"Il va falloir construire notre course", le pilote grassois Théo Pourchaire se livre avant de découvrir les 24 Heures du Mans

Du 11 au 15 juin, Théo Pourchaire plongera pour la première fois dans le grand bain des 24 Heures du Mans à bord d’un prototype LMP2. Un virage que le Grassois veut négocier au mieux.

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Gil Léon Publié le 03/06/2025 à 11:30, mis à jour le 03/06/2025 à 11:30
Théo Pourchaire: "Là-haut, mieux vaut bien gérer ses forces, son énergie. La course est tellement longue..." Photo Jean-Marie Farina

On L’a croisé la semaine dernière. Théo Pourchaire était à Grasse. Chez lui... mais en transit. Tout juste rentré des États-Unis où il venait d’assister aux 500 Miles d’Indianapolis en compagnie d’un certain Simon Pagenaud, le vainqueur de l’édition 2019 - et champion IndyCar en 2016 - qui a intégré récemment son management. Et déjà tourné vers un autre monument du sport auto qu’il va découvrir volant en main. À 21 ans, le champion de Formule 2 (2023) snobé par la F1 vivra du 11 au 15 juin son baptême du feu aux 24 Heures du Mans, où il cravachera l’Oreca 07 N°25 de l’écurie portugaise Algarve Pro Racing. Avec une belle carte à jouer dans les rangs des protos LMP2...

Théo, vous allez découvrir le circuit des 24 Heures du Mans quatre ans après celui du Grand Prix de Monaco. Ressentez-vous le même genre d’excitation?

Je vais disputer pour la première fois cette course. L’une des deux ou trois plus belles du monde. Donc, oui, il y a de l’impatience. L’envie de rouler enfin sur le circuit, après avoir engrangé pas mal de kilomètres au simulateur, est forte. On peut parler d’excitation. Mais ce mot ne doit pas rimer avec pression. Je veux l’aborder comme n’importe quelle autre épreuve. Les 24 Heures du Mans, ça dure presque une semaine et demie (dix jours entre le pesage, ce vendredi, et l’arrivée, le dimanche 15 juin, ndlr). Il faudra rester calme. Avant et après le départ. La course est tellement longue... Mieux vaut bien gérer ses forces, son énergie. À mon avis, il n’y a qu’un moment où l’on peut s’énerver, tout donner: à deux ou trois heures de l’arrivée, si besoin, compte tenu du classement, des écarts. Pas plus tôt.

Doit-on en déduire qu’une telle échéance, vous la préparez comme les autres? Aucune différence?

Si, il y en a, quand même. Parce qu’il s’agit d’un circuit particulier, utilisé une seule fois par an, où je n’ai jamais posé les roues. Cela implique beaucoup de travail en amont afin de combler autant que possible le déficit d’expérience par rapport à tous les pilotes totalisant un certain nombre de participations. Séances de simulateur, études de datas... Moi, en plus, je visionne un max de vidéos pour assimiler les trajectoires, prendre des repères, mémoriser plein de détails. De quoi entrer dans le vif du sujet plus en confiance, une fois sur place.

Le travail accompli ces derniers mois au sein du team Peugeot en tant que pilote d’essais a bien accéléré votre apprentissage de l’endurance, non?

Clairement! Intégrer le programme d’un constructeur engagé en championnat du monde, c’est un atout important. D’autant plus quand vous enchaînez les séances d’essais au volant de la 9X8 comme je l’ai fait, au Castellet et ailleurs. L’Hypercar se situe un gros cran au-dessus du proto LMP2. Il y a plus d’ingénieurs, plus de mécanos. Vous côtoyez des pilotes professionnels. Comparé à la monoplace, ce sont de vrais coéquipiers qui veulent faire gagner la voiture, la marque. Je peux profiter de leur énorme expérience. Il y a de l’entraide. Sans conteste, j’ai déjà beaucoup appris.

Côté course, sur le front de l’European Le Mans Series, que retenez-vous du début de saison à Barcelone et au Castellet?

Je pense qu’avec mes partenaires (le Liechtensteinois Matthias Kaiser et l’Espagnol Lorenzo Fluxa), nous avons affiché d’entrée un niveau de performance correct. De quoi jouer le top 5, voire le top 3. Dommage d’accumuler autant de malchance! On paye cash certains choix stratégiques osés, hélas. Le classement actuel (7e à 36 points des leaders) ne reflète pas notre potentiel réel. La route reste longue. Encore quatre manches. Si l’équipe apprend de ses erreurs, on peut remonter. Viser haut. J’en suis sûr.

Et avant, au Mans, quelle cible lorgnez-vous?

Là-haut, ce ne sera pas un sprint de 4 heures. Inutile de s’affoler d’entrée. Au Mans, il va falloir construire notre course. Ça peut être notre force, je crois. On y va confiant.

Votre objectif, c’est de convertir le coup d’essai en coup de maître comme à Monaco en Formule 2, bien sûr?

Pole et victoire au Mans également? Ah, j’aimerais bien! Réussir la même perf en P2 qu’en F2, ce serait fabuleux. Moi, je signe tout de suite. On verra. L’endurance, c’est un autre monde. Jusqu’au drapeau à damier, tout peut se produire. Même si vous caracolez en tête avec un tour d’avance à deux minutes de la fin, vous n’êtes à l’abri de rien. Il ne faut jamais croire que ça va le faire. Alors on va tâcher de rester focus et zen de bout en bout.

Ouvrons une parenthèse américaine: comment la connexion avec Simon Pagenaud a-t-elle été établie?

Je suis entré en contact avec Simon au printemps 2024, lorsqu’il m’avait apporté son soutien sur les réseaux sociaux pour ma première course d’IndyCar, à Long Beach. Avant d’y participer, je suivais déjà beaucoup ce championnat, et Simon en particulier. Recevoir sa notification sur mon téléphone, ça m’avait fait extrêmement plaisir. Simon est un pilote très polyvalent, passé par Peugeot en endurance d’ailleurs (2e des 24 Heures du Mans 2011 sur une 908, avec Sébastien Bourdais et Pedro Lamy). À mes yeux, il fait figure d’exemple. Voilà pourquoi je suis revenu vers lui récemment dans le but de travailler ensemble. Je sais qu’il pourra m’aider à devenir un meilleur pilote.

Un come-back en IndyCar demeure-t-il envisageable à court ou moyen terme?

Je suis très content de ma situation actuelle. Le projet en cours avec Peugeot, je le trouve très intéressant. Mais en sport auto, quand il n’y a pas de certitude à l’horizon, mieux vaut prévoir plusieurs pistes. Des plans B et C. Je n’ai aucune envie de revivre la mésaventure de l’an dernier. Rester à pied durant huit mois, non merci! Simon connaît une multitude de disciplines, de championnats. Il va me guider.

Allez, revenons au Mans: dans la nuit du samedi 14 au dimanche 15, vous dormirez un peu, beaucoup ou pas du tout?

J’ai hâte de savoir! Lors des 24 Heures du Mans virtuelles (la version sim racing organisée en juin 2020 pendant la crise sanitaire), je n’avais guère fermé l’œil. Donc dormir profondément, on n’y compte pas trop. Mais entre chaque relais, il faudra être capable de se reposer. Ce sera la clé!

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