Certains habitués de l'handiplage de Roquebrune-Cap-Martin sont désormais interdits d'accès, la mairie s'explique

Une poignée de personnes en situation de handicap, habituées du site handiplage de la ville, n’ont plus l’autorisation d’y réserver un créneau. La mairie évoque des comportements irrespectueux.

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Thomas Ribaud (tribaud@nicematin.fr) Publié le 11/07/2025 à 15:30, mis à jour le 11/07/2025 à 15:30
Le site de baignade de Roquebrune bénéficie du label "Handiplage Bouée 4". Photo Cyril Dodergny

Victor a 11 ans. Il est handicapé physique et mental depuis sa naissance. "Son très lourd handicap ne lui permet pas d’avoir la moindre autonomie", explique sa maman, Céline Kikano. Habituée du site handiplage de Roquebrune-Cap-Martin depuis cinq ans, la quinquagénaire comptait bien y emmener Victor cet été. "Dès le 23 juin, j’ai tenté de m’inscrire à des créneaux. On m’a répondu que je n’étais pas habitante de la ville, et donc que ça ne serait pas possible." En effet, Céline et son fils habitent à Menton, à quelques kilomètres du site handiplage roquebrunois.

La mairie a également affirmé que la maman n’avait pas respecté les règles du site, l’année dernière. "La directrice du CCAS m’a dit que j’avais refusé l’aide des handiplagistes, au moment de mettre mon enfant à l’eau. Je porte Victor simplement parce qu’il ne comprend pas le fonctionnement du Tiralo®… Je n’ai jamais manqué de respect à qui que ce soit!"

"C’est à cause de la pétition de l’année dernière"

Pourquoi Céline ne se rend-elle pas, avec son fils, au site handiplage de Menton, ouvert de 9h à 13h? "C’est plus loin de chez moi, et Victor aime aller à la plage à 16h et non pas le matin." La Roquebrunoise de naissance dénonce une forme de malhonnêteté dans les arguments avancés pour justifier son éviction: "Je respecte le fait que la priorité soit donnée aux habitants de la ville. Mais une priorité accordée aux uns ne vaut pas interdiction totale aux autres! Ce ne sont que des fausses excuses", estime-t-elle. Car la raison profonde de ce refus catégorique de la part de la mairie de Roquebrune-Cap-Martin, Céline est persuadée de la connaître. "C’est à cause de la pétition de l’année dernière."

En effet, au cours de l’été 2024, un petit groupe de bénéficiaires du site handiplage a vivement protesté contre les méthodes d’une des handiplagistes saisonnières. Céline faisait partie du groupe, au même titre qu’Ileana D’Angelo. L’Italienne dispose d’une résidence secondaire à la frontière entre Menton et Roquebrune-Cap-Martin, et se rend au site handiplage depuis plusieurs années, pour y offrir une baignade à sa maman. Âgée de 94 ans, cette dernière ne se déplace qu’en fauteuil roulant. "Avant, le site handiplage roquebrunois était super! On y riait et y chantait."

Sauf que l’année dernière, Ileana a été fort mécontente des méthodes de la même handiplagiste. Elle a donc signé la pétition, et sa maman se retrouve désormais interdite d’inscription. Ileana est elle aussi persuadée de payer ses protestations de l’été 2024. "Je suis donc obligée d’amener ma mère au site handiplage de Menton. Les gens y sont très gentils, mais ça m’oblige à faire 7 kilomètres aller-retour, à pied, en poussant ma maman face au soleil."

Nicole Pouget aimerait elle aussi profiter du site pour son mari, âgé de 84 ans. Mais l’accès lui est également refusé, au même titre qu’à la maman de Matteo. Âgé de 57 ans, ce dernier ne se déplace qu’en fauteuil roulant à cause de sa jambe raide. Nicole Pouget et la maman de Matteo ont tous deux signé la fameuse pétition, l’été dernier.

"Le label Handiplage Bouée 4 témoigne de la rigueur du dispositif"

Du côté de la mairie de Roquebrune, on rappelle qu’un règlement strict a été mis en place. "Pour éviter les difficultés rencontrées l’an passé, où les Roquebrunois ne parvenaient plus à réserver de créneaux, le règlement a été revu en collaboration avec l’Association nationale Handiplage. Celle-ci a validé le principe de donner la priorité aux habitants de Roquebrune-Cap-Martin", répond la municipalité. "L’accès libre et autonome au site sans accompagnement par un membre de l’équipe Handiplage n’est pas autorisé. L’an dernier, malgré plusieurs sollicitations, certaines personnes n’ont pas respecté ces règles ni les consignes définies par l’arrêté. Cela met les équipes en difficulté, d’autant que la fréquentation est dense."

La mairie tient par ailleurs à rappeler que la commune dispose d’un autre accès mer PMR, situé au niveau du restaurant le Fanal.

"Enfin, il est important de souligner le travail remarquable des équipes handiplage, qui œuvrent quotidiennement avec bienveillance et professionnalisme pour faciliter la baignade des personnes en situation de handicap. L’obtention du label Handiplage Bouée 4 témoigne du sérieux, de la qualité du matériel mis à disposition et de la rigueur du dispositif", souligne la mairie de Roquebrune-Cap-Martin.

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