Souffrant depuis de longs mois, Aldo Gruarin laisse derrière lui une montagne de souvenirs. Car s’il naît dans la région de Venise en février 1938 et arrive en France après la guerre du côté de la Haute-Garonne, Aldo (Arnaldo à l’origine, mais il se faisait appeler Aldo pour ne pas avoir le même prénom que le frère cadet de Benito Mussolini) est de ceux qui a gagné la nationalité toulonnaise au gré des années.
26 sélections avec le XV de France
Arrivé sur la rade en 1961 "pour les vacances d’abord", Aldo Gruarin n’a plus jamais quitté le Var. Et alors qu’un ami glisse son nom aux dirigeants toulonnais, ces derniers lui proposent de rejoindre le RCT en 1962. Idée lumineuse, puisqu’Aldo se fait rapidement la réputation d’être un pilier droit "robuste mais pas un méchant, plutôt un joueur élégant, avec de belles mains".
Aldo Gruarin évoluera alors en équipe une de 1962 jusqu’au terme de sa carrière, en 1974. Finales de première division (1968 et 1971), vainqueur du Challenge Yves du Manoir (1970), "Nounours" comme le surnommait ses amis, connaîtra tout avec Toulon. Mais également avec le XV de France, dont il portera 26 fois le maillot entre 1964 et 1968, remportant notamment le Tournoi des Cinq nations en 1967 et le Grand Chelem en 1968.
L’institution "Gruarin Sport"
"Plus Toulonnais que beaucoup de Toulonnais", Aldo Gruarin restera finalement dans la préfecture varoise une fois sa carrière terminée. Et si l’éphémère "Aldo beach", un solarium du Mourillon lancé au milieu des années 60 ne laissera pas un souvenir impérissable, "Gruarin Sport" qu’il lança avec "Jeannette" (Jeanne-Marie Castigni, sa femme) en 1964 marquera la ville.
49 années durant (jusqu’à son rachat par La Poste, en 2013) ce magasin de sport situé sur la place Louis-Blanc, en bas du Cours Lafayette, s’imposera comme une véritable institution du centre ville, même s’il connaîtra quelques démêles avec la justice au début des années 2000 (une condamnation à 2 ans avec sursis pour des chefs de violences aggravées dans deux dossiers distincts).
Père de deux fils (Eric et Jean-Louis, demi d’ouverture du RCT champion de France en 1992) Aldo Gruarin laissera donc le souvenir d’un joueur racé, adepte du demi-tour contact, mais surtout d’un homme d’une rare intelligence, affable et cultivé. "Un mec bien, tout simplement".
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