"Si on constate une dégradation des coraux, on proposera de réparer la colonie". Ils lancent l’inventaire du corail cladocora en Méditerranée
Fondatrice d’Ocean Quest France qui forme des “jardiniers de corail”, la plongeuse toulonnaise Sandrine Treyvaud dirige la mission Corail Med. Son ambition: dresser l’inventaire du Cladocora qui permet à mare nostrum de mieux respirer.
Olivier BouissonPublié le 28/05/2025 à 10:30, mis à jour le 28/05/2025 à 10:30
La monitrice de plongée Sandrine Treyvaud est la responsable de la mission. Elle est épaulée par le maître voilier Gilles Jarnot, président d’Ocean Quest France.
Photo DR / Ocean Quest France
Plongée d’inventaire.
Photo DR / Ocean Quest France.
Amarré au port de Toulon, le Kali Corail, c’est leur petite Calypso. À son bord, la monitrice de plongée Sandrine Treyvaud et le maître voilier Gilles Jarnot – deux Coupes de l’America à son actif – constatent les petits dégâts causés par un printemps capricieux.
Dans quelques jours, ils lèveront l’ancre pour donner vie à la mission "Corail Med". L’aboutissement de deux ans de préparation et le prolongement d’un engagement entamé en 2017. Du côté de la Malaisie. C’est là-bas que Sandrine est devenue jardinière de corail au contact d’Anuar Abdullah, fondateur de l’association Ocean Quest. À son retour en France, la Varoise crée une antenne en France et devient à son tour formatrice.
370 personnes formées
"La théorie se fait en visio et la pratique pendant deux jours, ici à Toulon", détaille-t-elle. Depuis, à raison de deux formations par mois, 370 personnes – Français, Belges et Suisses - sont devenues des "coral gardeners".
Depuis sa création, l'association a replanté environ 800 coraux et compte aujourd’hui 450 membres. "Ça me nourrit", savoure Sandrine.
En 2021, une 1re mission de plantation est menée en Guadeloupe. Grâce à ses territoires ultramarins, la France est le 4e pays en nombre de récifs coralliens derrière l’Indonésie, les Philippines et l’Australie.
Pour cette mission "Corail Med", Ocean Quest France a jeté son dévolu sur un corail endémique de Méditerranée: le Cladocora caespitosa ou cladocore en touffe.
De Banyuls à Menton et autour de la Corse
Ce corail de type tropical forme une boule pouvant atteindre 50 cm de diamètre et qui a la particularité d’abriter une algue symbiotique. "C’est tout son intérêt car cette algue produit de l’oxygène qui est rejeté dans la mer, contrairement au corail rouge, toujours pêché pour en faire des bijoux", détaillent les jardiniers varois.
La mission consiste donc à établir l’inventaire du Cladocora en Méditerranée. D’abord le long des côtes françaises et autour de la Corse. La réserve naturelle de Cerbère-Banyuls (Pyrénées-Orientales) a par exemple sollicité l’association pour bénéficier de l’inventaire.
Quatre missions d’une semaine sont prévues cette année. Pragmatique, la formatrice prévoit une première mission ce mois-ci, le long des côtes varoises et avec des bénévoles locaux. "C’est plus simple pour la logistique, notamment la recharge des bouteilles de plongée et ça limite les coûts", résume Sandrine qui donne l’esprit de la mission: "C’est de la science participative".
Quatre bénévoles constituant deux équipes prendront part à chacune des missions avec un système de roulement. Niveau 2 de plongée requis a minima. "Chacun doit amener une compétence propre à servir la mission", anticipe Sandrine qui s’entourera d’une scientifique et d’une photographe.
Collé, c’est réparé
Première étape: la détection des polypes, à la nage dans une bande de 6 à 20mètres du rivage. Une fois repéré, chaque corail est pris en photo et des données sont collectées: taille, profondeur, coordonnées GPS, état sur une échelle de 1 à 5. Le tout est compilé à bord du Kali Corail qui sert de base scientifique.
Une deuxième mission prendra corps en juin, plus à l’est des côtes varoises. Les deux dernières missions se tiendront en septembre et octobre "en fonction du budget et des dons" (1).
Le but est de produire une cartographie précise portée à la connaissance des gestionnaires des aires marines et des parcs.
"Si on constate une dégradation des coraux, on proposera de réparer la colonie".
Comment? Avec un simple tube de colle d’une super glue très pure également utilisée par les vétérinaires. Sous l’eau, le jardinier colle un morceau cassé sur un rocher présent dans le récif corallien et fige ladite colle à l’aide d’un catalyseur. Ce bouturage garantit la repousse. La première année sera consacrée uniquement à l’inventaire puis l’association assurera le suivi de l’état des colonies. Et ainsi de suite pour dessiner la carte de ces animaux qui retardent l’asphyxie d’une mer Méditerranée submergée par l’activité humaine.
1. Ocean Quest France, quai des sous-mariniers à Toulon. Possibilité de faire des dons et d’adopter un corail (25 euros) sur oceanquestfrance.fr
commentaires
ads check
“Rhôooooooooo!”
Vous utilisez un AdBlock?! :)
Vous pouvez le désactiver pour soutenir la rédaction du groupe
Nice-Matin qui travaille tous les jours pour vous délivrer une
information de qualité et vous raconter l'actualité de la Côte d'Azur
Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires
ressentis comme intrusifs.
Si vous souhaitez conserver votre Adblock vous pouvez regarder une seule publicité vidéo
afin de débloquer l'accès au site lors de votre session
Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.
Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.
Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.
commentaires