveau procureur général, Stéphane Thibault, a pris ses fonctions en septembre dernier.
Du Palais princier au gouvernement, tout le monde est ainsi tombé de sa chaise jeudi matin en apprenant que le maire de Monaco avait été cueilli au pied du lit par la police et placé en garde à vue.
Il aura fallu quelques heures et le début de perquisitions en mairie pour que l’information fuite. Et depuis, les détails du dossier semblent parvenir au compte-gouttes, y compris chez les personnes les mieux informées de la Principauté. Au point que personne, même en off, n’ose se mouiller sur les raisons de ce "coup de filet" sans précédent en mairie.
En découle un autre enseignement: les opérations en cours se cristalliseraient sur la personne du maire et de ses proches dans le cadre des prérogatives de la mairie, n’impliquant donc aucun personnel du gouvernement(*), encore moins du Palais princier. Évacuant la possibilité d’un scandale d’État.
Reste encore et toujours la question du pourquoi. Selon les motifs des gardes à vue, Monaco pourrait à nouveau voir sa réputation salie, à l’heure notamment où une mission "commando" a été initiée par le prince Albert II pour répondre aux exigences européennes du comité Moneyval en matière de lutte contre le blanchiment et la corruption.
*Georges Gambarini, dont la garde à vue a été levée, ayant tout de même le statut de fonctionnaire puisque responsable du programme Smart City auprès de la Délégation interministérielle chargée de la Transition numérique.
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