Le taux d'épargne élevé, un boulet français?

Les Français sont plus fourmis que cigales: ils épargnent davantage que leurs voisins européens et, selon le gouvernement, ne consomment pas assez, une situation qui pèse sur la croissance économique et complique le redressement des finances publiques.

La rédaction Publié le 18/07/2025 à 09:10, mis à jour le 18/07/2025 à 09:13
Que représentent 3 200 milliards de dettes pour un foyer à qui il manque toujours 100 euros pour boucler son mois ? Photo AFP

Le taux d'épargne des Français, mesuré par l'Insee à 18,8% au premier trimestre, est à son pic en 45 ans, hors crise sanitaire. Il "pourrait laisser place à une reprise de la consommation", pilier traditionnel de la croissance française, estimait mardi le gouvernement dans le support de présentation accompagnant le discours du Premier ministre François Bayrou sur le budget 2026.

La hausse récente du taux d'épargne s'explique par plusieurs facteurs, ont analysé les économistes de la Banque de France. D'abord, les épargnants conservent plus facilement les intérêts engrangés sur leurs produits d'épargne dans une période de rendement élevé, comme c'était le cas ces dernières années. Les retraités, dont les pensions ont augmenté l'an dernier, ont massivement placé ce supplément de revenu dans des produits d'épargne au lieu de consommer davantage. Enfin, "il y a un contexte d'incertitude", à la fois national et international, "qui renforce les comportements attentistes des ménages", a observé jeudi le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau, à l'occasion de la présentation du rapport annuel sur l'épargne réglementée.

Si le cap budgétaire présenté mardi par le Premier ministre François Bayrou est de nature à la faire diminuer, affirme-t-il, il est cependant difficile d'en mesurer l'impact.

Moins d'inflation...

Limiter le rendement d'un produit d'épargne grand public, une option cependant difficile à assumer politiquement, peut figurer parmi les outils du gouvernement pour faire revenir le taux d'épargne au moins à son niveau d'avant Covid-19, c'est-à-dire sous les 15%. Le président du Cercle de l'épargne Philippe Crevel a par exemple vu mercredi dans l'absence de coup de pouce au taux du Livret A, qui tombera au 1er août de 3% à 1,7%, en application stricte de la formule de calcul, une volonté gouvernementale de relance de la consommation.

Les services d’Éric Lombard à Bercy le réfutent totalement, et soulignent que la reprise de la consommation est davantage liée au recul de l'inflation, participant à l'amélioration du pouvoir d'achat. L'Insee relève d'ailleurs qu'une moindre consommation est principalement due aux problèmes de budget des Français.

L'arbitrage en faveur de l'épargne ne vient qu'en deuxième explication, devant la volonté de limiter son impact environnemental, une motivation néanmoins plus fréquente chez les ménages aisés, jeunes et urbains. Un taux du Livret A moins compétitif favorise en revanche les produits concurrents, comme l'assurance vie, par exemple, qui fait le plein depuis le début d'année.

... et plus d'investissement

Bercy et la Banque de France mettent d'ailleurs volontiers en avant des placements financiers plus risqués que l'épargne réglementée (Livret A, Plan d'épargne logement...), destinés au financement du capital des entreprises.

C'est le cas de certaines unités de compte, supports d'investissement commercialisés dans les contrats d'assurance vie, de l'investissement en Bourse ou dans le capital-investissement, que la banque publique Bpifrance cherche à démocratiser. Le label d'investissement "Finance Europe", lancé début juin pour financer la croissance européenne, doit aussi favoriser cet objectif. Les assureurs, qui commercialisent les contrats d'assurance vie, et les banques, à qui l'épargne réglementée peut coûter cher, sont des alliés puissants dans cette bataille.

"Le message que veut faire passer le gouvernement c'est +consommer plus, comme ça, ça créera de la croissance+", analysait la semaine dernière auprès de l'AFP le patron d’une grande banque française. Selon lui "c'est suicidaire de faire une relance de la croissance par la consommation parce que ça va surtout déséquilibrer notre balance extérieure", via l'achat de biens importés. "Aujourd'hui il est vraiment temps de recréer de la croissance par de la création de richesse et de l'investissement", ajoutait-il, "et il y a de la place en plus en France (...) via la mobilisation de l'épargne vers l'investissement".

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