Ressentir le frisson à nul autre pareil des 24 Heures en mode "inside" trois jours durant. Un peu. Beaucoup. à la folie. Passionné... Mans, quoi! Telle était l’alléchante proposition formulée par l’Alpine Endurance Team à l’occasion de la 93e édition du mythique double tour d’horloge où près de 350.000 mordus de sport méca sont venus vibrer à l’unisson avec les 62 prototypes et GT composant l’affiche XXL. Faut-il vous dire que l’on a saisi la balle au bond?
Histoire de célébrer dignement son 70e anniversaire sur la scène majuscule du circuit de la Sarthe, la firme française a mis les petits plats dans les grands le week-end dernier: pas moins de 1.700 invités! Des partenaires, des concessionnaires, des clients... et 55 journalistes européens, britanniques, turcs, japonais, conviés à vivre l’événement les yeux dans les Bleus, en immersion, au plus près des six pilotes et des deux A424 engagés dans la catégorie reine (Hypercar). Morceaux choisis...
Vendredi: au circuit et en ville, veillée d’armes hyperactive
Le vendredi, au Mans, c’est le jour "off". Comprenez sans roulage. Si la piste reste muette, personne ne ronge son frein. Top départ à 0h05 pour les mécanos qui s’attellent au démontage complet des voitures sitôt achevés les derniers essais libres nocturnes. "Cette tâche dure deux heures, et puis ils reviennent à 7 heures du matin pour assembler châssis, moteur, boîte de vitesses, trains roulants, etc", explique Philippe Sinault, le Team Principal.
"Ici, nous entamons la course avec des autos entièrement neuves dont les principaux organes sont juste rodés. Pour la semaine qui a commencé dimanche dernier (le 8 juin lors de la "journée test", traditionnelle répétition générale sur le tracé routier de 13,626km, ndlr), on dispose d’un parc de pièces plus important que d’habitude: l’équivalent de cinq A424."
La veillée d’armes des pilotes s’avère tout aussi hyperactive, avec deux virages incontournables: la conférence de presse tenue à l’étage de la spacieuse structure d’accueil Alpine surplombant la courbe Dunlop, et la parade en centre-ville négociée à bord de deux cabriolets Dinalpin sexagénaires (1965). Sous une chaleur écrasante, de 16 à 19 heures, la place des Jacobins a encore fait le plein pour encourager ses héros impatients d’en découdre. Vivement demain!
Samedi: embouteillage monstre sur la grille de départ
Pour y accéder, il faut montrer patte blanche en présentant l’indispensable bracelet orange sur lequel le mot magique est écrit en lettres capitales: "GRIDWALK". Samedi, début d’après-midi: alors que la tant attendue mise à feu se profile droit devant, la grille de départ, "the place to be", grouille de monde. Aussi bondée que la Croisette en plein festival de Cannes. Au milieu de l’embouteillage monstre, difficile d’approcher les stars impeccablement garées en épi. L’A424 N°36 du trio Schumacher-Makowiecki-Gounon occupe le 9e rang tandis que sa sœur jumelle (N°35/Chatin-Habsburg-Milesi) se situe un peu plus loin, en 12e position.
Fin de la grande traversée près du podium où l’on aperçoit derrière un cordon de sécurité, entre autres personnalités, Roger Federer, l’illustre Starter des 24 Heures du Mans 2025, et... Luca de Meo. Le directeur général du groupe Renault, grand artisan de la montée en puissance du A fléché en compétition, est présent pour soutenir ses troupes. Personne ne peut imaginer à cet instant que l’annonce de son départ prochain afin de prendre les commandes de Kering, un groupe de luxe appartenant à la famille Pinault, fera l’effet d’une bombe le lendemain soir.
Dimanche: bienvenue au cœur du réacteur!
Le jour du seigneur, à l’heure de la messe, la porte du saint des saints s’ouvre devant nous comme par enchantement. "Bienvenue au cœur du réacteur", lance Mathieu, l’un des trois guides en charge des visites du box Alpine. Des hommes de l’ombre qui, eux aussi, doivent tenir la distance. "Hier (samedi), avec mes camarades, on a enchaîné les groupes sans temps mort de 16h à 2h du mat’. 600 personnes accueillies! Et rebelote aujourd’hui (dimanche) de 8h à 16h". Nous voilà donc installés au fond d’un garage comprenant plus d’écrans télés que n’importe quel magasin d’électroménager.
Avec des oreilles de Mickey vissées sur la tête pour déguster la salade de chiffres servie par notre bienfaiteur. Le saviez-vous? Règlement oblige, pas plus de 54 membres du team peuvent travailler dans le box. La dotation Michelin est fixée à 56 gommes par voiture pour la course. Soit 14 trains de pneus. Et clin d’œil à l’attention des moucherons qui pullulent entre Tertre Rouge, Mulsanne et Arnage: 14 protections de pare-brise détachables (tear-off) ont été empilées avant le départ! Coup de chance, durant notre créneau de 10 minutes chrono, Jules Gounon passe le volant à Mick Schumacher (ci-dessous, en bas). L’occasion d’apprécier un ballet parfaitement synchronisé. Pneus + carburant = 40 secondes.
Contrairement à l’an dernier, où leur baptême du feu avait tourné court avant la tombée de la nuit (voir nos éditions du 14 juin), les deux flèches bleues sont allées au bout de l’aventure. Mais elles n’ont pas performé autant qu’espéré: 10e (N°35) et 11e (N°36) à deux tours de la Ferrari victorieuse. "Il y a une vraie satisfaction d’avoir bien maîtrisé les aspects liés à la fiabilité", conclut Philippe Sinault. "Mais il y a aussi de la déception. En voyant notre cadence sur la fin de course, nous aurions pu viser un top 5 sans de petites erreurs (un accrochage, une sortie de piste et deux pénalités pour vitesse excessive dans la voie des stands). Le moindre détail compte tant les écarts sont infimes. On sait que nous ne sommes pas encore en mesure de jouer la victoire au Mans. C’est un fait. Donc à nous de bosser pour arriver un jour là-haut, tout en haut."
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