"Natacha", une comédie pop qui dynamite les diktats avec Camille Lou et Vincent Dedienne

Camille Lou se spécialise dans les comédies et devient l’héroïne de l’adaptation de la bande dessinée « Natacha ». Un périple où elle fait équipe avec Vincent Dedienne pour tenter de résoudre une enquête autour du vol de la célèbre « Joconde ». Rencontre avec l’actrice.

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Cédric Coppola Publié le 01/04/2025 à 19:10, mis à jour le 01/04/2025 à 19:41
Camille Lou. Photo production

Derrière son apparence de comédie légère, Natacha (presque) hôtesse de l’air met en perspective le féminisme et la condition des femmes dans les années 1960. Est-ce quelque chose qui vous a particulièrement touchée?

Je trouve ça très drôle, la manière dont ils ont abordé l’émancipation des femmes en disant: "Oui, on a bien évolué, mais il reste encore des choses à faire". Il faut se rappeler d’où on vient. Mais au-delà du féminisme, il s’agit d’évoquer et de briser toutes les injonctions de la société, ces moules dans lesquels on cherche à nous enfermer… On a tous des rêves et, parfois, on doit les abandonner pour des raisons absurdes, comme quand Natacha est refusée à son audition d’hôtesse de l’air… parce qu’elle a les cheveux plats! La beauté est subjective, avec des diktats qui varient d’un pays à l’autre, d’une époque à l’autre. Un jour, on aime les filles rondes, le lendemain, les filles minces. J’ai beaucoup aimé cette dénonciation de l’idée qu’on devrait tous ressembler à un même modèle. D’autant que le sujet est traité du point de vue des deux sexes. Ainsi, Walter, avec son énorme moustache et sa voix, veut ressembler à Capitaine Turbo, comme si ce dernier incarnait le summum de la vérité… Soyons nous-mêmes!

Cela surprendra sans doute les adolescents d’aujourd’hui, car Natacha ne serait probablement pas écartée pour son apparence de nos jours…

Vous savez, je n’étais pas la fille dont on tombait amoureux au collège ou au lycée. Tout dépend du point de vue des gens. Comme je le disais, la beauté est subjective. Alors, peut-être que si je passe un concours, un type me dira: "T’es immonde!" Du coup, je ne sais pas si Natacha serait recalée aujourd’hui ou pas. On m’avait bien dit que je ne deviendrais jamais actrice. Il y a des obstacles, et c’est à nous de décider si on veut les surmonter ou pas. Les cases, elles sont dans la tête des autres, pas dans la mienne. Ces barrières n’ont de pouvoir que si on leur en accorde.

Comment définiriez-vous l’univers de la réalisatrice Noémie Saglio qui, depuis Connasse, livre des films et des séries marqués par leur liberté de ton?

Elle a un côté punk. Elle pense par elle-même et ne s’excuse pas. Elle réalise les films qu’elle veut, sans concession. Je ne crois pas qu’elle se réveille chaque matin en se demandant: "Quel code vais-je briser aujourd’hui?", mais en fin de compte, ses œuvres lui ressemblent.

Le film est construit comme des vignettes teintées d’anachronismes, avec la présence de nombreux invités. L’avez-vous ressenti à la lecture?

Noémie voulait toucher un large public et sensibiliser les adolescents, qui trouvent souvent les films d’époque ennuyeux, en attirant leur attention sur des sujets importants. Elle a donc tenu à insérer ces petits anachronismes et une touche de modernité dans les personnages. Il y a une réplique géniale de Walter qui dit qu’en 1963, les termes "discrimination" et "pervers narcissique" n’existaient pas! Baptiste Lecaplain glisse une remarque sur le Covid, Natacha recadre le narrateur joué par Fabrice Luchini… C’est hilarant. Ça permet de capter les jeunes, de leur parler directement et de les encourager à poursuivre le combat pour le changement.

Natacha a été imaginée à partir d’artistes comme Mireille Darc, France Gall ou Dany Carrel. En aviez-vous conscience en acceptant le rôle? Et comment avez-vous collaboré avec l’équipe des costumes pour créer un look, notamment l’uniforme d’hôtesse de l’air, qui soit à la fois moderne et fidèle à la mode des années 1960?

On ne peut pas vraiment discuter des costumes. En tout cas, sur tous les projets auxquels j’ai participé, je n’ai jamais eu mon mot à dire. Ici, il y avait des codes très stricts liés aux années 1960. Je sais qu’ils se sont inspirés de Courrèges. Pour les personnages et leurs attitudes, je serais incapable de m’inspirer d’une personne en particulier. Ma méthode, c’est de lire le scénario encore et encore jusqu’à m’imprégner de ce que le rôle représente, au point de me fondre en lui. C’est assez étrange… La posture vient naturellement, selon le caractère, et le mouvement suit.

Sur le plateau, vous sentiez-vous réellement immergée dans l’époque?

Oui, parce qu’il n’y avait pas de caricature. Le résultat est pop. Les couleurs étaient présentes sans jamais être criardes, mais on n’en discutait pas entre nous. Tout était savamment dosé pour obtenir ce rendu BD, sans exagération, avec un filmage très graphique.

Notre critique, notre avis

Notre critique

Depuis sa plus tendre enfance, Natacha (Camille Lou) est bien décidée à devenir hôtesse de l’air pour voyager et découvrir le monde. Quand elle se retrouve mêlée malgré elle au vol de La Joconde, elle y voit l’opportunité de réaliser enfin son rêve. Accompagnée de Walter (Vincent Dedienne), un steward maladroit, elle traverse la France et l’Italie dans une course-poursuite qui pourrait bien changer sa vie…

Notre avis

Depuis sa création en 1938, le célèbre Journal de Spirou a mis en lumière plusieurs bandes dessinées, dont certaines, comme celle autour du groom détective ou du Marsupilami, ont été ensuite adaptées en prises de vues réelles au cinéma. Cette année marque les 50 ans de Natacha, une intrépide employée de bord qui se retrouve embarquée, avec son collègue Walter, dans de nombreuses aventures.

L’occasion de se replonger dans les années 1960 aux côtés du duo formé par Camille Lou et Vincent Dedienne dans une préquelle taillée pour séduire un public familial et coller aux mœurs actuelles.

Aux commandes de cette adaptation, Noémie Saglio, essentiellement connue pour avoir cocréé Connasse, programme marqué par sa liberté de ton. Une caractéristique que l’on retrouve en partie dans cette comédie féministe. La future hôtesse de l’air, qui va devoir élucider le vol de la célèbre Joconde, est d’abord confrontée aux critères de beauté de l’époque et se voit être recalée année après année à l’audition qui lui permettrait de réaliser son rêve de petite fille.

Au-delà de l’intrigue, assez convenue et des retournements de situations insérés au forceps, on retient le rendu pop ainsi que des saynètes portées par des guests de choix. Baptiste Lecaplain en baroudeur, Didier Bourdon en ministre à côté de la plaque, Fabrice Luchini en narrateur et Isabelle Adjani en Italienne excentrique font ainsi des apparitions savoureuses. À défaut de révolutionner le genre, Natacha (presque) hôtesse de l’air fait donc souffler un petit vent de fraîcheur sur la comédie française, d’ordinaire si formatée.

DE NOÉMIE SAGLIO (France), avec Camille Lou, Vincent Dedienne, Didier Bourdon... Comedie. 1h30. Notre avis: 3/5.

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