La légende de Hollywood George Lucas a été acclamée samedi 25 mai sur les marches du Festival de Cannes avant la cérémonie de clôture, qui pourrait décerner la Palme d'or à un cinéaste qui a fui l'Iran ou au Français Jacques Audiard et lui donner une Palme d'or d'honneur.
Vendredi, le père de Star Wars, avait donné une masterclass. Malgré les milliards de recettes au box-office engrangés par sa franchise, le réalisateur américain n'a jamais remporté d'Oscar dans son pays, excepté une statuette honorifique.
"C'est toujours formidable d'être reconnu", commente-il vendredi devant le public cannois. "Évidemment, nous avons beaucoup de fans et tout ce genre de choses. Mais en termes de récompenses, je ne fais pas le genre de films qui gagnent des récompenses!"
Lucas était venu pour la première fois à Cannes en 1971 pour son film de science-fiction expérimental THX 1138. Ce fut un échec au box-office et le studio Warner refusa de payer son voyage en France pour le festival.
Lucas s'est débrouillé pour débarquer sur la Côte d'Azur "sous une pluie de dingue". "Nous avons pu voir le film. Nous nous sommes faufilés. Nous n'avions pas de billets. Nous n'avions rien. Nous sommes simplement entrés", se souvient-il.
Interrogé des décennies plus tard pour savoir pourquoi il ne s'était pas présenté à la conférence de presse du film, il a répondu: "Je ne savais pas qu'il y en avait une..."
THX 1138 a fini par devenir "culte, parce que les gens prenaient de l'acide et le regardaient", s'amuse Lucas. Son film suivant, American Graffiti (1973), fut également détesté au début par son studio. Mais rapporta plus de 100 millions de dollars au box-office.
Le phénomène Star Wars n'existerait sans doute pas sans sa partition épique signée du compositeur John Williams. Et là, Lucas dit merci à "Steve", c'est-à-dire Steven Spielberg.
C'est ce dernier qui le recommande à Lucas alors que Williams, à l'époque, à la réputation d'"un gars du jazz". "Quand j'ai entendu la musique avec tout l'orchestre, je me suis dit 'oh mon dieu'", dépeint Lucas. "Le son représente la moitié du film... c'est la sauce secrète."
"Et la princesse Leia?"
Lucas a balayé à Cannes les critiques sur Star Wars, accusé d'être sorti d'un moule trop blanc et trop masculin. La plupart des personnages sont des extraterrestres, a-t-il rétorqué. "Même s'ils sont grands et poilus ou s'ils sont verts, l'idée est que tous les gens sont égaux".
Au reproche du manque de femmes dans ses films, Lucas a répondu: "À votre avis, qui sont les héros de ces films ? Et la princesse Leia? C'est elle la cheffe de la rébellion."
Qui gagnera un prix?
Un prix au réalisateur iranien Mohammad Rasoulof offrirait une caisse de résonance au combat des femmes iraniennes, et à celui qui a brûlé tous ses vaisseaux en Iran, ne se laissant plus d'autre choix que la prison ou l'exil.
"Ne vous laissez pas impressionner", a-t-il lancé samedi aux cinéastes iraniens. Il souhaite pour sa part continuer de filmer en exil "les récits" de son peuple.
Mais les jeux sont loin d'être faits, tant d'autres films ont fait chavirer les festivaliers. Dont Emilia Perez, une comédie musicale de Jacques Audiard.
L'audace de ce projet, tourné en espagnol, sur un baron de la drogue mexicain qui change de vie et devient une femme, tourné avec deux énormes stars, Selena Gomez et Zoe Saldaña, a bluffé.
Audiard décrochera-t-il une deuxième Palme après Dheepan (2015), ou le jury préfèrera-t-il marquer l'histoire en saluant la prestation de l'actrice transgenre Karla Sofía Gascón, 52 ans ?
"Une Palme, c'est déjà très bien." Mais remettre un prix à l'actrice transgenre, révélation du film, "ce serait fort, ce serait intelligent!", a souri le cinéaste, lors d'une rencontre avec l'AFP.
Cannes pourrait poursuivre le mouvement de rajeunissement et de féminisation des plus grands prix du cinéma engagé depuis 2020 avec les Palmes d'or à Julia Ducournau (Titane) et Justine Triet, le Lion d'Or à Audrey Diwan (L'Evènement) ou l'Ours d'or à Carla Simon (Nos soleils).
commentaires