En 2023, Faith Kipyegon gobe les records du monde aussi vite que des bonbons. Gloutonne, la Kenyane a déjà croqué ceux du 1.500 m et du 5.000 m les 2 et 9 juin derniers. A Florence puis Paris, elle a respectivement rayé des tablettes les Ethiopiennes Genzebe Dibaba et Letesenbet Gidey. Elle a retranché 96 centièmes et 1’’42 à leurs chronos.
Hassan le détient depuis Herculis 2019
Ce vendredi soir, elle va s’attaquer à celui de Mile (1609 m) détenu depuis 2019 par Sifan Hassan. Les 4’12’’33 réalisées par la Néerlandaise à Monaco sont en grand danger. Pour l’aider dans sa quête, Kipyegon pourra compter sur deux lièvres, l’Américaine Kristie Schoffield et l’Ougandaise Winnie Nanyondo. La vitesse moyenne devra être légèrement supérieure à 23km/h. Leur cadence devra coller à la wavelight, ces lumières colorées placées en bord de piste qui permettent aux athlètes de savoir s’ils sont dans les temps.
Hier, les organisateurs du meeting ont exempté la Kenyane de conférence de presse. Elle a pu rester dans sa bulle avant, peut-être, d’entretenir son statut d’icône. S’attarder sur Kipyegon, c’est raconter l’histoire d’une athlète qui a mis sa carrière entre parenthèses en 2017. Elle a fait le choix de se concentrer sur sa vie de famille et a donné naissance à sa fille Alyn en 2018. Elle est revenue sur la piste en 2019 et ce parcours rappelle celui d’une autre étoile, l’Américaine Allyson Felix.
Mère, légende et modèle
La double championne du monde du 1500 m (2017-2022) est devenue une inspiration pour des générations de petites filles. Une athlète peut aussi se révéler en mère accomplie, voilà le message qu’elle souhaite partager. Ce statut de pionnière et la notoriété qu’il incombe ne la dérangent pas. Bien au contraire. "Je dédie mon record à toutes les mères", lançait-elle à Florence. Avant de compléter son propos quelques semaines plus tard. "Je sais ce que les femmes traversent après un congé maternité. Elles pensent que c’est la fin de leur vie. Je veux leur prouver le contraire."
Elle y parvient à merveille.
Avec un troisième record du monde en un mois, elle effacerait aussi le mauvais souvenir qu’elle a gardé de Monaco. Il y a un an, en Principauté, le record du monde du 1500 m lui avait filé entre les doigts pour 30 fichus centièmes. La faute à un deuxième lièvre qui l’abandonnait à 600 m de la ligne. "Je suis tellement déçue d’avoir perdu le record dans les derniers mètres, regrettait-elle alors. Je savais que c’était le meilleur endroit pour le décrocher. Il restera mon objectif. Quand? Nous verrons."
Ce fut à Florence, sur une piste où elle a rayonné. "Pour revenir, il faut beaucoup de force mentale. Il faut être forte et courageuse dans tout ce qu’on fait. Mettre ma carrière de côté n’a pas été facile mais j’ai été bien entourée par des gens qui croyaient en moi."
Ces visionnaires ont vu juste. Kipyegon a une mission: laisser une trace indélébile.
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