"D’ici la fin de l’année, nous irons en studio": nous avons rencontré le grand Gregory Porter, de passage à Jazz à Juan pour un concert enchanteur
De retour à Jazz à Juan, où il a désormais ses habitudes, l’Américain a une nouvelle fois enchanté le public avec sa voix à la fois puissante et souple. On l’a rencontré juste avant, en version express.
Article réservé aux abonnés
Jimmy BoursicotPublié le 20/07/2025 à 15:00, mis à jour le 20/07/2025 à 15:00
Gregory Porter sur la scène de Jazz à Juan mercredi soir. Photo Patrice Lapoirie
Peut-on être nostalgique d’une époque que l’on n’a pas connue? La réponse est oui. Et pas seulement parce qu’on aurait rêvé d’assister à un show d’Ella Fitzgerald en featuring avec les cigales de la Pinède Gould, pour voir Miles Davis y signer certains de ses plus beaux lives ou pour assister à la "naissance" d’icônes de la trempe de Dee Dee Bridgewater.
En réalité, on jalouse surtout des "anciens" du journal quand ils nous racontent comment ils avaient fini par interviewer pendant une demi-heure des monuments après les avoir alpagués dans un couloir d’hôtel, en toute décontraction, sans intermédiaire. Une époque révolue.
Mercredi soir, Gregory Porter, l’une des plus belles voix internationales, venait à la rencontre du public de Jazz à Juan, conquis d’avance, pour la quatrième fois de sa carrière.
Alors que Meshell Ndegeocello, programmée en ouverture, venait d’arrêter de faire vrombir sa basse, on a pu le rencontrer pendant... 5 minutes et 55 secondes, au lieu des 7 minutes accordées initialement. "A prendre ou à laisser", nous avait-on gentiment indiqué.
Retour à des jours meilleurs
Ces considérations de gratte-papier passées, on a tout de même eu l’impression d’avoir fait bon usage de ces 355 secondes passées face à l’Américain à l’imposante stature.
Avec son phrasé et son attitude incitant à l’apaisement, Gregory Porter a le don de suspendre le temps. Un constat encore plus frappant quelques instants plus tard, lors de son entrée en scène.
Ses morceaux, d’If Love Is Underrated à Liquid Spirit, en passant par quelques reprises inspirées (My Girl et Papa Was a Rolling Stone des Temptations, Everybody Loves the Sunshine de Roy Ayers ou It’s Probably Me de Sting).
Gregory Porter à Juan-les-Pins. Photo Jimmy Boursicot.
On le sentait heureux, le natif de Sacramento, de retrouver cet endroit où il n’avait plus mis les pieds depuis 2021, dans des circonstances moins réjouissantes.
Un an plus tôt, son frère, dont il était si proche, avait été emporté par le Covid. Et lui n’avait pas pu se plonger dans son art pour détourner son cerveau de cette sombre réalité, toutes ses dates ayant été annulées.
"Ma dernière fois ici, les sentiments étaient un peu mélangés, c’est vrai. Perdre un membre de ma famille, cela a été très dur. Mais j’étais aussi très content de pouvoir performer à nouveau. Et puis ma femme était sur le point d’accoucher. D’ailleurs, j’avais dû vite quitter l’hôtel pour la retrouver", sourit-il.
"Aujourd’hui (mercredi 16) justement, c’est l’anniversaire de mon fils. Est-ce qu’il aime m’entendre chanter? Oui, il apprécie la musique et il est un peu chanteur, déjà! Mais il apprécie moins que je doive m’éloigner de lui pour faire mon métier."
"Il va se passer des choses bientôt"
Le petit Liv, 4 ans, ne peut en revanche pas reprocher à son illustre paternel de passer trop de temps à bûcher sur ses nouvelles chansons.
Hormis un album de Noël en 2023 (Christmas Wish, composé de standards et de trois titres originaux), Gregory Porter n’a plus présenté de nouveau projet depuis l’excellent All Rise, sorti en 2020 sur les labels Blue Note et Decca Records, certifié disque de platine en France (l’équivalent de 100.000 ventes en cumulant supports physiques, streaming et téléchargements).
"Cela fait longtemps, oui", concède le chanteur de 53 ans. "Mais il va se passer des choses bientôt. D’ici la fin de l’année, nous irons en studio. Et c’est à ce moment que j’aurai une idée précise de la direction à prendre. Quand tout est encore possible, qu’il n’y a pas encore de limite, c’est très excitant."
On lui demande comment l’étincelle surgit chez lui, dans le processus créatif. "Quand j’écris, quelque chose doit me remuer, m’amener à sortir mes émotions, d’une manière ou d’une autre. Parfois, c’est l’amour. Parfois, c’est la cruauté. Il arrive que ça démarre avec de toutes petites idées, qui ont fini par donner Liquid Spirit, Hey Laura ou 1960 What."
Il est installé tout en haut de la pyramide et fait partie des rares artistes actuels de la sphère jazz à disposer d’une réelle notoriété dans un registre plus grand public.
Mais ce statut n’empêche pas Gregory Porter de se tourner vers la jeune génération et de valoriser ses éléments les plus prometteurs quand il en a l’occasion.
Quand on l’interroge à propos de celles et ceux qui l’emballent particulièrement, il évoque tout de suite sa compatriote Samara Joy.
Passée par le Nice Jazz Festival en 2022 puis par Jazz à Juan en 2023, cette perle du Bronx possède déjà deux Grammy Awards dans sa collection.
"Il y a deux jours, j’étais avec elle en Italie (à Umbria Jazz, à Pérouse, ndlr). Cette fille, c’est déjà une institution... Elle sait que jel’aime. On a déjà eu l’occasion de chanter ensemble au Brésil, par exemple. Et elle a aussi repris ma chanson No Love Dying de manière incroyable."
commentaires
ads check
“Rhôooooooooo!”
Vous utilisez un AdBlock?! :)
Vous pouvez le désactiver pour soutenir la rédaction du groupe
Nice-Matin qui travaille tous les jours pour vous délivrer une
information de qualité et vous raconter l'actualité de la Côte d'Azur
Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires
ressentis comme intrusifs.
Si vous souhaitez conserver votre Adblock vous pouvez regarder une seule publicité vidéo
afin de débloquer l'accès au site lors de votre session
Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.
Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.
Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.
commentaires