"Quand on voit les gens en extase, on se rend compte qu’on est à notre place": le plus vieux côtre-pilote à découvrir ce samedi sur les eaux de Monaco
Depuis mercredi et jusqu’à ce samedi, le Yacht-club est un lieu de mémoire. Le Madcap est de ces bateaux qui marquent l’histoire du patrimoine maritime navigant.
Article réservé aux abonnés
Sacha TisicPublié le 13/09/2025 à 06:30, mis à jour le 13/09/2025 à 08:41
Le Madcap suscite l’engouement des visiteurs de la Monaco Classic Week.
Photos S.T.
Dans le sillage du ketch Wiki que nous vous avons fait découvrir dans notre édition du vendredi 12 septembre, certaines unités amarrées sur les rives du yacht-club de Monaco relèvent de l’exceptionnel. Au sens premier du terme. Surtout pour les fins connaisseurs qui, au détour de la Monaco Classic Week, peuvent découvrir les récits passionnants de certains voiliers, motor-yachts ou autre Dinghy 12’.
De Cardiff à Canet-en-Roussillon
Le Madcap fait partie de cette confrérie. Celle des navires qui ont une histoire singulière à raconter. Outre le fait qu’il participera ponctuellement à l’expédition de "Help save the Med" [notre édition du 12 septembre], il est "l’ancêtre de tous les côtre-pilotes. Le seul en état de naviguer et en activité. C’est un véritable représentant du patrimoine mondial de la voile", indique fièrement Thierry Rousselet, propriétaire du navire.
Construit en 1874 à Cardiff, ce côtre-pilote "était conçu pour naviguer dans les conditions exigeantes du canal de Bristol, réputé pour ses marées puissantes et ses courants forts. Sa surface de voile atteint 116m². Sa structure repose sur une quille et des bordés en orme, une charpente transversale en chêne, ainsi que des hauts et un pont en pin d’Oregon". Sa mission était "de transporter rapidement des pilotes maritimes locaux vers et depuis les grandes unités pour assister les capitaines, leur faciliter et sécuriser leur navigation dans les ports".
Après plusieurs décennies de bons et loyaux service, le navire est converti en navire de plaisance et sera par la suite restauré plusieurs fois, ce qui le conduira à remporter certaines distinctions. En 1996, il est intégré à la "National Historic Fleet" au Royaume-Uni, une récompense réservée aux voiliers britanniques d’exception. En 1998, il obtient le prix du plus beau bateau du siècle dernier lors des fêtes de Douarnenez. Enfin, en 2015, il est classé Monument Historique en France. Installé à Canet-en-Roussillon dans les Pyrénées-Orientales depuis 2022 – après l’acquisition de celui-ci par ses nouveaux propriétaires – le Madcap participe à de nombreuses régates pour faire connaître son histoire.
Une vocation sociale
"C’est la première fois qu’on participe à la Monaco Classic Week. Nous n’étions pas sûrs d’avoir notre place ici. On a un vieux bateau de travail. Et quand on voit les navires qui nous entourent... on se dit qu’il y a quand même un décalage. Mais quand on voit les gens en extase devant notre bateau, on se rend compte finalement qu’on est à notre place", assure Christian Hurreau, président et fondateur de l’association Madcap 1874, qui a pour but de faire découvrir l’histoire du côtre-pilote au grand public. En organisant notamment des visites et sorties en mer...
"Avec l’association, nous faisons naviguer des gens qui n’ont pas forcément accès à ce genre de manifestation. Il y a deux mois, nous avons accueilli des militaires atteints de syndromes post-traumatiques. On constate que les personnes ne sont plus les mêmes après avoir visité le navire. L’idée du Madcap, c’est aussi de faire tomber certaines barrières et d’en faire un espace de mixité sociale", déroule Thierry Rousselet.
La Monaco Classic Week se déroule jusqu’à ce samedi 13 septembre. Une dernière occasion pour découvrir cette vieille dame de la navigation.
Rex II : une machine à gagner
A l’instar Du Madcap, le canot automobile Rex II a bien des choses à raconter... Celui qui en parle le mieux, c’est son heureux propriétaire, Jean-Yves Brun.
"C’est le premier bateau de Frantz Liuzzi. Le Christian Dior du bateau. Conçu en 1949 dans son chantier naval de Neuilly-sur-Seine. Ce bateau a remporté tout un tas de records du monde de vitesse, pour se faire connaître. Il pouvait monter à 100km/h. Son moteur a d’ailleurs été développé par d’anciens ingénieurs de chez Ferrari. À tel point que toutes les célébrités voulaient ensuite un bateau Liuzzi", poursuit-il. Quelques années après, c’est Charles Van Praet – personnalité havraise – qui en fait l’acquisition.
"Il a gagné le meeting de Monaco en 1956 avec ce bateau. Devant le prince Rainier qui l’a ensuite invité à son mariage avec Grace Kelly. Ce premier avait par ailleurs lui aussi un Liuzzi." Un an plus tard, toujours à bord de son Liuzzi, Charles Van Praet remporte les championnats d’Europe en Principauté. En 1958, la tuile. "Le canot subit une avarie en compétition à Cannes", indique Jean-Yves Brun. Après plusieurs années à prendre la poussière au Havre, Jean-Georges Van Praet – fils de Charles Van Praet – décide de restaurer le navire et de l’offrir à son père. Et après plusieurs années dans une collection privée, c’est Jean-Yves Brun qui en fait l’acquisition via une vente aux enchères. Un heureux évènement qu’il aborde avec pudeur. "Je suis simplement un passeur de mémoire", déclare-t-il. Car pour lui, la vedette, ce n’est pas lui, mais son canot...
Le Rex II peut atteindre les 100km / h.
commentaires
ads check
“Rhôooooooooo!”
Vous utilisez un AdBlock?! :)
Vous pouvez le désactiver pour soutenir la rédaction du groupe
Nice-Matin qui travaille tous les jours pour vous délivrer une
information de qualité et vous raconter l'actualité de la Côte d'Azur
Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires
ressentis comme intrusifs.
Si vous souhaitez conserver votre Adblock vous pouvez regarder une seule publicité vidéo
afin de débloquer l'accès au site lors de votre session
Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.
Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.
Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.
commentaires