L'homme qui vient de comparaître, menotté, devant le tribunal correctionnel, est un personnage irascible à l'allure revêche. Il a le sang chaud et il n'est pas d'humeur facile quand on l'approche de trop près. Les policiers en ont fait la douloureuse expérience.
Au cours d'un contrôle d'identité à l'issue d'une dispute dans un bus, ce Monégasque de 39 ans a carrément mordu et outragé des policiers. Il a été condamné à quinze jours de prison ferme. Il devra également verser les sommes réclamées par la partie civile.
Au début, cet agent maritime se rend au domicile de son ex-compagne pour voir sa fille. Il frappe à la porte : aucune réponse… De quoi déclencher une telle colère, qu'il se fracture le métacarpe à force de taper! Il prend alors le bus pour aller au CHPG. Comme le car a quatre minutes de retard, il injurie vertement le chauffeur. A l'arrêt suivant, deux contrôleurs montent. L'homme croit être la cible arbitraire des deux vérificateurs. Il s'énerve et les insulte! Sans attendre, il est poussé hors de l'autobus et les policiers arrivent…
"Les agents essaient de calmer l'individu récalcitrant, relate le président Florestan Bellinzona. S'en suit une bordée d'insultes et... des morsures. Des renforts sont appelés pour maîtriser le forcené afin de le mettre à terre et de le menotter. Dans la cellule, il est impossible de contrôler son alcoolémie tellement il est excité…" Et de préciser: "Votre bras plâtré est dû à une fracture antérieure aux faits décrits. Pourquoi vous en prendre à tout le monde?"
Il accuse les policiers de violences, ils refutent
Le prévenu s'est dit "humilié après avoir reçu des coups" et s'excuse de sa réaction. Les policiers, à la barre, réfutent l'accusation et un des fonctionnaires montre la trace de morsure.
Pour MeHervé Campana, l'avocat de la partie civile, "les déclarations de ce monsieur sont extrêmement désagréables. Il ne peut pas supporter l'autorité. Et s'attaquer à la nationalité des agents c'est blessant, quand il leur lance: Moi, je suis Monégasque. Nous demandons la somme de 2.000 euros."
Le président, après avoir relevé une condamnation en France, note "un grave problème d'agressivité latente. Il faut vous maîtriser."
"Une peine plus adaptée pour ce paranoïaque"
Il est inutile de rentrer dans pareil débat pour le procureur Cyrielle Colle. « Les agents sont là pour faire respecter l'ordre. Ils ont fait preuve de précautions… Si le prévenu a été blessé, c'est par son propre comportement. Je propose une peine ferme de quinze jours de prison. Ou plus adaptée encore pour ce paranoïaque, quatre mois d'emprisonnement assortis du sursis et obligation de soins. »
Dans son analyse empreinte de sensibilité, la défense rejoindra la dernière proposition. "Mon client est dépressif, affirmera MeSophie Lavagna. Il faut donc une thérapie adaptée. Il reconnaît son erreur. Ne le laissez pas souhaiter l'anniversaire de sa fille alors qu'il est en prison. Optez pour la seconde hypothèse du ministère public." Le tribunal préférera la première, plus coercitive.
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