Redonner vie aux objets et raconter l’histoire des gens. Dans sa démarche artistique, le Hyérois Nicolas Goletto arpente les rues des villes et traque ce que nous y laissons.
Des trésors abandonnés sur les trottoirs, destinés à la déchetterie. Sa mission: restaurer ses trouvailles tout en laissant apparaître les stigmates de leur histoire. Réparer sans cacher.
Le Varois, désormais installé à Paris, revient cette année sur ses terres pour une nouvelle exposition dans le cadre du Off de la Design Parade. L’an passé, il présentait Causes perdues dans sa maison de famille. Pour cette nouvelle édition, il s’installe au cœur de la cité des Palmiers et occupe la galerie LM Studio pour son exposition Revue(s) et corrigée(s).
Ici, il présente huit chaises trouvées dans la rue, à Paris et même à Porquerolles. Des œuvres majeures du design, dignes des musées, qu’elles aient été dessinées par Starck, Finn Stone, Giancarlo Pieretti ou encore la chaise Panton – exposée au MoMA ou à Pompidou.
Petites et grandes histoires
"Quand je les trouve dans la rue, elles sont cassées, jetées parce qu’il leur manque un pied ou qu’elles sont abîmées au niveau de l’assise… J’opère ensuite ce travail de mise en valeur du passé de l’objet, c’est ce qui m’intéresse. On raconte la grande histoire du design, mais aussi les petites histoires des gens ordinaires à qui ont appartenu ces objets qu’ils finissent par abandonner", détaille l’artiste.
Ainsi, sur la chaise Trieste d’Aldo Jacober, il a repris les centaines de trous qui jonchaient la structure avec de la feuille d’or. Sur la chaise pliante Plia de Giancarlo Pieretti, en plastique et en acier, Nicolas Goletto a repris les fissures avec des agrafes. Pour chaque objet, l’Hyérois a utilisé une technique différente. Et quand il le pouvait, il employait d’autres trouvailles de la rue pour "réparer" les chaises.
Ainsi, pour la chaise Thonet n°18, il a refait le maillage de l’assise avec des pailles en plastique colorées, tressées à leur tour. Même chose pour le tabouret Tam-Tam, rendu iconique par Brigitte Bardot: "Je l’ai repris avec de la ficelle de travaux, celle qu’on utilise notamment pour installer des pavés", explique-t-il. Un mélange de matières et de styles qui permet un voyage dans le temps tout en racontant une histoire. La patte Nicolas Goletto.
Jusqu'au 29 juin 2025. De 11h à 19h à la Galerie LM studio 5 rue du Portalet à Hyères. Entrée libre.
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