"On subit le racisme au quotidien": une grande foule pour la marche blanche à Puget-sur-Argens où s'est produit le crime d'Hichem Miraoui

Une foule de personnes – des amis, de simples citoyens et des élus – s’est réunie à Puget-sur-Argens, en la mémoire d’Hichem Miraoui, tué la semaine dernière.

Article réservé aux abonnés
T.H. Publié le 08/06/2025 à 20:01, mis à jour le 08/06/2025 à 20:13
video
Une foule de personnes – des amis, de simples citoyens et des élus – s’est réunie à Puget-sur-Argens, en la mémoire d’Hichem Miraoui, tué la semaine dernière. Photos Camille Dodet

"Une marche apaisée, dans le respect, mais pas une manifestation…", appelait de ses vœux Majid Ellili, employé municipal pugétois et ami d’Hichem Miraoui, abattu la semaine dernière par son voisin. Des vœux en partie exaucés, car la marche blanche qu’il a co-organisée avec les proches de la victime et la municipalité, dimanche après-midi, s’est déroulée sans incident notoire. Non sans émotion, ni colère.

Rendez-vous était donné à 15 heures, devant le salon de coiffure où exerçait Hichem Miraoui, rue du Général de Gaulle. Malgré la chaleur, plus de 1.500 personnes ont pris place dans le cœur de ville, en silence, le visage fermé. Parmi la foule: des amis proches, des familles issues de Puget-sur-Argens ou d’ailleurs, une nuée de micros et de caméras ainsi que de nombreux élus (lire ci-après). "C’est un moment de recueillement exclusivement" prévient Paul Boudoube, le maire de Puget-sur-Argens.

Mais les langues se délient avant même le départ du cortège vers l’hôtel de Ville. L’émotion fait place à la colère, retenue tant bien que mal. Une dame interpelle l’organisateur: "C’est un crime raciste! Pourquoi le Président Macron ferme les yeux?".

Majid Ellili la tempère: "Que justice soit faite. On ne répond pas à la violence par la violence. Ce n’est pas une tribune politique, que les élus restent à leur place, à l’arrière de la marche".

"Arrêtez de vous éparpiller sur l’immigration!"

En marge du petit attroupement généré par les interviews des médias locaux et nationaux, Hichem, qui a le même prénom que la victime, respire un grand coup avant de se montrer incisif dans sa prise de parole: "Cette marche va-t-elle vraiment changer les choses? C’est bien beau de dire stop au racisme, mais moi j’ai peur, peur pour mes trois enfants. Certains, en France, appellent à la haine. Et nous, musulmans, on subit le racisme au quotidien. Hichem n’a jamais rien fait de mal, c’est juste une personne qui a traversé la mer pour venir travailler. On est des humains. A-t-on des humains face à nous? Un jour, ça finira par éclater, ça va finir en guerre civile".

Sur la banderole déployée en tête de cortège, un message simple et émouvant: ‘‘Repose en paix Hichem, un enfant au grand cœur adopté par le village’’. La marche est lente et silencieuse. Arrivé sur le parvis de la mairie, boulevard Cavalier, après une Marseillaise improvisée, Majid Ellili prend une dernière fois la parole en envoyant un message à l’endroit de la classe politique et de certains médias: "Arrêtez de vous éparpiller sur l’immigration, les musulmans, les juifs! Il y a des hôpitaux qui n’ont plus de personnel, des écoles qui sont en souffrance, revenons sur nos bases!"

Élus… mais aussi citoyens

Le maire de Puget-sur-Argens, bien entendu, mais pas seulement... De nombreux élus ont participé à la marche blanche qui se voulait "sans aucune récupération politique". Et il n’y a pas eu de discours politiques.

Sollicité pour expliquer sa présence, Manuel Bompard, député La France Insoumise (LFI) – qui était notamment accompagné par son homologue Sébastien Delogu – n’a pas souhaité s’exprimer. "Allez voir la famille" a-t-il sobrement rétorqué.

En plus de quelques élus RN de l’agglomération, la députée de la 5e circonscription, Julie Lechanteux, était bien présente. "Je suis ici en tant que citoyenne mais je ne peux pas enlever le fait que je sois la députée de ce territoire. Je ne suis pas là pour faire de la récupération".

Présente, également "en tant que citoyenne", Catherine Aubry, co-animatrice des Insoumis de l’Est-Var, avait indiqué dans un précédent communiqué concernant "cet acte barbare, qu’il ne s’agit pas de folie mais d’un racisme assumé et revendiqué. Ce sinistre individu, proche du RN, en appelait aux meurtres d’étrangers sur les réseaux sociaux. Il règne, ici dans le Var et jusque dans les cabinets ministériels, une atmosphère délétère qui donne des ailes aux racistes “bas du front" pour qui tout délire criminel devient permis ».

Des mots ont été déposés devant le salon de coiffure qui employait Hichem Miraoui.

“Rhôooooooooo!”

Vous utilisez un AdBlock?! :)

Vous pouvez le désactiver pour soutenir la rédaction du groupe Nice-Matin qui travaille tous les jours pour vous délivrer une information de qualité et vous raconter l'actualité de la Côte d'Azur

Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.

Si vous souhaitez conserver votre Adblock vous pouvez regarder une seule publicité vidéo afin de débloquer l'accès au site lors de votre session

Monaco-Matin

Un cookie pour nous soutenir

Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.

Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.

Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.