Un officier de marine pris en flagrant délit de conduite en état d'ivresse sur la voie publique ! Comment ne pas faire le rapprochement avec le capitaine Haddock… Mais les jurons, insultes et autres vocables pittoresques du célèbre personnage des Aventures de Tintin en moins. Car M. M., un Néo-Zélandais de 35 ans, avait opté pour le flegme britannique au cours de sa comparution devant le tribunal correctionnel. Il a été condamné à vingt jours de prison ferme et 48€ d'amende.
L'affaire date du dimanche 18 octobre. Vers 5 h 30, un véhicule est signalé en travers de la voie qui conduit à l'entrée du "Sardanapale". Les policiers font les constatations d'usage. Ils ne tardent pas à observer l'ivresse du conducteur. À l'éthylomètre, en effet, le taux d'alcoolémie affiche 1,30 mg/l.
"Qu'avez-vous absorbé pour arriver à un tel niveau?", demande le président Jérôme Fougeras Lavergnolle.
Le prévenu avance avec dubitation: "Cinq ou six pintes de bière dans un premier établissement, puis au moins quatre rhum-Coca dans un second."
Le président, surpris: "Quel danger public! En avez-vous conscience, maintenant dégrisé?"
Le prévenu acquiesce tout en certifiant qu'il n'a jamais été condamné et que son bateau mouille actuellement au port Hercule.
Pour le procureur Cyrielle Colle, "on ne connaîtra jamais les circonstances de l'accident. On peut toutefois en déduire que ce monsieur est d'abord monté sur le trottoir. Mais quel miracle de constater les seuls dégâts matériels! Quelle chance d'être présent, entier, dans ce box! Vingt et un jour de prison ferme et 45€ d'amende."
Côté défense, Me Alice Pastor plaidera l'humiliation subie.
"Après sa garde à vue, les heures d'attente, les trois jours d'incarcération et sa comparution menottée, mon client a compris la leçon. Son épouse et son enfant l'attendent en Nouvelle-Zélande. Prononcez une peine juste assortie du sursis…"
Le tribunal a choisi le retour derrière les barreaux. Pour qu'un marin, sur la terre ferme, ne se croit pas libéré du Code disciplinaire et pénal de la Marine marchande avec ses sanctions en cas d'état d'ivresse?
Ou bien démontrer que les routes de la Principauté ne sont pas un espace de liberté où il est possible d'exprimer sa joie à la hauteur de son ébriété?
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