5 journalistes de la chaine Al-Jazeera tués dans une frappe israélienne ciblée à Gaza, RSF dénonce un "assassinat revendiqué"... Ce que l'on sait

Dans la nuit de dimanche 10 à lundi 11 août, Al Jazeera a annoncé la mort de cinq de ses journalistes lors d'une frappe israélienne dans la bande de Gaza, dont un reporter bien connu de ses téléspectateurs que l'armée israélienne a reconnu avoir ciblé, le qualifiant de "terroriste". Une accusation réfutée par Reporters sans frontière et Al-Jazeera. Voici ce que l'on sait.

A.R Publié le 11/08/2025 à 12:10, mis à jour le 11/08/2025 à 12:11
Le correspondant d'Al-Jazeera, Anas al-Sharif, en reportage près de l'hôpital Arab Ahli de Gaza, le 10 octobre 2024. La chaîne qatarie Al-Jazeera a annoncé le 11 août 2025 que cinq de ses journalistes avaient été tués lors d'une frappe israélienne, dont un reporter de renom. Photo: AFP

Les images sont terribles et le retentissement international. Dans la nuit de dimanche 10 à lundi 11 août, Al Jazeera a annoncé la mort de cinq de ses journalistes lors d'une frappe israélienne dans la bande de Gaza, dont un reporter bien connu de ses téléspectateurs que l'armée israélienne a reconnu avoir ciblé, le qualifiant de "terroriste".

Au moment où le gouvernement israélien se montre déterminé à mettre en œuvre son nouveau plan d'opération dans le territoire palestinien dévasté et affamé par 22 mois de guerre, la chaîne basée au Qatar a fait état de "ce qui semble être une attaque ciblée israélienne" sur une tente utilisée par ses journalistes à Gaza-ville, devant l'hôpital al-Chifa.

Elle a fait part du décès de ses correspondants Anas al-Sharif et Mohammed Qreiqeh, ainsi que des cameramen Ibrahim Zaher, Mohammed Noufal et Moamen Aliwa.

200 journalistes tué depuis octobre 2023

Leurs noms s'ajoutent à la liste des près de 200 journalistes, selon Reporters sans frontières, tués dans la guerre lancée en représailles à la sanglante attaque du mouvement palestinien Hamas du 7 octobre 2023.

Anas al-Sharif, 28 ans, était l'un des visages les plus connus parmi les correspondants couvrant au quotidien le conflit à Gaza. L'armée israélienne a confirmé l'avoir ciblé, le qualifiant de "terroriste" qui "se faisait passer pour un journaliste".

Il "était le chef d'une cellule terroriste au sein de l'organisation terroriste Hamas et était responsable de la préparation d'attaques de roquettes contre des civils israéliens et les troupes" israéliennes, a-t-elle affirmé sur Telegram.

"Ne pas oublier Gaza"


Dans ses derniers messages postés sur X dimanche, Anas al-Sharif faisait état d'"intenses" bombardements israéliens sur le territoire palestinien et avait diffusé une courte vidéo montrant des frappes sur la ville de Gaza.

Un texte posthume que le journaliste avait écrit en avril en cas de décès a été publié sur son compte lundi matin, où il appelle à "ne pas oublier Gaza".

L'armée israélienne a reconnu l'incident dans un communiqué visant le correspondant Anas al-Sharif, l'accusant d'être un « terroriste » affilié au Hamas. Ce que réfute RSF. Photo: AFP.

En juillet, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) avait accusé l'armée israélienne de mener "une campagne de diffamation" envers le journaliste en le présentant dans des messages en ligne comme un membre du Hamas.

"La tendance d'Israël consistant à qualifier les journalistes de militants sans fournir de preuves crédibles soulève de sérieuses questions sur ses intentions et son respect de la liberté de la presse", a dénoncé Sara Qudah, directrice régionale de l'organisation basée à New York dans la nuit de dimanche à lundi.

"Les journalistes sont des civils et ne doivent jamais être pris pour cible. Ceux qui sont responsables de ces meurtres doivent rendre des comptes", a-t-elle ajouté dans un communiqué.

La presse internationale n'est pas autorisée à travailler librement dans le territoire palestinien

Israël avait déjà décidé en mai 2024 d'interdire la diffusion d'Al Jazeera dans le pays et d'y fermer ses bureaux, résultat d'un conflit de longue date entre le média et le gouvernement du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui s'est aggravé pendant la guerre en cours dans la bande de Gaza.

L'armée israélienne a accusé à plusieurs reprises les journalistes de cette chaîne d'être des "agents terroristes" à Gaza affiliés au Hamas.

Plus généralement, la presse internationale n'est pas autorisée à travailler librement dans le territoire palestinien depuis le début du conflit.

Seuls quelques médias, triés sur le volet, y sont entrés embarqués (en "embed") avec l'armée israélienne, leurs reportages étant soumis à une stricte censure militaire.

La presse internationale travaille en s'appuyant sur des journalistes et correspondants locaux, qui ont payé un lourd tribut au conflit.

Le lieu de l'attaque de Tsahal, visant les journalistes. Photo: AFP.

"Terminer la guerre"

Benjamin Netanyahu a affirmé dimanche avoir donné l'ordre à l'armée d'autoriser un plus grand nombre de journalistes de la presse internationale à travailler sous son contrôle dans la bande de Gaza.

Lors de la même conférence de presse, le Premier ministre israélien a justifié dimanche le nouveau plan d'opération de l'armée, qui prévoit la conquête de la ville de Gaza et qu'il a présenté comme le "meilleur moyen pour terminer la guerre".

M. Netanyahu est confronté à une très forte pression, en Israël sur le sort des 49 otages encore aux mains du Hamas, et à l'étranger pour faire taire les armes dans la bande de Gaza, où plus de deux millions de Palestiniens assiégés sont menacés d'une "famine généralisée" selon l'ONU.

Il a assuré que dans le cadre du nouveau plan militaire, Israël "permettra d'abord à la population civile de quitter en toute sécurité les zones de combat pour se rendre dans des zones sûres désignées","on leur fournira en abondance de la nourriture, de l'eau et des soins médicaux".

Il a promis des "couloirs protégés" et "d'augmenter le nombre de sites de distribution d'aide de la GHF" (Fondation privée soutenue par les Etats-Unis et Israël), ainsi que les "largages aériens".

Lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité, le sous-secrétaire général de l'ONU, Miroslav Jenca, a mis en garde contre des projets qui risquent de déclencher "une nouvelle calamité" aux graves conséquences régionales.

Des personnes en deuil prient lors d'un enterrement collectif pour les Palestiniens, dont des journalistes et un médecin, tués lors d'une frappe israélienne nocturne, devant l'hôpital Al-Shifa de la ville de Gaza le 11 août 2025. Photo: AFP.

RSF dénonce un assassinat revendiqué par Tsahal

L'organisation de défense de la presse Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé lundi "avec force et colère l'assassinat revendiqué" par l'armée israélienne d'un journaliste de la chaîne Al Jazeera dans la bande de Gaza.

"Anas al-Sharif, l'un des journalistes les plus célèbres de la bande de Gaza, était la voix de la souffrance imposée par Israël aux Palestiniens de Gaza", a estimé l'ONG dans un communiqué transmis à l'AFP, en demandant une "action forte de la communauté internationale pour stopper l'armée israélienne".

Selon RSF, "le Conseil de sécurité des Nations unies doit se réunir d'urgence sur le fondement de la résolution 2222 de 2015 sur la protection des journalistes en période de conflit armé", afin d'éviter "de tels meurtres extrajudiciaires de professionnels de médias". L'ONG rappelle avoir déposé "quatre plaintes" contre l'armée israélienne "auprès de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre commis contre les journalistes à Gaza"

Face aux accusations de l'armée israélienne, RSF a rétorqué que ces accusations avaient été formulées "sans preuves", en reprochant à l'armée israélienne d'avoir "reproduit un procédé connu et déjà éprouvé, notamment contre des journalistes d'Al-Jazeera". "Le 31 juillet 2024, l'armée israélienne avait tué les reporters Ismail al-Ghoul et Rami al-Rifi dans une frappe ciblée et revendiquée, accusant le premier d'être un terroriste", a fait valoir RSF.

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