Ce sont les travailleurs de l'ombre... Entrez dans les coulisses du Palais des Festivals à Cannes
L’activité n’a jamais vraiment cessé au Palais durant la crise, mais rebouillonne avec le Festival de Cannes. Rencontre avec six chevilles ouvrières qui confient l’évolution de leurs missions.
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Gaëlle AramaPublié le 03/07/2021 à 08:30, mis à jour le 03/07/2021 à 08:30
Hamed Oualdi, 48 ans, chef du studio multimédia... et scénariste de la destination Cannes.Photo Patrice Lapoirie
Tout le monde connaît le Palais des Festivals, son grand auditorium, ses marches mythiques, ses grands congrès.
Mais qui sont ceux qui font tourner en coulisses cette machine gigantesque à la fois salle de spectacle, outil de promotion touristique et temple du tourisme d’affaires international?
Alors que le bâtiment est resté fermé de longs mois durant la crise, d’espoirs de reprise en reconfinements, nombre de ses salariés de l’ombre, - du moins ceux qui ne sont pas dans l’opérationnel -, ont poursuivi leurs missions.
Le SEMEC, qui a perdu 75% de son chiffre d’affaires en 2020, a bénéficié d’aides de l’Etat, de la mairie de Cannes et d’un Plan Garanti par l’Etat.
Son effectif moyen est passé de 267 CDD et CDI avant la crise à 220 après. Soit 47 postes en moins. Pas de licenciement mais une diminution de CDD, des départs à la retraite non remplacés et une réorganisation des services.
Le Palais, c’est aussi un staff très stable avec peu de turn over et des carrières longues. C’est aussi et surtout une culture d’entreprise forte, une grande famille aux mille métiers.
À la veille du Festival de Cannes, qui va prendre ses quartiers le 6 juillet, six salariés racontent leur retour au travail et se confient sur l’évolution de leurs missions.
Hamed Oualdi, 48 ans
Seule au monde. Amis pour la vie. The Masques. Very good trip.
Ces amusants titres de films détournés pour accompagner des clichés de promotion de la destination Cannes, au fronton du Palais, c’est le fruit du brainstorming de son équipe pour cibler les vacanciers cet été.
La com’, Hamed Oualdi, 48 ans, est tombé dedans il y a 20 ans. Entré en 2001 au Palais comme infographiste pour les guides touristiques en papier, ce Niçois s’est adapté aux évolutions technologiques.
Depuis quatre ans, il est chef de studio multimédia. Et nage comme un poisson dans l’univers stimulant des réseaux sociaux. Notamment sur YouTube où il anime la chaîne "cannesisyours".
Un scénariste de la destination Cannes qui sait surfer sur les styles et les tendances. La crise? "On ne s’est pas arrêté, sourit ce passionné, amoureux de Cannes, guère adepte du télétravail. C’était important pour nous de dire que le cœur de Cannes continuait à battre".
Important aussi de communiquer sur la sûreté sanitaire ou la digitalisation des événements. "Il fallait se préparer à des besoins nouveaux. J’étais même curieux de voir comment on allait vendre Cannes. On ne s’ennuie pas!" lâche ce fan de cinéma et de musique, persuadé que les congrès en présentiel ont toujours de l’avenir.
"On ne signe pas des contrats en visio. Je suis persuadé que les gens auront toujours besoin de créer des relations de confiance. Il y aura une nouvelle génération de congrès". Prochain visuel pour le Festival: Et Dieu créa la palme!
Eurielle Desevedavy, 44 ans
Eurielle Desevedavy, 44 ans, adjointe de la directrice de l’événementiel...et chantre du spectacle vivant.Photo Patrice Lapoirie .
Résumer cette année pour Eurielle Desevedavy? Faire. Défaire. Refaire. Et redéfaire. Pour autant, pas de quoi décourager l’adjointe de Sophie Dupont, directrice de l’événementiel.
Avec la gestion des annulations, des reports, des jauges, des distanciations, des protocoles sanitaires, des remboursements, il a fallu jongler. Et s’adapter. "On a gardé le lien avec le public".
Un réel crève-cœur pour ce chantre du spectacle vivant de ne plus voir les rideaux se lever. "J’ai pu assister au premier spectacle de reprise en mai du chorégraphe Prejlocaj. On a senti l’émotion des artistes, très émus de pouvoir à nouveau se produire et celle du public. Dans une salle, on est confronté à d’autres imaginaires, d’autres cultures. On avait besoin de se retrouver" glisse celle qui assure la coordination du Festival de danse de Cannes.
L’événement biennal qui a eu lieu en 2019 a échappé à la pandémie. Et retrouvera ses publics du 27 novembre au 12 décembre dans huit lieux différents. Et Eurielle de retrouver le sourire...
Charlotte Limousin, 33 ans
Charlotte Limousin, 33 ans, régisseur... et magicienne au cœur des métamorphoses du Palais.Photo Patrice Lapoirie.
Charlotte Limousin est régisseur au Palais depuis 2012. Ni régisseuse, ni régisseure.
À 33 ans, cette dynamique jeune femme, originaire de Loire-Atlantique, connaît les méandres du mastodonte comme sa poche. Elle est l’interface entre les organisateurs d’événement et les différents services techniques.
"J’aime voir les coulisses de la préparation des évènements. Au Palais, c’est un travail collectif. C’est une grande famille qui transmet son savoir. C’est d’une grande richesse".
Les confinements? "Étrange de se retrouverchez soi à des périodes habituellement intenses". Plans à la main, Charlotte orchestre le montage du Festival! "Il faut transformer 17 auditoriums en salle de projection avec fauteuils, cabines, créer des bureaux pour les organisateurs, le marché du film...".
Entre anxiété et enthousiasme. "D’habitude, on prépare doucement depuis janvier. Cette fois, cela sera très concentré".
Défi relevé!
José Will, 59 ans
José Will, 59 ans, grand manitou du montage d’événements... et du tapis rouge.Photo Patrice Lapoirie.
C’est le grand manitou de la mise en beauté du Palais et du montage structurel des événements. José Will, natif de Marseille, fan de foot, bosse au Palais depuis 1986, soit 35 ans!
C’est la mémoire vivante de la coulisse événementielle. Ce rigoureux, à la tête d’une équipe de 9 personnes, note tout sur son cahier de bord. "La bible " sourit-il.
Le chef du département expo était impatient de reprendre après des mois de chômage partiel. "J’avais envie de revoir mon équipe. J’avais l’impression de ne pas mériter mon salaire" glisse cet hyperactif qui se consacre aux préparatifs du Festival.
Dans les entrailles du bâtiment, des dizaines de rouleaux de moquette de toutes les couleurs. Dont le fameux tapis rouge, qui vient d’Italie et ornera les 24 célèbres marches. La pose, c’est lui!
"Cette année, un seul tapis par jour posé à 17h, contre deux ou trois par jour par le passé. Un choix du Festival pour des raisons écologiques". Grand moment qui fait palpiter son cœur: la pose de la bâche de l’affiche sur la casquette. Ce sera le dimanche 4 juillet au matin...
Karine Laurent, 52 ans
Karine Laurent, 52 ans, trésorière... devenue économe.Photo Patrice Lapoirie.
Les cordons de la bourse du Palais n’ont aucun secret pour elle. Karine Laurent, 52 ans, est responsable du service trésorerie. "Le Palais et moi, c’est une histoire d’amour qui dure depuis 30 ans" aime à dire cette Cannoise dans un sourire.
Rentrée pour un remplacement de quelques mois, elle est restée "par choix ". A connu une demi-douzaine de directeurs. Connaît tous les employés. " On a des relations très fortes. Ici, c’est une deuxième maison".
La pandémie? Dure période. "Très dur de voir la ville morte. Moralement, c’était en dents de scie. Avec la crainte des licenciements. Je pensais aussi aux 13.000 personnes que fait travailler le Palais. Certains ne se sont pas relevés...".
Avec les conséquences sur les finances que l’on sait. Un chiffre d’affaires de 45 Me en 2019 qui a chuté de 75% à 9 Me. À Karine Laurent et au service financier de s’atteler au plan d’économies...
Charlotte Cejudo, 35 ans
Charlotte Cejudo, 35 ans, à la direction du tourisme et... nouvelle voyageuse immobile.Photo Patrice Lapoirie.
Faire venir un maximum de touristes à Cannes toute l’année. C’est la mission de Charlotte Cejudo, 35 ans, depuis 2008.
Ses interlocuteurs? les pros du tourisme, organisateurs de voyages et compagnies aériennes. Mais la covid a fait voler en éclat son quotidien professionnel.
"Avant, on participait à beaucoup de salons à l’étranger sur des marchés variés, aux États-Unis, en Russie, en Chine. À raison d’un voyage par mois. Notre métier s’est transformé". Fini les avions. Le virtuel s’est imposé. Mais jamais, Charlotte Cejudo ne s’est arrêté de travailler, malgré la crise.
"J’ai participé à 18 événements virtuels depuis septembre 2020, j’ai pu rencontrer 500 clients de 30 pays. Au début, on est enthousiastes, mais il y a aussi une certaine saturation. Pour des logiques de développement durable, on ne repartira jamais au rythme d’avant. A l’avenir, il y aura des formats plutôt hybrides" mise la jeune femme qui a travaillé sur le plan de relance de la destination, en ciblant la clientèle française.
Et montrer que Cannes n’incarne pas seulement les paillettes. "Qu’on peut faire du kayak aux îles, de la marche nordique dans la Croix des Gardes, qu’il y a des greaters, cannois volontaires pour faire découvrir leur Cannes".
Ses pronostics de fréquentation pour la saison? "Bonne, avec beaucoup de last minute, et de la clientèle européenne".
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